"Adapter au mieux le travail à l’homme et non le contraire" : Charlotte Bouvier, ergonome, améliore les organisations dans les entreprises

Comment peut-on définir une ergonome ? "C’est une vraie question ", s’exclame Charlotte Bouvier. Fondatrice, en septembre 2018, d’ACE (accompagnement, conseil et efficience) ergonomie, la Ruthénoise d’adoption, née au Mans en 1981, poursuit sur le sujet : "Quand on parle de nous, on imagine souvent une personne qui s’occupe de l’utilisation d’une souris d’ordinateur ou du réglage de la hauteur et de l’inclinaison de la chaise du bureau". "C’est très réducteur !", assure-t-elle. Elle apporte donc "quelques éclaircissements" : "Nous avons une profession pluridisciplinaire. Notre palette d’intervention peut aller de la psychologie à la sociologie, en passant par le management, la communication, les postures physiques...".

"Remettre l'humain au coeur de la réflexion"

D’ailleurs, quand cette passionnée d’informatique et de biologie moléculaire végétale, qui a donné vie à son projet professionnel dans le cadre d’une reconversion, pousse les portes d’une entreprise ou d’un établissement médico-social, elle ne se présente pas comme ergonome mais comme "experte en amélioration des organisations du travail". Son leitmotiv, écrit en lettres majuscules au-dessus de son bureau : "Adapter au mieux le travail à l’homme, et non le contraire (!), et remettre l’humain au cœur de la réflexion".

Tandis que le dictionnaire fait état de "l’étude scientifique des conditions de travail et des relations entre l’être humain et la machine, l’adaptation d’un environnement de travail (outils, matériel, organisation...) aux besoins de l’utilisateur" en guise de définition de l’ergonomie, Charlotte Bouvier a sa version : "Quelle que soit l’intervention, le type de structure ou le problème soulevé, cette discipline a pour mission d’atteindre deux objectifs de manière concomitante : diminuer la pénibilité et la souffrance de l’homme au travail, et prévenir les atteintes sur sa santé, et améliorer l’efficacité et l’efficience du travail humain ". Elle en dit plus sur sa boîte à outils : "Je mets tout en œuvre pour être en capacité de mener, dans le même temps, des chantiers d’amélioration (santé, sécurité et performance) avec des équipes de production sur le terrain par une approche participative et pragmatique, et un travail avec la direction sur les schémas structurants de sa performance globale à plus long terme ".

Le décor est planté. La Ruthénoise de 42 ans intervient ainsi chez des artisans, des architectes, auprès d’industriels, d’administrations, mais également en lien avec le monde agricole, à l’initiative de la MSA. En Aveyron, beaucoup aujourd’hui, dans les départements limitrophes, mais elle est en capacité de se déplacer dans tout l’Hexagone.

Elle est référencée par la Carsat

Si, par exemple, la problématique récurrente dans les établissements médico-sociaux est que "les salariés acceptent les contraintes", les sujets de sollicitations dans les entreprises sont plus nombreux : "Problèmes d’organisation du travail, flux d’informations, de personnes et de produits, cohésion d’équipe en lien avec le management, qualité de vie et conditions de travail...". Référencée par la Carsat (caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) pour intervenir dans la prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS), Charlotte Bouvier admet que " le Covid-19 a un peu chamboulé la profession" : "La situation n’est pas davantage compliquée, mais les personnes sont plus conscientes de beaucoup de choses, notamment de redonner du sens au travail ".

S’épanouissant personnellement dans cette "relation de proximité" qu’elle préconise avec ses interlocuteurs, l’ergonome aveyronnaise met l’accent sur le fait qu’elle n’a pas "une casquette de gendarme ". "C’est tout un environnement que je regarde, je donne des clés, mais je ne juge pas ", souligne l’intéressée. Elle dit miser volontiers sur " la puissance de l’intelligence collective". Et à la question de savoir quels sont ses atouts, elle dresse, dans un grand éclat de rire, "une liste non exhaustive " : "écoute, empathie, relation de confiance, vision claire de ce qui va et de ce qui ne va pas, bienveillante, persévérante... ". Si elle est "très heureuse " de ce qu’elle vit à titre professionnel aujourd’hui, elle continue de se former avec, par exemple, une certification au niveau RSE.