Dotations aux communes : "On se fait dépouiller par l’État !", les maires de Rodez et d'Onet-le-Château tapent du poing sur la table

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  • Christian Teyssèdre et Jean-Philippe Keroslian, ce" lundi matin, lors d’une conférence de presse où ils ont élevé la voix face à l’État.
    Christian Teyssèdre et Jean-Philippe Keroslian, ce" lundi matin, lors d’une conférence de presse où ils ont élevé la voix face à l’État. J. Franco
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Face à la baisse des dotations de l’État pour leurs communes, les maires de Rodez et d’Onet-le-Château, Christian Teyssèdre et Jean-Philippe Keroslian, ont poussé un coup de gueule hier devant la presse.

Les mots sont forts, mais totalement assumés par les maires Christian Teyssèdre et Jean-Philippe Keroslian. "Nous avons été très patients, très gentils, mais ça ne peut plus durer : depuis des années, on se fait littéralement dépouiller par l’Etat ! C’est intolérable !", s’agacent les édiles de Rodez et d’Onet-le-Château. Dans leur viseur : la dotation globale des communes, principale rétribution du gouvernement plus connu sous l’abréviation de DGF.

"Des millions envolés"

Tableaux Excel en mains, les deux maires s’expliquent : à Rodez, elle est passée de 5,8 millions d’euros en 2008 à 2,7 cette année. À Onet, de 1,3 M€ à 108 000… soit un ratio de 9€ par habitant. "Autant dire rien", résume Keroslian qui, en 2021, avait déjà alerté l’opinion en envoyant 12 500 cartes postales à Emmanuel Macron avec comme simple écriture "six millions d’euros envolés, commune la plus martyrisée d’Aveyron"… Hier, l’élu UDI a rappelé, en comparaison, qu’un village comme Cornus – un peu plus de 500 âmes –, bénéficiait d’une meilleure dotation que la sienne. Et n’allez pas dire aux deux hommes que la DGF globale attribuée aux communes a sensiblement augmenté cette année, comme l’indique le gouvernement dans toutes ses communications : "Ils ne calculent pas l’inflation. Et ça augmente pour les grandes métropoles, mais pas pour nous ! Il ne faut pas avoir peur des mots mais c’est un grand mensonge de l’État. Si on parle en euros courants, avec la prise en compte de l’inflation, on a perdu à Rodez près de 38 millions d’euros en 15 ans !".

"Préfet, parlementaires : on est prêt à débattre !"

Surtout, ils ne parviennent pas à expliquer les raisons de ces baisses. Rodez et Onet-le-Château bénéficient-ils de comptes trop sains ? Sont-ils déjà assez dotés de financements publics par ailleurs ? Comptent-ils trop peu d’habitants ? "On n’en sait rien, personne n’est capable de nous expliquer le véritable calcul de cette DGF. Mais nous sommes prêts à en débattre avec quiconque. On a alerté tous les membres du gouvernement depuis des années, le député de la majorité (Stéphane Mazars, NDLR) est mis au courant mais on n’a aucune réponse. Et personne ne bouge. C’est insupportable, j’appelle tous les maires lésés à nous rejoindre dans ce combat. Si on a l’habitude de tout accepter, nous Aveyronnais, là il faut se bouger", exhortent encore les deux élus, dont les communes figurent à la première et troisième place des plus grandes du département. Des communes dans lesquelles "on participe grandement à l’effort national, où l’on compte plus de 2 600 logements sociaux, où l’on reçoit des mineurs isolés, où l’on fait tout pour ne pas augmenter la fiscalité de nos habitants", tiennent-ils à rappeler. "Franchement, notre joli modèle de la décentralisation, d’une République une et indivisible ne tient plus", soufflent-ils.

Bosch, avion, train…

Comme une autre attaque au gouvernement actuel, même de la part d’un Christian Teyssèdre qu’on savait très proche d’Emmanuel Macron en 2017 ? "Depuis, ça a changé. Et comme vous l’avez vu, je ne suis pas allé au meeting de Gérald Darmanin il y a dix jours. Mon parti, c’est Rodez. Et l’Aveyron", pointant du doigt plusieurs problématiques récentes du territoire : une usine Bosch composée aujourd’hui de 700 personnes contre 2 300 il y a encore quelques années et " dont on attend toujours des garanties pour l’avenir ", un aéroport "qui va coûter plus de 20 millions aux finances locales dans le futur ", un train vers la capitale " du Moyen-Âge", une RN88 à 2x2 voies "qui ne se fait pas"…

"C’est une France à deux vitesses : celle de l’État qui se permet tout et creuse sa dette et d’élus locaux qui essaient d’être le plus vertueux possible sans jamais être récompensé", concluent les deux hommes en colère. Sera-t-elle entendue ? Elle ne devrait, en tout cas, pas manquer de faire réagir.

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