Présidentielle 2007 : soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy, ce que l’on sait des trois heures d’audition de Carla Bruni

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Jennifer Franco avec AFP

Carla Bruni-Sarkozy a été auditionnée pendant plusieurs heures dans le cadre d’une enquête liée directement à son mari Nicolas Sarkozy concernant l’affaire des soupçons de financement libyen pour la campagne présidentielle de 2007.

Carla Bruni-Sarkozy, l’épouse de l’ex-chef de l’État français Nicolas Sarkozy, a été entendue jeudi 2 mai 2024 pendant près de trois heures en qualité de suspecte dans un volet de l’enquête tentaculaire sur le financement libyen de la campagne présidentielle de son mari en 2007.

Carla Bruni a-t-elle joué un rôle ?

La chanteuse et ancienne top model de 56 ans a dû s’expliquer sur son possible rôle dans la spectaculaire volte-face de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine qui avait, fin 2020, subitement et temporairement dédouané Nicolas Sarkozy après avoir été son principal accusateur dans le dossier dit des fonds libyens.

Nicolas Sarkozy, inculpé, conteste les faits

La justice soupçonne plusieurs personnes dans l’entourage de l’ex-président Nicolas Sarkozy (2007-2012) d’avoir orchestré cette rétractation dans le but de peser sur le cours des investigations. Nicolas Sarkozy, qui conteste les faits, a lui-même été inculpé début octobre dans ce volet, pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries au jugement en bande organisée.

Une audition libre de près de trois heures

Son épouse a été interrogée par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales. Concernant d’éventuelles poursuites, "aucune décision immédiate n’a été prise par les magistrats instructeurs", a précisé une source judiciaire. "Mme Carla Bruni-Sarkozy s’est rendue comme convenu à une audition libre qui a duré près de trois heures", ont réagi ses avocats.

"Au cours de cette audition qui s’est déroulée dans un climat serein, elle a pu apporter l’ensemble des éclairages et explications utiles", ont-ils assuré. Carla Bruni-Sarkozy, qui a épousé Nicolas Sarkozy en 2008, avait été entendue comme simple témoin en juin 2023 dans cette enquête mais certains éléments ont conduit le juge chargé des investigations à la considérer comme mise en cause.

Y’a-t-il eu une volonté de dissimulation ?

Selon une source proche du dossier, le magistrat s’interroge notamment sur la possible "volonté de dissimulation" par Carla Bruni-Sarkozy d’échanges avec la papesse de la presse people "Mimi" Marchand, également inculpée dans ce dossier. D’après cette source, la mannequin aurait ainsi effacé l’intégralité des messages échangés avec Mme Marchand le jour de l’inculpation de cette dernière, le 5 juin 2021.

Onze protagonistes désormais

Carla Bruni-Sarkozy aurait ensuite aidé Michèle Marchand et le paparazzi Sébastien Valiela à obtenir un test PCR mi-octobre 2020 leur permettant de partir au Liban faire l’interview qui donnera lieu à la rétractation de M. Takieddine. Dans ce dossier, ce sont désormais onze protagonistes, en comptant Mme Bruni-Sarkozy, qui sont soupçonnés d’avoir participé, à des moments et degrés divers, à cette opération.

Questionné lors de son inculpation début octobre, Nicolas Sarkozy avait mis hors de cause son épouse. "Ma femme n’y est pour rien", avait-il notamment déclaré.

Procès en 2025

Ce volet "rétractation" est incident à l’enquête principale sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle victorieuse de Nicolas Sarkozy de 2007. Au terme de dix ans d’enquête, M. Sarkozy a été renvoyé en procès dans ce dossier aux côtés de douze autres prévenus soupçonnés d’avoir perçu ou fait transiter des fonds versés par le régime de l’ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi.

L’ex-chef de l’État, qui conteste les faits, doit être jugé début 2025 notamment pour "recel de détournement de fonds publics", "corruption passive" et "financement illégal de campagne électorale". Principal accusateur de M. Sarkozy et réfugié au Liban pour échapper à une incarcération en France, Ziad Takieddine avait fait volte-face fin 2020 en déclarant dans deux médias que l’ex-président n’avait "pas touché un centime, cash ou pas cash, pour l’élection présidentielle" de 2007.

Il était toutefois revenu sur ses propos deux mois plus tard devant les magistrats instructeurs. Nicolas Sarkozy a déjà plusieurs fois eu maille à partir avec la justice. En février, il a été condamné en appel à de la prison ferme dans l’affaire "Bygmalion" sur les dépenses excessives de sa campagne présidentielle perdue de 2012. L’ancien chef de file de la droite française a également été reconnu coupable en mai 2023 de corruption d’un haut magistrat dans l’affaire dite des écoutes. Il s’est pourvu en cassation dans ces deux dossiers.

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Les commentaires (1)
Mézac Il y a 13 jours Le 03/05/2024 à 10:49

Nicolas et Pimprenelle.
Bonne nuit les petits.