Aveyron : "Nous voulons juste continuer à vivre ici", témoigne cette famille libanaise menacée d'expulsion

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  • Malakeh, 11 ans, est élue au conseil municipal des enfants d’Aubin. Ici avec sa jeune sœur Mia.
    Malakeh, 11 ans, est élue au conseil municipal des enfants d’Aubin. Ici avec sa jeune sœur Mia. Photo BHSP.
Publié le
Bernard-Hugues Saint-Paul

Le tribunal administratif de Toulouse a annulé l’OQTF concernant la famille libanaise menacée d’expulsion installée à Combes. Mais la préfecture a fait appel.

La décision du tribunal administratif de Toulouse est venue telle une éclaircie dans un ciel sombre, pour la famille de Arwa Attal et Mazhar Nasab, et de leurs deux filles, Malakeh et Mia, aujourd’hui respectivement âgées de 11 et 9 ans. En novembre dernier, la juridiction a décidé d’annuler les arrêtés de la préfecture de l’Aveyron d’octobre 2022 portant sur l’OQTF (Obligation de quitter le territoire français) pour cette famille libanaise installée à Combes, commune d’Aubin.

Le tribunal administratif enjoint par ailleurs la préfète de délivrer dans les deux mois de la signification du jugement une carte de séjour comportant la mention "vie privée et familiale".

En octobre 2022, une mobilisation portée par l’association La Boussole (collectif d’entraide aux exilés du Bassin de Decazeville), la mairie d’Aubin, les parents d’élèves et le Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) mettait déjà en avant l’excellente intégration de cette famille arrivée en France en 2016 et plus précisément dans le Bassin en 2019 : ils parlent et comprennent le français, ils ont acheté une maison à Combes, le papa a créé en 2019 une société de multiservices en autoentreprise, la maman travaille au CCAS (centre communal d’action sociale) d’Aubin dans le service à la personne ; leur fille aînée est élue au conseil municipal des jeunes d’Aubin.

"Nous avons appris à nos enfants d'aimer ce pays"

"Malakeh se rend régulièrement à la maison de retraite locale, accompagnée de ses amis élus. Malgré son jeune âge, elle consacre son temps à rendre visite à ceux qui n’ont pas la chance d’avoir de la famille à leurs côtés, démontrant une compassion rare pour un enfant de son âge. En plus de ses visites, Malakeh et ses amis entreprennent des projets d’amélioration locale, tels que le nettoyage de la forêt et des initiatives pour renforcer l’école. Ils préparent également un film sur le harcèlement pour sensibiliser la communauté", précisent ses parents très fiers de leurs filles et de l’engagement de Malakeh : "Nous avons seulement appris à nos enfants à aimer ce pays. Pour Malakeh, cela se traduit par un engagement envers le bien-être de la communauté, en particulier envers les personnes âgées. Nous travaillons, payons nos taxes et impôts, sans solliciter d’aides sociales, nous voulons juste continuer à vivre ici".

Épée de Damoclès

Car les nuages sombres ne se sont pas encore totalement éloignés. En effet, la préfecture de l’Aveyron a fait appel du jugement du tribunal administratif de Toulouse, faisant dès lors toujours peser sur la tête de la famille libanaise une menaçante épée de Damoclès.

"Si l’appel confirmait la légalité de l’arrêté préfectoral, légalement la famille sera obligée de quitter le territoire français. Et même si elle ne quittait pas le territoire, les parents ne pourraient plus travailler, le papa ne pourrait plus maintenir son entreprise. J’espère que les juges d’appel pourront constater que la vie privée et familiale de cette famille parfaitement intégrée est bien ici", indique Camille Pougault, avocate de la famille libanaise aubinoise.

Arwa Attal et Mazhar Nasab soulignent : "Nos filles sont arrivées en France à l’âge de 2 ans et 6 mois. Elles ont grandi en France, elles ont tissé des liens d’amitié avec d’autres jeunes, et tissé des liens sociaux. Nous participons à la vie de la cité.

Nous avons acheté une maison et vivons de notre travail. Comment imaginer que la police vienne nous chercher et nous oblige à tout quitter du jour au lendemain ? Comment imaginer que l’on nous oblige à retourner au Liban dans un pays qui s’enfonce davantage au fil des jours dans le chaos économique et la menace de la guerre ? Nous voulons juste continuer à vivre ici".

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Les commentaires (1)
JeanEmarre Il y a 2 mois Le 08/02/2024 à 07:33

A quoi servent les OQTF si elles ne sont pas appliquées....