Incendie d'une usine de batteries lithium en Aveyron : "Nous ne cachons rien", la préfecture joue la transparence malgré les inquiétudes

Publié le , mis à jour
Alexandre Maniez

Ce jeudi 22 février en matinée, la préfecture de l'Aveyron avait organisé un premier retour d'expérience à la mairie de Viviez, une occasion de faire le point sur l'incendie de la Snam. La réunion a été perturbée par une petite centaine de manifestants. 
 

Ce jeudi 22 février, la réunion organisée à la mairie de Viviez, avait une importance toute particulière alors qu'il s'agissait de faire un premier retour d'expérience avec les élus du territoire concernant les causes, le déroulé et les conséquences de l'incendie de la Snam du samedi 17 février.

"La colère est immense"

L'occasion était belle aussi pour des habitants et des militants du Bassin de se faire entendre et de mêler critiques de la gestion de l'incendie à celle de la future usine de traitement des déchets Kéréa. "On reproche aux élus du Bassin d'avoir minimisé l'impact de cet incendie sur la population et surtout de ne pas s'être inquiétés de l'état de santé des habitants en particulier du Crouzet, suite à cet incendie", résume Katia Langs, habitante de Viviez et ancienne cheffe de file de l'opposition municipale. "Cela révèle la non-préparation de la population aux risques de ce genre d'installation et ça nous inquiète pour Solèna, deux usines explosives, l’une à côté de l’autre."

Celle-ci a lancé avec d'autres Viviezois, mardi, un "collectif des riverains du Crouzet et des alentours" afin de fédérer les habitants. Elle aurait aimé pouvoir lire une lettre aux élus, mais sans succès. "La colère est immense. Vous avez fait preuve de mépris et de cynisme" y détaillait notamment le nouveau collectif.

Malgré ce contexte particulier, la réunion n'avait rien de secret et le préfet de l'Aveyron tenait, quelques minutes après sa clôture, un point d'étape avec la presse, et cela alors même que certains élus, dont le président du conseil départemental, partaient sous les huées de la foule.

"Le toit du hangar n'avait pas d'amiante"

La réunion en compagnie de la presse était un moment attendu. Le préfet de l’Aveyron, Charles Giusti, le savait bien. Les questions ne manquent pas depuis le début de l’incendie qui a touché l’espace de stockage de batteries de la Snam. Au premier rang desquelles, la nature et la quantité exacte de ce qui a disparu dans une grande fumée sombre et malodorante.

"Le toit du hangar n'avait pas d'amiante", coupe court le préfet qui se sait attendu sur la question. "C'est une structure bac acier", complète-t-on du côté de la cellule post-accident regroupant les services de l’État (préfecture, DREAL, ARS, DDT, DDETSPP, OFB et SDIS). "Nous avons un inventaire assez précis de la quantité de batteries qu'il y avait dans ce bâtiment. Il y avait à la fois des batteries de véhicules électriques lithium-ion, aussi des batteries lithium-ion dites électro-portatives, les petites batteries des appareils divers et quelques batteries d'autres technologies notamment des batteries au cadmium."

Au final, ce sont 1 276 tonnes de matériaux qui étaient entreposées sur le site le jour de l’incendie, "ce qui est conforme aux autorisations dont disposait la Sopave", résument les autorités, alors que la société les a stockés sur 740 m²,et que son autorisation de stockage courait jusqu’à 995 m². En 2021, le site avait reçu une mise en demeure à ce propos, ces capacités de stockage étant alors été surchargées.

Concernant la cause de l'incendie, l'enquête judiciaire suit toujours son cours, alors que le bureau enquête-analyse du risque industriel vient récemment d'être missionné. Il sera sur place dès mardi. Son rôle pourrait être crucial dans l’identification de l’origine du sinistre. "Le sinistre pourrait venir d'une zone de stockage dont la localisation a été identifiée. Mais l'origine en tant que telle, reste à identifier", déclare prudemment à ce sujet Charles Giusti.

"On est toujours sur un sinistre maîtrisé"

L’incendie d’une ampleur inédite dans l’Aveyron et qui a mobilisé jusqu’à 70 sapeurs-pompiers samedi soir, inquiète la population. D’importants panaches de fumées y ont été encore récemment aperçus alors que le feu tarde à complètement s’éteindre. "On est toujours sur un sinistre maîtrisé, circonscrit, avec quelques foyers résiduels liés à la matière concernée. Ce sont des feux qui peuvent rester un certain temps", se veut pédagogue le préfet de l'Aveyron.

