Attentat de Trèbes. "Dans l'esprit du terroriste, je n'étais plus qu'un pantin" : le bouleversant témoignage de Julie, l'otage sauvé par le gendarme Arnaud Beltrame
Julie, la caissière du Super U de Trèbes dans l'Aude, témoigne pour la première fois depuis que le gendarme Arnaud Beltrame, érigé au rang de héros, lui a sauvé la vie en prenant sa place d'otage le 23 mars 2018.
"C'était un homme d'exception". Pour la première fois depuis près de six ans, Julie, brise le silence pour la première fois et livre devant les caméras de TF1, un émouvant témoignage sur l'homme qui, en 2018, lui a sauvé la vie.
Cet homme s'appelle Arnaud Beltrame. Ce lieutenant-colonel de la gendarmerie, alors âgé de 44 ans, tué par l'assaillant Radouane Lakdim, lors des attentats de Trèbes et de Carcassonne.
Ce 23 mars 2018
Nous sommes le 23 mars 2018, dans l'Aude. Ce jour-là, comme tous les autres, Julie, 40 ans, a pris son poste au Super U dans la petite commune de Trèbes où elle travaille depuis dix-huit mois. Elle est caissière et se trouve à l'accueil du supermarché. La jeune femme ne s'imagine pas que sa vie comme celle d'autres personnes, va basculer dans l'horreur.
"J'ai vu quelqu'un qui tirait en l'air"
Elle raconte, bouleversée. "J'ai entendu crier Allah Akbar et j'ai vu quelqu'un qui tirait en l'air", évoque Julie qui a le réflexe de se cacher. "Je me suis immédiatement baissée mais il est rentré dans le bureau tout de suite. Il m'a dit : "C'est bon, j'ai mon otage, allez sors de là, je ne te ferais pas de mal."
Le périple meurtrier de l'assaillant
L'assaillant a déjà abattu trois personnes dans son périple meurtrier. La première victime s'appelle Jean Mazières, un vigneron à la retraite âgé de 60 ans qu'il tue sur la route de Carcassonne pour lui volet sa voiture. Sur son chemin, il blesse grièvement un gendarme en train de faire son footing.
Puis, arrive au Super U de Trèbes. Là, il abat froidement Christian Medvès, 50 ans, le boucher puis un client, Hervé Sosna, 65 ans, un maçon à la retraite.
"Je sentais le canon de l'arme trembler sur mon crâne"
Julie devient le bouclier humain de Radouane Lakdim qui lui pointe un pistolet sur la tempe, un couteau sur la poitrine. "Je sentais le canon de l'arme trembler sur mon crâne", détaille Julie, la voix tremblante.
"Je sentais aussi que dans l'esprit du terroriste, je n'existais plus, je n'étais plus qu'une espèce de pantin". Julie va alors s'adresser au terroriste. "Attention, tu trembles, ne me tues pas sans faire exprès (...) oui, je pensais vraiment mourir ce jour-là..."
Jusqu’à ce qu'entre, soudainement, dans le magasin, le plus haut gradé de la gendarmerie. Il s'appelle Arnaud Beltrame et, est lieutenant-colonel de la gendarmerie. Tout va basculer car le gendarme va prendre la place de Julie en tant qu'otage. "J'ai entendu une voix sur ma gauche". Un vrai échange s'amorce entre Arnaud Beltrame et l'assaillant.
"Prends-moi à la place de la petite dame"
"Il choisit bien ses mots et répète de diverses manières. Prends-moi à la place de la petite dame qui n'y est pour rien, moi je représente l'Etat, on va discuter".
Le militaire dépose alors son arme de service au sol et s'avance en direction de Radouane Lakdim et Julie. Le lieutenant-colonel prend alors sa place. C'est la première et dernière fois que Julie croisera le regard de l'homme qui lui a sauvé la vie. Arnaud Beltrame est tué.
La main tendue de Marielle Beltrame
Julie sombre avec, pour elle, la difficile reconstruction. Sa lueur d'espoir va venir de la veuve du lieutenant-colonel Marielle Beltrame, qui va lui tendre la main. "Elle m'a écrit une très gentille et jolie lettre. Cela m'a aidé à soigner un peu ma culpabilité."
Le procès démarre le 22 janvier à Paris
Le procès des attentats de Trèbes et de Carcassonne (Aude) sera le premier grand rendez-vous judiciaire de l'année 2024, devant la cour d'assises spéciale de Paris. Du 22 janvier au 23 février, sept personnes, six hommes et une femme, vont être jugées.
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inq personnes sont accusées d'associations de malfaiteurs terroristes en vue de préparer des crimes d'atteintes aux personnes. Une autre pour détention illégale d'armes. Enfin, la septième, pour non-dénonciation de crime.
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