La "Baleine de Londres" coûte près de 1 md de dollars d'amendes à JPMorgan

  • Le siège de JPMorgan Chase à New York
    Le siège de JPMorgan Chase à New York AFP/Archives - Emmanuel Dunand
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AFP

La facture de l'affaire de la "baleine de Londres" continue de s'alourdir pour JPMorgan Chase, qui va payer 920 millions de dollars d'amende à quatre régulateurs américains et britannique mais reste la cible d'autres enquêtes.

Dans une série d'accords amiables rendus publics jeudi, la banque a accepté de payer aux Etats-Unis 200 millions de dollars au gendarme boursier (SEC), 300 millions au régulateur bancaire (OCC) et 200 millions à la Réserve fédérale (Fed). En Grande-Bretagne, elle versera 220 millions de dollars à l'autorité boursière FCA.

Ces amendes sanctionnent essentiellement des manquements des systèmes de contrôle et d'information internes de JPMorgan en liaison avec les investissements de la "Baleine de Londres" Bruno Iksil, un trader français de la banque ainsi surnommé du fait de ses énormes positions risquées dans les dérivés de crédit. Début 2012, ces positions étaient devenues trop visibles et les traders d'autres banques s'étaient retournés contre lui, forçant JPMorgan à solder ses positions.

Le PDG Jamie Dimon avait initialement minimisé l'affaire, la qualifiant de "tempête dans un verre d'eau". Quelques mois plus tard, la banque avouait toutefois avoir perdu plus de six milliards de dollars, un coup pour sa réputation alors qu'elle résistait jusque là plutôt mieux que ses concurrentes à la crise.

"JPMorgan a échoué à garder ses traders sous surveillance alors qu'ils surévaluaient un portefeuille très complexe afin de cacher des pertes massives", a indiqué George Canellos, un dirigeant de la SEC.

Le gendarme boursier, qui accusait aussi JPMorgan d'avoir publié des résultats financiers faussés pour le premier trimestre 2012, a obtenu que la banque reconnaisse sa culpabilité. Cela tranche avec la pratique usuelle dans ce type d'accord, où les entreprises se contentent le plus souvent de ne pas démentir ni avouer les faits.

JPMorgan a salué jeudi "une étape majeure dans les efforts de l'entreprise pour mettre ces problèmes derrière elle", dans un communiqué où elle assure qu'elle "continue de coopérer avec les enquêtes en cours".

JPMorgan toujours pas tirée d'affaire

Bruno Iksil a lui-même passé un accord avec les autorités lui garantissant l'immunité en échange de sa coopération. Un de ses subordonnés, le Français Julien Grout, et son supérieur espagnol Javier Martin-Artajo ont en revanche été inculpés par les autorités américaines qui les accusent d'avoir dissimulé les pertes de la banque.

Dans un document boursier séparé, JPMorgan indique aussi que le département de la Justice (DoJ), le régulateur des marchés de produits dérivés (CFTC) et les autorités financières de l'Etat du Massachusetts (Massachusetts Securities Division) continuent d'enquêter, ce qui pourrait lui valoir des amendes supplémentaires.

La CFTC en particulier l'a informée lundi de son intention de prendre des mesures contre elle, précise la banque.

"Nous avons accepté notre responsabilité et reconnu nos erreurs dès le départ, nous en avons tiré les leçons et nous avons travaillé pour les réparer", a assuré jeudi Jamie Dimon, qui avait notamment vu en janvier son bonus réduit de moitié.

Les régulateurs, souvent critiqués pour leur manque de réactivité lors de l'éclatement de la crise financière, ont semble-t-il cette fois voulu faire un exemple.

L'amende de 200 millions de dollars infligée par la SEC est l'une des plus élevées de l'histoire de cet organisme et "sans précédent" pour des contrôles internes, ce qui "reflète la gravité des manquements (...) et des risques auxquels ils ont exposés l'entreprise et les investisseurs", selon George Canellos.

Pour le chef de l'OCC, Thomas Curry, "les amendes de près d'un milliard de dollars et les pertes de plus de 6 milliards (...) servent de rappels importants pour tous les banquiers sur l'importance d'avoir des contrôles prudents, une gouvernance solide, et une gestion des risques efficace".

La directrice de la FCA, Tracey McDermott, a pour sa part appelé les banques à "tirer les leçons de l'affaire et s'assurer qu'elles ont les pratiques, les valeurs et la culture nécessaires pour contrôler les risques de leur activité".

Source : AFP

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