Autorisation d’abattage de chiens errants en Aveyron : "Aucun animal n’a été abattu", la préfecture se justifie

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  • Sur la seule année 2023, ont été dénombrées, à l’échelle du département, 66 attaques de troupeaux et 256 victimes.
    Sur la seule année 2023, ont été dénombrées, à l’échelle du département, 66 attaques de troupeaux et 256 victimes.
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Aurélien Delbouis

"Face aux attaques subies par les troupeaux depuis plusieurs semaines, les services de l’État et les lieutenants de louveterie restent mobilisés pour soutenir les éleveurs", rappelle le préfet de l’Aveyron, Charles Giusti.

Saisi par l’association Société nationale pour la défense des animaux (SNDA) et l’association Stéphane Lamart "Pour la défense des droits des animaux", le tribunal administratif de Toulouse a décidé de suspendre l’arrêté pris par le préfet de l’Aveyron, le 10 avril dernier, autorisant l’abattage des "chiens errants, divagants ou malfaisants" dans cinq communes du Sud-Aveyron (lire nos précédentes éditions).

Une décision très attendue par les défenseurs des animaux commentée dès hier par Charles Giusti. "Le préfet de l’Aveyron prend acte de cette suspension", peut-on lire dans un communiqué publié à la publication de la décision de justice. Communiqué qui précise certains autres points quant à la finalité dudit arrêté.

"Aucun chien n’a été abattu"

"Contrairement aux assertions des associations, l’arrêté suspendu ne visait aucunement à organiser un abattage sauvage des chiens errants dans le département de l’Aveyron. Il était en effet particulièrement encadré : il s’agissait, sur une période extrêmement courte (un mois) et sur un territoire restreint (cinq communes), au titre de la mission confiée aux agents de l’Office français pour la biodiversité (OFB) de la brigade "grands prédateurs" (dite aussi "brigade loup") ainsi qu’aux lieutenants de louveterie, d’abattre un prédateur d’ovins ; celui-ci pouvant être un chien et non un loup (l’arrêté précisait que seuls les chiens ayant causé des dommages aux troupeaux ou susceptibles d’en causer étaient concernés par cette disposition), et dont la capture s’avérait impossible", pointe le communiqué. Qui confirme : "à ce jour, il convient de souligner qu’aucun chien n’a été abattu dans ce cadre particulièrement restrictif."

66 attaques et 256 victimes

Solution envisagée pour répondre au désarroi des éleveurs sud-aveyronnais confrontés à une recrudescence d’attaques des troupeaux, l’arrêté préfectoral est ainsi suspendu " jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur sa légalité. " Et de préciser : "Face aux attaques subies par les troupeaux depuis plusieurs semaines, les services de l’État et les lieutenants de louveterie restent mobilisés pour soutenir les éleveurs durement éprouvés par ces prédations et mettent tout en œuvre, avec l’appui de la brigade loup (présente depuis la mi-avril et qui sera à nouveau mobilisée à partir de la semaine prochaine), pour les faire cesser", rappelle toutefois la préfecture.

" En Aveyron, l’année 2023 est celle qui a connu le plus grand nombre de dommages aux troupeaux, imputables au loup (" loup non écarté ", selon la classification de l’OFB) depuis que sa présence est avérée dans le département. Sur cette seule année 2023, ont été dénombrées, à l’échelle du département, 66 attaques et 256 victimes. Ce bilan dramatique se confirme malheureusement en 2024 : ainsi, ont déjà été recensées 13 attaques sur 64 ovins. Plus précisément, sur le territoire des 5 communes concernées par l’arrêté, 31 attaques ont eu lieu en 2023 avec 128 ovins tués et, depuis le début de l’année 2024, ce bilan est déjà de 12 attaques et 53 ovins prédatés, les dernières attaques ayant eu lieu ce week-end. Par ailleurs, sur ce même territoire, un chien errant dont les caractéristiques morphologiques sont proches de celles du loup (chien de type Saarloos, issu d’un croisement louve/chien), a été photographié en mars dernier. Il a été aperçu par les agents de l’État mandatés pour venir en appui des éleveurs concernés par ces attaques répétées, rendant tout à fait possible le risque que certaines (de) ces attaques lui soient imputables. Pour mémoire, un chien Saarloos a d’ailleurs été à l’origine d’une prédation de 44 ovins en 2016, sur le territoire de la commune de Nant", conclut-il.

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Les commentaires (2)
MDJLLM Il y a 6 jours Le 14/05/2024 à 16:19

Les chiens errants ou divagants peuvent hélas causer de gros dégâts à la faune sauvage. Les tuer est une mesure infâme, pas une solution. A nous de surveiller et rentrer nos chiens, c'est une évidence. Pauvres brebis en effet, qui ne sont ni gardées ni protégées, sans doute pour de sordides histoires de sous? On parle ici des chiens, pas des loups.
Si les loups ne vous manquent pas, ils manquent en revanche terriblement à la nature et à son équilibre, à la bonne santé des herbivores, à l'environnement. Seulement voilà, s'il y a des prédateurs, il n'y a plus "besoin" des chasseurs, auxquels préfets et gouvernements successifs lèchent le fondement. Et les chasseurs viennent jusque dans les écoles pour embrigader et faire gober qu'ils servent à quelque chose. Persuadant le bon peuple qu'ils gèrent la nature ! Avec force subventions pour nuire toujours plus, ils massacrent les prédateurs naturels ô combien utiles, et versent des larmes de crocodiles sur la dépouille d'un mouton alors qu'ils font la fête, pour la torture et la mise à mort d'un cerf. Cette engeance-là cause le déséquilibre, les épidémies, puisqu'ils détruisent sciemment tout ce qui contribue à la santé de la faune. Faudrait pas que le renard ou le loup leur fasse concurrence, pensez! Trop de lapins? Merci les chasseurs, d'en prendre si bien soin. Trop de sangliers ? Pourquoi les nourrissez-vous en hiver? Trop de chevreuils et de faisans d'élevage, nés juste pour servir de distraction à ces héros? Quelle hypocrisie.
Et que dire des vies de misère des chiens de chasseurs, affamés, négligés, entassés dans la crasse et l'oubli de leurs cages quand ils ne "servent" pas. Les associations recupèrent et sauvent ces malheureux, par milliers chaque année!
La haine du loup découle de l'ignorance, de la superstition, et de la crainte que la nature se gère très bien toute seule. Berger, bergère, c'est un beau métier. Dans certaines régions civilisées, de gros chiens protègent les troupeaux. Tout le monde est gagnant. Si les éleveurs avaient un peu de considération pour leurs bêtes, ils veilleraient à leur sécurité, or il faut bien constater qu'ils ne font pas tant d'histoires, lorsque vient le camion qui les emmènera à l'abattoir, souvent dans des conditions atroces et d'interminables souffrances.
Marie Misrachi

Anonyme9360 Il y a 10 jours Le 10/05/2024 à 07:17

comment peut on pretendre defendre les animaux et tolerer le massacre de plus de 250 brebis en 1an?depuis des dizaines d années nous n avions plus de loups et cela n a manqué a personne, sauf peut etre a quelques ecolos de salon parisiens!