Aveyron : l’espoir des éleveurs sur une possible évolution du plan loup

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  • En juillet, une vingtaine d’éleveurs du Larzac avait échangé avec la sous-préfète sur les attaques de loups.
    En juillet, une vingtaine d’éleveurs du Larzac avait échangé avec la sous-préfète sur les attaques de loups.
  • Mélanie Brunet,présidente de Cercle 12. Mélanie Brunet,présidente de Cercle 12.
    Mélanie Brunet,présidente de Cercle 12.
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Frédéric Mayet

Mélanie Brunet, éleveuse à Sévérac-d’Aveyron et présidente de Cercle 12, veut croire à des signes encourageants après les déclarations de la Commission européenne.

Un éclair dans le ciel des éleveurs sud aveyronnais de brebis. Voilà comment ont été appréhendées les toutes récentes déclarations médiatiques – lundi 4 septembre – d’Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne, sur la question des meutes de loups qualifiées de "réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l’homme".

"Un signe fort"

"Nous sommes contents, c’est un signe fort." Mélanie Brunet, éleveuse à Sévérac-d’Aveyron, présidente du Cercle 12 qui milite pour une régulation de la population des loups dans l’Aveyron, bien sûr, mais également dans les départements voisins (Hérault, Lozère et Gard), voit dans ces mots l’espoir. Celui "d’une réaction du ministre de l’agriculture qui doit, prochainement, revoir le plan national loup".

Vers un changement du plan loup ?

Un plan dont la signature a déjà été plusieurs fois reportée. Encore tout dernièrement, du 4 au 18 septembre. "On espère que Marc Fesneau, ministre de l’agriculture, très prudent sur la question de la régulation des loups, pourra agir." Même si Mélanie Brunet n’oublie pas l’autre ministre lié au dossier, Christophe Béchu, en charge de la transition écologique. "Je pense que les déclarations de Madame Von Der Leyen vont entraîner l’annonce de mesures fortes. Que le plan loup change et ne soit plus uniquement un accompagnement de l’accroissement du nombre de bêtes."

Recensement lancé

En attendant l’action gouvernementale, la Commission vient de lancer un recensement de données des loups dans l’ensemble de l’Union européenne. L’objectif ? "Actualiser leurs nombres et les attaques." Scientifiques, communautés locales comme associations peuvent soumettre ces informations jusqu’au 22 septembre. L’instance européenne se prononcera, ensuite, sur le statut du loup en fonction des données collectées.

"Cela fait des années qu’on demande ce changement de statut", insiste Mélanie Brunet. "Notre association Cercle 12 comme tous les gens de terrain." Et de rappeler l’organisation, en novembre dernier, d’un rassemblement européen à Saint-Jean-de-Bournay, petite commune iséroise. "Le premier adjoint de la commune est membre de notre collectif, pâturage et biodiversité." Pas moins de douze pays étaient représentés. "Il y avait notamment l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Royaume-Uni, la Slovénie, la Tchéquie, l’Autriche, la Norvège et la Suisse. Les problèmes sont, plus ou moins, les mêmes partout."

Le Cercle 12 va faire des propositions

Un rassemblement qui avait donné lieu à la rédaction d’une motion commune envoyée à… Ursula Von Der Leyen. "La Suisse et l’Autriche ont déjà demandé, lors de la réunion annuelle du comité de la convention de Berne, la révision du statut du loup. Cela avait été refusé." La prochaine réunion de ce comité européen est prévue en novembre à Strasbourg.

Avant cela, Cercle 12 va saisir la proposition de la présidente de Commission européenne de faire remonter, par courriel d’ici au 22 septembre, propositions et demandes. La convention européenne de Berne, adoptée en 1979, vise à promouvoir la coopération entre les États signataires. Le but : assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages, leurs habitats naturels et protéger les espèces migratrices menacées d’extinction.

Selon les derniers chiffres de l’Office français de la biodiversité, établissement public chapeauté conjointement par les ministères de la transition écologique et de l’agriculture, il y aurait 1 104 loups sur le territoire national. Soit près de 200 bêtes supplémentaires par rapport aux dernières estimations. Ce chiffre de 1 104 loups est en légère hausse par rapport à celui de l’an passé (1 096). À l’issue de l’hiver 2017-2018, la population était estimée à 430.

À la mi-janvier, en réponse à la demande d’abaissement du niveau de protection des loups, Mélanie Brunet, présidente de Cercle 12 (collectif pâturage et biodiversité) avait reçu un courrier de Bruxelles. Plus précisément de la direction générale environnement de la Commission européenne.

Il était d’abord écrit que "le loup est une espèce indigène de la faune européenne et fait partie intégrante de notre biodiversité et de notre patrimoine naturel, jouant un rôle écologique important dans les écosystèmes".

En découle une législation européenne politique, environnementale qui vise "au rétablissement et au maintien de cette espèce, ainsi que des autres espèces d’intérêt communautaire, dans un état de conservation favorable". Néanmoins l’Europe dit "l’objectif d’assurer à la fois le maintien de systèmes d’élevage durables et la reconstitution des populations de loups, qui jouent tous les deux un rôle important pour la conservation des écosystèmes européens".

Avec, phrase importante, la notion que, toujours selon la Commission "les deux aspects ne sont pas incompatibles." Mais elle reconnaît "que le retour des loups dans des régions de l’Union où ils sont absents depuis longtemps peut entraîner des défis et des conflits. Toutefois dans les zones où des pratiques appropriées de gestion du bétail ont été établies, nous constatons moins de dommages, de problèmes et de conflits".

Avec la promesse (déjà !) "d’une analyse approfondie de toutes les données scientifiques et techniques disponibles, ainsi que de toutes les autres circonstances pertinentes, afin d’évaluer si des mesures supplémentaires sont nécessaires".

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