Affaire Cahuzac devant les parlementaires: Moscovici sous le feu des critiques

  • Le fondateur de Mediapart Edwy Plenel (droite) et le journaliste Fabrice Arfi, le 21 mai 2013 à l'Assemblée nationale
    Le fondateur de Mediapart Edwy Plenel (droite) et le journaliste Fabrice Arfi, le 21 mai 2013 à l'Assemblée nationale AFP - Joel Saget
  • Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, le 21 mai 2013 à l'Assemblée nationale Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, le 21 mai 2013 à l'Assemblée nationale
    Le fondateur de Mediapart, Edwy Plenel, le 21 mai 2013 à l'Assemblée nationale AFP - Joel Saget
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AFP

Naïf, amateur ou manipulé, selon Mediapart: la commission parlementaire sur l'affaire Cahuzac s'est penchée mardi sur l'"attitude" du ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, durant la première journée de leurs auditions.

"La bonne foi n'exempte pas parfois de la maladresse, de la naïveté ou d'un mauvais fonctionnement de l'Etat. Je ne veux pas dire que M. Moscovici a été forcément complice d'une manoeuvre voulant absolument cacher la vérité, je dis néanmoins qu'il a mal travaillé!", a affirmé Edwy Plenel, fondateur du site d'informations Mediapart, qui a, à de nombreuses reprises, évoqué l'ancien ministre de tutelle de M. Cahuzac.

Il y a "deux hypothèses: amateurisme ou légèreté, ou, seconde hypothèse, une instrumentalisation", a-t-il ajouté.

Déjà mise en cause par la droite mais aussi par une partie de la gauche pour sa gestion de la crise économique, plusieurs membres de la commission d'enquête ont clairement expliqué mardi que l'attitude du ministre de l'Economie était au coeur de leurs investigations.

"L'une des questions que nous devrons trancher, c'est l'attitude du ministre de l'Economie", a relevé, avant le début des auditions, le député UDI Charles de Courson, qui préside la commission. "Notamment lorsque le directeur général des finances publiques a saisi les autorités helvétiques" pour l'interroger sur un compte de M. Cahuzac: "pourquoi est-qu'on a saisi uniquement sur la banque UBS ? Est-ce qu'à l'époque, il savait que la réponse ne pouvait qu'être négative ?"

"Il faut nous expliquer pourquoi on n'a pas saisi sur la banque Reyl et Singapour", ville-Etat avec laquelle "Paris a une convention d'assistance administrative mutuelle", a-t-il ajouté. M. Cahuzac avait transféré son compte d'UBS à Reyl en Suisse puis à la filiale singapourienne de cette banque.

Conflit d'intérêts

Sur cette question des demandes à la Suisse, le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi, à l'origine des révélations et auditionné aux côtés Edwy Plenel, est sans appel.

"Les questions posées à l'administration fiscale suisse sont objectivement de mauvaise foi. Quand on cherche un compte (...) on ne cherche pas seulement M. Cahuzac en tant qu'ayant droit, on cherche autour, on cherche le gestionnaire de fortune, on cherche Reyl qui est cité, pour avoir la vérité", a-t-il détaillé.

"M. Moscovici a dit qu'il voulait la vérité. On voit avec quel succès, il l'a eue!", a ajouté, avec ironie, le journaliste qui a estimé qu'il y avait eu "une entreprise de communication pour mettre un terme à cette affaire".

"La question qui se pose à vous c'est comment, sur la foi des mêmes informations, Bercy obtient une réponse négative de la Suisse, tandis que la justice obtient une réponse positive", a complété M. Arfi.

Mardi matin, M. Moscovici, qui, comme ses collègues de la Justice et de l'Intérieur, sera entendu par la commission, a de nouveau affirmé que "l'administration avait fait tout ce qu'elle pouvait, tout ce qu'elle devait". "Elle a été exemplaire sous mon autorité", a assuré le ministre.

Autre grief de Mediapart à l'égard du ministre: le conflit d'intérêts dès le moment où l'affaire éclate. "M. Moscovici a été dupe. Il a été dupe pourquoi? Parce qu'il a accepté le conflit d'intérêts", a expliqué M. Plenel.

Mais les journalistes ont également rappelé, d'après eux, les responsabilités dans cette affaire ne se limitait pas à celle du ministre de l'Economie.

"Cette affaire illustre le mauvais fonctionnement de notre démocratie. Un pouvoir exécutif tétanisé, un pouvoir législatif coalisé, puisque dans l'ensemble des familles politiques, il y a eu des refus de voir la réalité de nos informations, enfin un pouvoir judiciaire immobile", a détaillé M. Plenel.

"Tous ceux qui voulaient savoir au coeur de la République pouvaient savoir", a-t-il affirmé, précisant avoir, dès mi-décembre, rencontré à leur demande "plusieurs responsables de cabinet de l'Elysée et de Matignon". Il a ainsi expliqué avoir rencontré des collaborateurs de François Hollande le 18 décembre.

Source : AFP

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