Les agriculteurs bloquent les autoroutes en Occitanie : le mouvement menace de gagner la France entière, et même l'Europe
Face à une précarisation grandissante de leur profession, la FNSEA menace d'un mouvement d'ampleur national qui trouvent le même écho dans les pays voisins.
La FNSEA, premier syndicat chez les agriculteurs français, étudie la possibilité d'un mouvement de protestation nationale dans les semaines à venir, a confirmé ce vendredi 19 janvier un porte-parole. Une décision sera prise jeudi prochain à l'issue d'une réunion avec les représentants du réseau local de la FNSEA et des différentes filières, a précisé le porte-parole. Le Salon de l'Agriculture se tient à Paris du 24 février au 4 mars.
L'Occitanie en première ligne
Des agriculteurs ont poursuivi ce vendredi en Occitanie le blocus de l'autoroute A64 entre Toulouse et Tarbes, et de la RN20 en Ariège, perturbant la circulation. Des actions ont débuté aux ronds-points d'accès de l'A61 à Castelnaudary (Aude) et sur l'A62 à astelsarrasin (Tarn-et-Garonne), et d'autres sont annoncées ce samedi 20 janvier sur l'A64 à Tarbes (Hautes-Pyrénées), selon La Dépêche du Midi. Le quotidien toulousain a annoncé également l'explosion qui a soufflé ce vendredi matin les vitres du bâtiment de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) à Carcassonne, agrémentée de deux inscriptions "CAV" (Comité d'action viticole), un secteur de l'agriculture en proie aux mêmes difficultés que les autres filières. Sans cautionner cette action , le président du syndicat des vignerons de l'Aude, Frédéric Rouanet, a déclaré que "tout ce qui est Dreal, (...) tout ce qui est environnemental, ça nous coûte un pognon monstre et aujourd'hui on ne gagne plus assez pour se payer ce genre de conneries-là", en avoquant un "ras-le-bol".
Hors Occitanie, des manifestants se sont également rassemblés jeudi dans la Loire, en Loire-Atlantique et en Mayenne.
En France... et en Europe
La colère se répand aussi en Europe, notamment en Allemagne, en Roumanie, en Pologne ou aux Pays-Bas, où les agriculteurs entendent marquer leur exaspération face à une précarisation grandissante.
Si les sources de mécontentement diffèrent selon les pays (en Allemagne, c'est la suppression progressive d'un avantage fiscal sur le gazole qui a mis le feu aux poudres), les agriculteurs européens s'accordent à déplorer la hausse des coûts de production, les répercussions commerciales du conflit en Ukraine ou encore ce qu'ils considèrent comme une inflation de normes environnementales communautaires à l'approche des élections européennes de juin.
Les aléas climatiques de 2023 (sécheresse de l'été puis intempéries de fin d'année) noircissent en outre le tableau.
Le ministre de l'Agriculture se veut rassurant
Côté gouvernement, selon La Dépêche, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau se dit "attentif" et brandit l'obtention d'un "budget historique" de 4 milliards d'euros sur 3 ans pour l'agriculture. Et lors de sa conférence de presse ce mardi 16 janvier, Emmanuel Macron s'est engagé à réduire les "normes inutiles" qui "découragent" les agriculteurs. Le gouvernement a déjà consenti en décembre à supprimer du projet de budget 2024 une hausse de 20% de la redevance pour pollution diffuse (RPD), une taxe sur les ventes de pesticides.
Au-delà de ces "mesures court-termistes", les agriculteurs français soulignent attendre "une vraie vision d'avenir" pour le secteur de la part du gouvernement.
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