Chine: grand déballage de linge sale au procès de Bo Xilai

  • La police surveille les abords du tribunal populaire de Jinan, le 23 août 2013 lors du procès de Bo Xilai
    La police surveille les abords du tribunal populaire de Jinan, le 23 août 2013 lors du procès de Bo Xilai AFP - Mark Ralston
  • Gu Kailai, l'épouse de l'ex-dirigeant chinois Bo, apparaît dans un témoignage vidéo diffusé le 23 août 2013 au tribunal populaire de Jinan
    Gu Kailai, l'épouse de l'ex-dirigeant chinois Bo, apparaît dans un témoignage vidéo diffusé le 23 août 2013 au tribunal populaire de Jinan AFP - Mark Ralston
  • La villa "fontaine Saint-Georges", au coeur du procès de Bo Xilai en Chine, est photographiée le 8 août 2013 à Cannes
    La villa "fontaine Saint-Georges", au coeur du procès de Bo Xilai en Chine, est photographiée le 8 août 2013 à Cannes AFP - Jean-Christophe Magnenet
  • Une capture d'écran de la chaîne chinoise CCTV montre l'ex-dirigeant Bo Xilai (g), lors de son procès le 23 août 2013 au tribunal de Jinan (est)
    Une capture d'écran de la chaîne chinoise CCTV montre l'ex-dirigeant Bo Xilai (g), lors de son procès le 23 août 2013 au tribunal de Jinan (est) CCTV/AFP
Publié le
AFP

Le second jour du procès pour corruption de l'ex-haut dirigeant Bo Xilai a révélé comment les liens de confiance qui soudaient son clan ont soudain cédé, faisant déferler une haine qui a déclenché le pire scandale en Chine depuis des décennies.

"Elle est folle et elle ment", a ainsi lâché vendredi l'officiel déchu en parlant de sa propre femme, Gu Kailai. Celle-ci venait de l'accuser d'être au courant de pots-de-vin qu'elle avait reçus, dans un témoignage vidéo diffusé vendredi par le tribunal.

Mme Gu, actuellement écrouée après avoir été l'an dernier reconnue coupable de l'assassinat d'un Britannique, Neil Heywood, est apparue pâle et amincie dans cette séquence pré-enregistrée.

Interrogée sur le fait de savoir si son mari était au courant de billets d'avion et d'autres largesses offertes par un homme d'affaires proche du couple, Gu Kailai a d'abord répondu: "Il a bien dû savoir". Pressée par son interrogateur, elle a alors ajouté: "Je le lui avais dit".

La vidéo a été projetée dans la salle d'audience, au lendemain d'une première journée de débats durant laquelle Bo Xilai, 64 ans, a contesté toutes les charges à son encontre.

Ceci, selon des microblogs et des compte-rendus d'audience publiés par le tribunal, les autorités contrôlant étroitement ce procès sensible qui s'achèvera, de l'avis général des experts, par l'annonce d'un verdict préalablement décidé par la direction communiste.

Les choses se sont compliquées pour Bo vendredi, quand les juges ont convoqué un passé récent (2011-2012) et confronté des témoignages émanant de personnes qui l'ont toutes bien connu, à l'époque où ce leader charismatique était vu comme l'étoile montante du PC chinois.

Dans ce cercle d'intimes, en plus du fils (Bo Guagua) et de l'épouse (Gu Kailai), figuraient les amis hommes d'affaires (Xu Ming et Tang Xiaolin) et les amis étrangers (Neil Heywood et le Français Patrick Devillers), bien utiles pour servir de relais en Europe.

Selon l'accusation, les deux hommes d'affaires chinois ont abondamment versé des pots-de-vin, recevant en échange des facilités d'investissement dans la région industrielle de Dalian (nord-est) que gouvernait Bo Xilai. Et Heywood et Devillers ont aidé Gu et Bo à utiliser cette manne financière, que ce soit pour des voyages, l'argent de poche et les études de Guagua en Angleterre, ou l'achat d'une luxueuse villa à Cannes.

C'est justement cette villa qui a fait voler en éclats cette "petite entreprise" où, d'après le procureur, chacun trouvait son compte.

Dans un témoignage écrit présenté vendredi à la cour, Gu Kailai relate les diverses sociétés fondées à l'étranger pour acheter cette résidence, sans qu'apparaisse le nom de Bo.

Dans un autre témoignage, le Français Devillers explique lui qu'il fallait également essayer de payer le moins d'impôts possible, les fonds étant versés par Xu Ming.

Mais voilà, la villa, louée une partie de l'année, ne rapporte rien vu ses frais d'entretien, et Gu s'en plaint amèrement. C'est ce qu'a raconté l'ex-bras droit de Bo Xilai, le chef policier Wang Lijun, dans un autre témoignage produit vendredi au tribunal.

Heywood et Devillers, qui se sont succédé comme gestionnaires de la villa, sont finalement accusés par Gu Kailai de se remplir les poches en la volant. C'est Xu Ming qui est chargé de reprendre en main la maison, dont il confie la gestion à sa petite amie, Feng Jiang Dolby, ancienne présentatrice de la télévision chinoise.

Selon Gu Kailai, Neil Heywood, furieux d'avoir été mis à l'écart, menace de s'en prendre à Guagua. Le Britannique aurait même projeté d'enlever et tuer le fils Bo.

"En 2011 la sécurité de Guagua était en péril et Bo le savait bien", a-t-elle affirmé vendredi, dans sa déclaration écrite.

La Chinoise décide alors de tendre un piège au Britannique, qu'elle empoisonnera le 15 novembre 2011 dans le sud-ouest de la Chine. La révélation de ce crime, en février 2012 par Wang Lijun, déclenchera l'affaire Bo Xilai.

Vendredi, Bo Xilai a répété tout ignorer des pots-de-vin dont on l'accuse. Il a assuré n'avoir entendu parler que "très vaguement" de la villa de Cannes, sans la connaître ni savoir comment elle a été acquise.

Quant à son épouse, elle lui aurait confié s'être prise pour Jing Ke, homme considéré comme un héros pour avoir tenté d'assassiner le roi de Qin, futur Premier Empereur de Chine.

"Cela prouve en soi à quel point elle souffre de troubles mentaux", a lâché Bo Xilai, toujours selon le tribunal.

Source : AFP

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