"J'étais l'étoile montante" : pourquoi le conseiller régional Bruno Leleu quitte le RN de l'Aveyron

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  • Bruno Leleu annonce conserver son mandat d’élu régional.
    Bruno Leleu annonce conserver son mandat d’élu régional. RBL.
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Le conseiller régional Bruno Leleu annonce quitter le RN, pointant des différends avec la nouvelle direction départementale.

Quand son nom est apparu sur notre téléphone la semaine passée, nous pensions connaître le motif de son appel. Depuis quelques semaines sur ses réseaux sociaux, Bruno Leleu, élu régional Rassemblement national, tenait informé de l’avancement des travaux de son nouveau bureau d’élu, à Decazeville. Une invitation à son inauguration ? Non. "Je quitte le RN."

Une annonce brutale qu’il a expliquée ce mardi, " le cœur lourd et plein de tristesse " par des différends au sein de la fédération départementale du parti, dont il avait quitté ses fonctions de responsable en octobre dernier au profit du Ruthénois Jean-Philippe Chartier " pour des raisons de santé ", avait-il avancé. En retrait depuis novembre 2023 après les révélations dans nos colonnes d’une accusation de harcèlement moral et sexuel à son encontre (son procès a été renvoyé en septembre), il se dit aujourd’hui victime d’" une cabale interne ".

"J’étais l’étoile montante"

Il dénonce notamment des attaques personnelles et annonce avoir déposé plainte suite "à des courriers anonymes reçus par ma fille de 17 ans, ma femme, mes amis avec des [bêtises] innommables". Sa boutique aurait également été visée par un collage d’affiches RN.

"Dès que l’affaire de harcèlement est sortie, je me suis mis moi-même en retrait du groupe pour ne pas brouiller la communication. […] J’avais promis de ne pas faire d’esclandre avant la fin des Européennes. […] Il ne faut pas faire de vagues avant les élections, c’était le mot d’ordre. Mais dès qu’on touche à la sphère professionnelle et privée, je sors de mes gonds", explique Bruno Leleu qui dit avoir envoyé un courrier le 9 avril au siège du parti pour annoncer son départ. Il accuse notamment la nouvelle direction de la délégation départementale, incarnée par le neurologue Jean-Philippe Chartier, d’avoir voulu "l’éteindre".

"J’ai géré cette fédération pendant 10 ans. J’étais l’étoile montante, porte-parole de Marine Le Pen dans le Lot et dans l’Aveyron [aux présidentielles de 2022], j’ai mené la première liste FN en Aveyron aux municipales en 2014. Ce n’était pas facile dans le Bassin, j’ai pris des coups. […] J’ai mené la campagne de Louis Aliot en interne, je faisais souvent les plateaux de télévision, j’avais une certaine visibilité au niveau de la presse. Mes interventions étaient remarquées au niveau régional", explique l’élu, qui semble aujourd’hui isolé et se décrit comme "politiquement mort".

"On m’a tué. Je suis accusé de harcèlement moral et sexuel [il a toujours démenti ces accusations et il reste présumé innocent]. Même si je suis innocenté, il en restera quelque chose. Ils ont joué, ils ont gagné, basta, game over", lance le conseiller régional, persuadé que les poursuites dont il fait l’objet auraient volontairement été ébruitées par des membres du RN 12, proche du nouveau délégué départemental Jean-Philippe Chartier. Une insinuation démentie par ce dernier, qui dit "avoir une certaine éthique".

"Une lutte des classes" à l’origine du conflit ?

À l’origine de ce conflit, une "lutte des classes" qui diviserait selon lui le parti d’extrême droite. "Tous les Marinistes sont en train doucement de se faire écarter. […] Pour moi, c’était un parti populaire. Aujourd’hui, ils ne veulent que des notables", analyse Bruno Leleu.

Une mue assumée par Jean-Philippe Chartier, à l’image du recrutement de l’essayiste Malika Sorel-Sutter en vue des Européennes. " Ce n’est pas qu’un fait aveyronnais. Ça inquiète monsieur Leleu, ça le vexe un peu, mais c’est bon signe. Ce sont peut-être ces professions intellectuelles qui vont améliorer le programme pour la prochaine présidentielle", explique le neurologue, qui travaille auprès des députés d’extrême droite sur la partie Santé du futur programme.

Malgré sa défection, Bruno Leleu reste "un Mariniste convaincu" et souhaite garder son mandat de conseiller régional, qu’il assure quitter en cas de condamnation en septembre prochain. "J’ai l’idée de faire un bouquin pour occuper mon temps libre sur les coulisses d’une fédération du Rassemblement national, avec les bonnes et les mauvaises choses", conclut-il, ne fermant pas la porte aux municipales de 2026 à Decazeville, sans étiquette.

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