SERIE. Les Jeux olympiques et l’Aveyron : l’athlète Stéphane Diagana et la malédiction des Jeux

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  • L’Aveyronnais a connu des podiums dans toutes grandes compétitions, sauf les Jeux olympiques.
    L’Aveyronnais a connu des podiums dans toutes grandes compétitions, sauf les Jeux olympiques.
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Guillaume Verdu

Athlète multimédaillé dans les grands championnats, le natif de Saint-Affrique n’a jamais goûté à la joie d’un podium olympique, lui qui a manqué trois fois les Jeux sur blessure.

Il figure parmi les grands noms de l’athlétisme français. Au cours de sa riche carrière, Stéphane Diagana a été sacré à deux reprises champion du monde (400m haies en 1997, 4x400m en 2003), l’un des rares tricolores dans ce cas (1). Le natif de Saint-Affrique compte aussi comme principaux faits d’armes une médaille d’or européenne (400m haies en 2022) et un record continental sur cette même distance qui a tenu pendant près de 25 ans, jusqu’à ce que le Norvégien Karsten Warholm en prenne possession, en 2019.

L’ancien athlète âgé de 54 ans est aussi devenu une personnalité incontournable du paysage sportif par sa personnalité, calme et réfléchie, ainsi que ses prises de position contre le dopage, lui qui a couru à une époque où de nombreux champions de son sport ont été repris par la patrouille.

Mais au milieu de ses conquêtes, une compétition s’est toujours refusée à l’Aveyronnais : les Jeux olympiques. Le grand rendez-vous quadriennal ne lui a jamais souri, entre déception de terminer au pied du podium et blessures au mauvais moment. Comme un rendez-vous manqué pour celui qui a remporté des médailles dans tous les autres grands championnats internationaux.

À Barcelone, trois records pour une révélation

Pourtant, sa première venue sur la scène olympique a ressemblé à une promesse. En 1992, à tout juste 23 ans, il a pris la quatrième place sur les haies courtes. Un résultat remarquable pour un jeune athlète qui n’était pas attendu à ce niveau cet été-là.

Sur la piste du stade de Montjuic, il a également marqué les esprits en battant le record de France à trois reprises au cours de la compétition, en séries, en demi-finales puis en finale. Avec son chrono en 48’’13 , le Saint-Affricain a échoué à seulement 31 centièmes de la médaille de bronze, remportée par le Britannique Kriss Akabusi. Le vainqueur, l’Américain Kevin Young, s’est quant à lui emparé du record monde, en 46’’78. Une marque qui a tenu jusqu’en 2021.

Stéphane Diagana ne le savait pas encore mais il n’a jamais fait mieux ensuite lors des Jeux. Il ne s’est même plus jamais aligné lors des épreuves olympiques, gêné par des blessures.

Le premier coup dur est survenu en 1996. À un mois des Jeux olympiques d’Atlanta, celui qui avait décroché le bronze un an plus tôt lors des Mondiaux de Göteborg a préféré renoncer. Après une performance décevante sur 400 m lors des championnats de France, il s’est estimé insuffisamment remis de la fracture de fatigue à un pied subie au printemps.

En 2000, il renonce le jour de la cérémonie d’ouverture

Son forfait pour les JO de Sydney, quatre ans plus tard, a revêtu une tournure encore plus cruelle. Victime "de problèmes persistants au genou droit", selon ses propos, le médaillé d’argent des championnats du monde de Séville un an plus tôt, a annoncé son retrait par un communiqué en date du 16 septembre. Soit le jour même de la cérémonie d’ouverture et du début des festivités…

Après un été écourté par les blessures, à un genou et aux abdominaux, Stéphane Diagana avait fait le choix d’arriver en Australie dès début septembre, pour finaliser sa préparation. Mais c’est au cours de l’une de ces séances aux antipodes que les douleurs se sont réveillées et l’ont contraint à renoncer "Les Jeux, c’est fini. 2004, c’est beaucoup trop loin", a alors déclaré l’Aveyronnais.

Sept ans après un sacre mondial, Athènes s’est refusé à lui

Athènes a pourtant constitué un objectif dans sa fin de carrière. Reboosté par son sacre mondial sur 4x400 m au Stade de France un an plus tôt, il a ambitionné un retour au premier plan dans la capitale grecque. Dans le berceau de l’olympisme et là même où il avait remporté son titre mondial sur 400 m haies, en 1997, l’histoire aurait été belle. Mais une nouvelle fois, des blessures l’ont empêché de défendre ses chances.

Des lésions aux ischio-jambiers en juin puis un mollet en juillet ne lui ont pas permis de suivre sa préparation. L’élève de Fernand Urtebise, son entraîneur de toujours, a alors annoncé la fin de sa carrière.

"Des rendez-vous difficiles"

"J’ai eu des rendez-vous difficiles avec les années olympiques, a résumé l’Aveyronnais quand il a annoncé sa retraite. Elles ne m’ont réussi qu’une seule fois, en 1992. Cette année, c’était l’occasion d’aller chercher la cerise sur le gâteau. Mais le gâteau était déjà beau."

Au moment de raccrocher les pointes, Stéphane Diagana est resté fidèle à lui-même. "Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir fait gagner des idées, a-t-il ajouté. Quand j’ai rejoint Fernand, c’était en 1988, à l’époque de l’affaire Ben Johnson et du système est-allemand. J’avais envie de voir s’il était possible d’arriver au plus haut niveau sans avoir recours à des artifices. De montrer aussi que l’on pouvait arriver à gagner sans haïr ses adversaires. À l’époque, on disait de moi que j’avais des qualités mais que je ne détestais pas assez mes adversaires. Je n’ai jamais conçu le sport de cette façon." Et même sans médaille olympique, le Saint-Affricain a laissé une trace immense dans l’histoire de l’athlétisme français.

(1) : Il fait partie des cinq Français double champions du monde d’athlétisme, en compagnie de Marie-José Pérec, Eunice Barber, Ladji Doucouré et Kevin Mayer.
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