Risques psychosociaux : "Tous les secteurs d’activité sont touchés", comment, en Aveyron, l'organisme Prestal accompagne les entreprises

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  • Agnès Valadier, médecin du travail à Prestal, à gauche, et Julie Nogaret, ergonome psychologue à Prestal.
    Agnès Valadier, médecin du travail à Prestal, à gauche, et Julie Nogaret, ergonome psychologue à Prestal. Centre Presse Aveyron - Alexia Ott
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À Prestal (Prévention santé travail Aveyron Lot), Agnès Valadier, médecin du travail, et Julie Nogaret, ergonome psychologue du travail, agissent quotidiennement auprès des salariés et des employeurs d’entreprises aveyronnaises pour prévenir les risques psychosociaux. Entretien en présence également d’Anne-Laure Dufet, médecin du travail et référente de la cellule prévention de la désinsertion professionnelle.

Quels sont les risques psychosociaux dans les entreprises ?

Agnès Valadier. Les risques psychosociaux (RPS) sont définis comme des risques pour la santé mentale, physique et sociale. Ils regroupent les violences internes, les violences externes et le stress. Pour prévenir ces risques, on va rechercher dans les situations de travail, la présence de facteurs de risque tel que surcharge de travail, relations sociales difficiles, insécurité, exigences émotionnelles, perte du sens du travail, etc.

Outre la santé des salariés, celle des entreprises n’est pas épargnée : taux élevé d’absentéisme, baisse de productivité, et parfois même un accroissement des accidents de travail et des maladies professionnelles. Ce qui peut s’avérer coûteux pour les établissements. Tous les secteurs d’activité et toutes les catégories socio-professionnelles sont touchés par ces risques psychosociaux.

En Aveyron, quels sont les moyens mis en place pour prévenir ces risques ?

Julie Nogaret. L’entreprise peut d’elle-même se tourner vers le service de prévention et de santé au travail. On peut intervenir en accompagnant à l’évaluation du risque ou pour analyser une problématique spécifique. Les moyens mobilisés vont dépendre de l’analyse du besoin de l’entreprise.

Nous pouvons, par exemple, organiser un accompagnement indirect avec la création de groupes de travail entre les salariés pour aborder les différentes sources de stress au sein de l’entreprise, ou réaliser des observations de poste en immersion. De cela, découle la co-construction d’un plan d’action avec l’employeur, en fonction de sa marge de manœuvre. Nous pouvons également nous rapprocher de l’entreprise. Quand le médecin du travail observe une récurrence de problématiques au sein d’une entreprise, et de ce fait un risque collectif, il envoie une alerte à l’employeur afin de lui faire part des indicateurs détectés lors des visites médicales des salariés. Enfin, nous pouvons également agir individuellement, en offrant un accompagnement psychologique à un salarié qui en a besoin.

Quels professionnels agissent pour le bien-être des équipes ?

Julie Nogaret. En Aveyron, un médecin du travail et son équipe pluridisciplinaire, composée d’une assistante médicale, d’un infirmier et d’un intervenant prévention des risques professionnels, sont affectés à un secteur réparti entre Rodez, Villefranche-de-Rouergue, Decazeville, Espalion et Luc-la-Primaube. Deux ergonomes psychologues du travail, un ergonome, un ingénieur chimiste et une psychologue clinicienne accompagnent ces professionnels.

Agnès Valadier. Notre objectif est de créer une relation de confiance avec les entreprises. Nous ne sommes pas dans le jugement. Notre rôle n’est pas de trouver un responsable mais d’analyser la situation pour aider les entreprises à trouver des solutions.

Comment ont évolué les risques psychosociaux au sein des entreprises en Aveyron ?

Agnès Valadier. Il y a 20 ans, on parlait très peu des risques psychosociaux. On a commencé à aborder ces risques depuis les suicides successifs qui ont eu lieu dans les entreprises Renault et France Télécom au début des années 2000. Aujourd’hui, ils sont très présents. Les facteurs que l’on observe souvent sont l’impossibilité de réaliser les tâches dans le temps souhaité, travailler à l’encontre des valeurs du salarié… En 2020, les arrêts maladies liés à ces risques ont explosé. Le Covid-19 a été un bouleversement. Lors de la crise sanitaire, le rapport au travail chez certaines personnes a changé.

Julie Nogaret. Aujourd’hui, les entreprises évoluent rapidement. Les changements peuvent être difficiles à vivre pour les salariés. Également, les clients sont de plus en plus exigeants, et ça a un impact sur les salariés. Depuis le Covid-19, les entreprises ont du mal à recruter, ce qui peut conduire, dans certaines entreprises, à une surcharge de travail pour les salariés. Ce constat s’observe dans tous les secteurs d’activité.

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