L'odeur et la fumée sont au cœur d'intenses controverses. Et pour les faire taire, ce sont près de 1 000 analyses qui ont été réalisées sur la qualité de l'air, confirment les services de l'Etat, à la fois sur les rejets et sur les retombées. "Dès la nuit de samedi à dimanche, à intervalle régulier toutes les quatre heures, toute la journée de dimanche, le lundi, le mardi et il y a en ce moment même des mesures qui sont effectuées", complète Charles Giusti. 

À celles-ci, il faudra prochainement ajouter les mesures réalisées mardi par l'Atmo, expert de référence sur la qualité de l'air, qui devraient être connues d'ici une quinzaine de jours. "À ce stade, les résultats des analyses sont, soit en deçà des seuils de détection, soit très en deçà des valeurs de référence", continue le préfet. Selon ses services, les données devraient être publiées la semaine prochaine, ces données devraient être publiées la semaine prochaine "en toute transparence", alors qu'un point d'attention demeure à proximité du site, selon ces mêmes mesures. 

Concernant, la pollution aquatique, les résultats seraient aussi rassurantes. "Il y a eu une inspection de la DREAL, lundi matin, qui a permis de vérifier que les bacs de rétention sont bien étanches. Il y avait eu des contrôles sur toute la tuyauterie associée à ce système de rétention. Le système permet de dire qu'il n'y a pas eu de rejets dans le milieu naturel". En complément, une mission de contrôle de l'office français de la biodiversité a  été réalisée mercredi. Elle conclurait aussi à l'absence de pollution du milieu aquatique selon les données préfectorales. Sollicité, le syndicat de rivière Célé - Lot médian devrait rendre prochainement le résultat de ses analyses.

"Les informations, les gens les ont"

Malgré tout, une partie des habitants n'en décolère pas, les informations relatives au sinistre ne leur sont pas parvenues ou tardivement par rapport à l'importance de l'incendie. Ce mercredi, les Viviézois avaient ainsi reçu une alerte sur "PanneauPocket" les invitant à fermer portes et fenêtres. Une alerte dont peu avaient pu prendre connaissance avant que les médias ne s'en fassent le relais. 

"Les informations, les gens les ont", s'agace le maire de la commune Jean-Louis Denoit. "L'information a été faite samedi auprès de la population. Le lotissement de proximité a été avisé. Après, les gens font ce qu'ils veulent quand on leur dit de se confiner." Pour l'élu, tous les habitants "réellement concernés", ont été alertés. "On a fait une autre information par PanneauPocket, hier matin", précise le maire. "Le but, c'était du bon sens. Il faut être réactif." En somme, la collectivité, ne comprend pas bien ce qui lui est reproché, un point de vue partagé par la préfecture de l'Aveyron.

"Nous ne cachons rien"

Demain, une cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) doit être activée. En attendant, vingt-quatre professionnels de santé ont d'ores et déjà été contactés afin de faire remonter les éventuels signalements en début de semaine. "Nous attendons d'ici la fin de semaine un rapport plus complet de santé publique France", ajoute le préfet de l'Aveyron qui veut jouer la carte de la transparence.

D'ici-là, la mairie en accord avec les services de l'État a d'ores et déjà prévu de rouvrir les écoles publiques lundi, jour de la rentrée scolaire. "Nous ne cachons rien" prévient Charles Giusti qui évoque de futures opérations de nettoyages autour des bâtiments et la communication prochaine de mesures de "bon sens" auprès de la population afin d'accompagner le retour "à la normale".

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Les commentaires (1)
Régional Il y a 2 mois Le 22/02/2024 à 20:13

Lors de la venue de Viala aujourd'hui, au lieu de lui vociférer à la figure, je pense qu'il aurait mieux valu de lui demander calmement devant les caméras et autres médias les raisons pour lesquelles, alors qu'il était à l'époque simple conseiller général, il n'avait pas voulu centenaire parler du projet Solena près de Salles-Curan. Alors même que l'auteur du dit projet avait acquis des terrains près de cette bourgade du Ségala,
Ils n'ont qu'à demander au maire de l'époque, favorable au projet, si c'est vrai ou pas.