Coup d'envoi des Espé, les nouvelles écoles pour les profs

  • Vue d'un IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) à Paris
    Vue d'un IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres) à Paris AFP/Archives - Martin Bureau
  • Le président du MoDem, François Bayrou
    Le président du MoDem, François Bayrou AFP/Archives - Kenzo Tribouillard
  • Les ministres de l'Education nationale Vincent Peillon et de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, le 22 novembre 2012 à Paris
    Les ministres de l'Education nationale Vincent Peillon et de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, le 22 novembre 2012 à Paris AFP/Archives - Joel Saget
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AFP

Pour mieux faire réussir les élèves, de nouvelles écoles pour les profs ouvriront à la rentrée dans les universités, mettant l'accent non seulement sur les matières à enseigner, mais aussi sur la transmission du savoir.

Les ministres de l'Education nationale Vincent Peillon et de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso devaient présenter lundi à Lyon les Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (Espé), une par académie, soit une trentaine. Il s'agit de renouer avec la formation initiale des enseignants quasi disparue sous la droite, suivant le principe qu'"enseigner s'apprend", sans reproduire les écoles normales ou les IUFM (Institut universitaire de formation des maîtres).

L'idée est de former les futurs profs simultanément aux connaissances académiques (maths, français...) et professionnelles (pédagogie, tenue de classe, s'occuper d'un enfant handicapé, résolution des conflits...) et leur permettre une entrée progressive dans le métier avec des stages.

"La formation des enseignants est le facteur le plus important pour expliquer la réussite d'un système d'éducation", souligne Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.

"On a pu critiquer la France, disant que la formation était trop académique et qu'il fallait inclure plus de pédagogie, comme en Finlande".

"Aujourd'hui, les jeunes enseignants connaissent bien leur matière, mais ne sont pas bien préparés à leur métier et sont souvent affectés dans les établissements difficiles".

La formation des professeurs "sera le levier majeur de la refondation du système éducatif", indique M. Peillon, dans un entretien aux quotidiens du groupe Ebra.

Les Espé, qui formeront les profs de la maternelle à l'université, accueilleront aussi les conseillers principaux d’éducation (CPE), avec certains enseignements communs, pour créer une "culture commune", propice au travail d'équipe.

Auparavant, les futurs enseignants étaient recrutés sur concours sur leurs connaissances académiques sans avoir été confrontés à une classe. Ils étaient titularisés après une année où ils alternaient temps devant une classe et formation, cette formation ayant disparu depuis la réforme de la "masterisation" à la rentrée 2010. Le recrutement a alors été hissé de bac+3 à bac+5, tandis que les postes aux concours fondaient à cause du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Résistances

Conjugué à une dévalorisation des rémunérations, cela a généré une crise des recrutements.

"Proposer une formation de qualité est un moyen de rendre ce métier plus attractif", a relevé Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, lors d'un colloque sur la formation des enseignants.

Désormais, les étudiants de master Métiers de l’enseignement, de l'éducation et de la formation (MEEF), passeront le concours en fin de première année (M1). En deuxième année, les admis feront un stage à mi-temps devant élèves.

Les concours "évoluent (...) sans abaisser en rien le niveau d’exigence disciplinaire", selon M. Peillon.

La nouvelle formation, promesse de campagne de François Hollande, suscite des résistances.

"On est en train de fabriquer à la fois des usines à gaz et des coquilles vides", estime sur son blog Philippe Watrelot, président des Cahiers pédagogiques, parlant de "précipitation".

Le Groupe reconstruire la formation des enseignants (GRFDE), réunissant plus de 200 chercheurs et formateurs, a demandé au président Hollande de "suspendre le projet", craignant "un affaissement du niveau de connaissances", dans une lettre dévoilée par le Café pédagogique.

"Il y aura une baisse du niveau", estime Thierry Astruc du syndicat Snesup-FSU. "C'est une réforme que tout le monde attendait, mais à l'arrivée, on a encore empiré".

"Vu l'état de la formation depuis la réforme Sarkozy, c'était hors de question d'attendre une année de plus, de sacrifier une génération supplémentaire", estime William Martinet à l'organisation étudiante Unef. "C'est difficile à mettre en place" et il devrait y avoir "quelques années d'ajustements".

Les effets d'une nouvelle formation des profs sur les résultats des élèves ne sont pas immédiats, prévient M. Charbonnier. "Les premiers effets peuvent être assez rapides, mais légers. A moyen-long terme, il y aura davantage d'effets. En Finlande, la réforme a été réalisée en 1969 et les premiers résultats ont été vraiment très criants vingt ans après".

Source : AFP

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