FN ou PS: l'UMP enterre pour l'heure la hache de guerre

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AFP

Traumatisés par la guerre des chefs de novembre 2012, les ténors de l'UMP ont choisi mardi de mettre sous le tapis leurs divisions sur le FN, en adoptant à l'unanimité, François Fillon compris, une position consensuelle.

Après plusieurs jours de tension grandissante -le patron du mouvement Jean-François Copé n'hésitant pas à assurer qu'il en allait de "l'avenir" même du parti-, l'heure est clairement à la volonté d'apaisement.

La semaine dernière, François Fillon avait ébranlé la droite en renvoyant dos à dos FN et PS en cas de duel électoral, en recommandant de voter pour le "moins sectaire". Une position qui jetait aux orties à la fois la ligne officielle du mouvement pour le "ni-ni" (ni PS ni FN) et le "front républicain" défendu autrefois par Jacques Chirac et par lui-même.

Alors que ce revirement menaçait de faire éclater une UMP toujours en panne de leader depuis l'échec de Nicolas Sarkozy, ses principaux dirigeants, réunis dans la matinée au siège du parti rue de Vaugirard à Paris, sont convenus "à l'unanimité" de s'opposer "avec la même vigueur" à la politique "menée par les socialistes et leurs alliés d'un côté" et "à tous les extrémismes et les sectarismes" de l'autre.

Un texte vague, dont le principal mérite est d'avoir été adopté à l'unanimité des membres de ce comité, François Fillon compris.

Après la réunion, l'ancien Premier ministre s'est rendu devant les caméras pour répéter qu'il rejetait toujours toute "alliance" avec le parti d'extrême droite mais qu'il souhaitait aussi "s'adresser" à ses électeurs.

"En réalité, il y a un vrai consensus sur tout ça. Il peut y avoir des différences sémantiques, mais le positionnement politique est parfaitement clair", faisait mine de croire Jean-François Copé.

Dans l'entourage de ce dernier, on estime être sorti par le haut de "l'impasse totale" dans laquelle s'était placé François Fillon. "En réalité, c'est le +ni-ni+ qui continue", se félicite-t-on de même source.

Sifflets

Du point de vue de François Fillon, qui a voulu que le mot "sectarisme" soit dans la déclaration finale, on pourra se féliciter du flou de cette déclaration commune, qui se garde bien de répondre clairement à la question qui fait le fond de la polémique: les électeurs UMP peuvent-ils, en cas de duel entre un PS et un FN, choisir le candidat du parti d'extrême droite?

L'enjeu pour un parti, dont la survie avait été mise en jeu par la bataille pour sa présidence entre Jean-François Copé et François Fillon, était surtout de ne pas repartir dans une guerre de tranchées.

"On risquait l'explosion de l'UMP", a reconnu Nadine Morano.

Cet accord a minima suffira-t-il à colmater les brèches? Après le comité, les dirigeants du mouvement ont rejoint les députés du groupe pour leur réunion hebdomadaire à l'Assemblée. "Ca a été tendu", a rapporté un ténor du mouvement.

"Copé a dit que tout ça n'avait rien à voir avec ses relations avec Fillon: il y a eu des sifflets. Fillon a expliqué sa position, qui est incompréhensible: il y a eu des sifflets aussi", a rapporté le même.

Parmi les leaders qui ont pris la parole, Laurent Wauquiez a estimé qu'"on vient de se payer un psychodrame pour rien". Bruno Le Maire a demandé qu'on "revienne aux débats de fond".

Face à des militants fatigués de la guerre des chefs, l'UMP préfère temporiser. Les sondages les ont peut-être aussi fait réfléchir: dans le dernier baromètre Ipsos-Le Point, Marine Le Pen gagne six points d'opinions favorables, dont 16 chez les sympathisants UMP.

Source : AFP

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