Grand nom de la couture française, Jean-Louis Scherrer est décédé

  • Le couturier Jean-Louis Scherrer (c) ajuste une robe sur un mannequin dans son atelier à Paris, en 1987
    Le couturier Jean-Louis Scherrer (c) ajuste une robe sur un mannequin dans son atelier à Paris, en 1987 AFP/Archives - Pierre Guillaud
  • Le couturier Jean-Louis Scherrer, le 4 septembre 2009 au festival de Deauville
    Le couturier Jean-Louis Scherrer, le 4 septembre 2009 au festival de Deauville AFP/Archives - François Guillot
  • Le couturier Jean-Louis Scherrer (2e g), entouré de mannequins, montre le "dé à coudre d'or" qu'il vient de remporter, le 31 juillet 1980 à Paris
    Le couturier Jean-Louis Scherrer (2e g), entouré de mannequins, montre le "dé à coudre d'or" qu'il vient de remporter, le 31 juillet 1980 à Paris AFP - Pierre Guillaud
Publié le
AFP

Jean-Louis Scherrer, grand nom de la haute couture française qui avait fait ses débuts chez Christian Dior et dont la boutique était devenue un temple du chic parisien, est décédé jeudi matin à Paris à l'âge de 78 ans.

Jean-Louis Scherrer avait d'abord suivi le Conservatoire, s'imaginant danseur professionnel, mais un accident l'avait empêché de faire carrière. Il s'est finalement illustré dans la mode, habillant les femmes les plus célèbres de ce monde, dont Jackie Kennedy et Michèle Morgan.

Un diplôme de la Chambre syndicale de la couture parisienne en main, il est entré chez Christian Dior en 1956. C'est à ses côtés qu'il a appris la technique de la haute couture. Après la mort de Dior, il a travaillé avec Yves Saint Laurent, puis avec Louis Féraud. Et quelques années après, il a décidé de se lancer sous son propre nom.

En 1962, Jean-Louis Scherrer ouvre sa propre maison, rue du faubourg Saint-Honoré à Paris. Il expose sa première collection, des robes de cocktails fauves, à pois, fleuries, dans une cave de marchands de vin, et attire déjà les personnes qui comptent dans le milieu.

En 1971, il réalise son rêve, en ouvrant sa boutique avenue Montaigne, qui est rapidement devenue un temple du chic parisien. Il reçoit alors l'appellation "haute couture".

A la fin des années 70, Jean-Louis Scherrer, qui s'est lancé dans le prêt-à-porter, et dont la marque triomphe au Japon, se diversifie: création de parfums (Jean-Louis Scherrer, Scherrer 2, et Nuits Indiennes), ligne de fourrures, collection d'accessoires (lunettes, chaussures et cravates).

En 1989, la maison compte 160 personnes. "Jean-Louis Scherrer est un couturier emblématique des années 80", pour Stéphane Rolland, couturier qui a été dix ans à la direction artistique de la griffe (1997-2007). "C'est l'une des premières maisons à avoir aussi bien marché à ce moment là. Ça a été une énorme maison", a-t-il dit à l'AFP.

Opulence

"Ce qu'Yves Saint Laurent était à la rive gauche, Jean-Louis Scherrer l'était à la rive droite", a poursuivi Stéphane Rolland. De Jean-Louis Scherrer, "je garde cette image d'opulence, d'élégance parisienne". Il se souvient de "la manière dont il métissait les cultures, dont il mélangeait l'orient et l'occident" dans ses créations.

Peu après l'annonce de la mort de M. Scherrer, Pierre Bergé, qui fût le compagnon d'Yves Saint Laurent, lui a rendu hommage sur Twitter. "Je l'aimais bien. Il venait de la haute couture. La vraie, celle d'hier. Un monde disparu. Il avait du talent", a-t-il écrit.

Jean-Louis Scherrer est décédé jeudi matin, dans une clinique du XVème arrondissement. Il était "depuis dix mois à l'hôpital", a dit à l'AFP Guillaume Feugeas, son "employé depuis 14 ans". "Il est mort des suites d'une longue maladie. Son état s'était aggravé il y a quelques mois", a ajouté ce proche.

Mais cela faisait déjà environ vingt ans qu'il ne travaillait plus pour sa marque et sa griffe a disparu en 1998.

En 1990, sa maison est passée sous la bannière du groupe japonais Seibu. Deux ans plus tard, à la suite d'une gestion déficitaire et d'une entente difficile, Jean-Louis Scherrer, resté directeur artistique, est licencié.

Il a de nouveau exercé son activité en 1994, avant de renoncer en 1997.

En 2002, l'homme d'affaires Alain Duménil a repris la griffe Jean-Louis Scherrer, mais pour peu de temps. Il a cessé l'activité du groupe en 2008 et a fermé la boutique historique de l'avenue Montaigne, décorée de la main de Jean-Louis Scherrer.

Ce dernier avait confié sa tristesse à l'AFP: "Cela m'attriste tellement. Cela me fait comme un choc", avait-il dit. "L'époque a changé, je ne dis pas le contraire, mais il y a des maisons de couture qui survivent et le nom Scherrer était quand même un excellent nom", avait-il ajouté.

Jean-Louis Scherrer, officier de la Légion d'honneur, était divorcé et le père de deux filles, dont Laetitia Scherrer, ex-mannequin.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?