Grèce: le chef du parti néonazi placé en détention provisoire

  • Nikos Michaloliakos entouré de policiers masqués le 2 octobre 2013 lors de son transfert au tribunal à Athènes
    Nikos Michaloliakos entouré de policiers masqués le 2 octobre 2013 lors de son transfert au tribunal à Athènes AFP - Louisa Gouliamaki
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AFP

Le chef du parti néonazi grec Nikos Michaloliakos a été placé en détention provisoire jeudi après une longue déposition devant un juge d'Athènes, a annoncé l'agence de presse grecque ANA.

Il est accusé de "diriger une organisation criminelle", selon l'agence, alors que les autorités grecques poursuivent leurs efforts pour faire taire le parti néonazi, après le meurtre le 18 septembre d'un musicien antifasciste par un membre d'Aube dorée.

Nikos Michaloliakos, qui est député, est un homme de 56 ans, admirateur des colonels dictateurs grecs des années 1960. Il tient les rênes du parti depuis 1980.

Les médias locaux ont précisé que les magistrats avaient également décidé de maintenir en détention un dirigeant local d'Aube dorée, accusé d'être impliqué dans le meurtre du musicien.

Mercredi, quatre députés du parti néonazi avaient été inculpés d'appartenance "à une organisation criminelle". Trois d'entre eux ont bénéficié d'une liberté conditionnelle, tandis que le quatrième, Yannis Lagos, a été placé en détention provisoire.

Yannis Lagos est lui aussi mis en cause dans le meurtre du musicien antifasciste Pavlos Fyssas, dans une banlieue près d'Athènes.

Le drame a bouleversé la Grèce, poussant les autorités à passer à l'offensive pour la première fois contre Aube dorée (Chryssi Avghi), qui a multiplié dans une quasi impunité ces dernières années des actes de violence contre migrants et militants de gauche.

Les mises en liberté conditionnelles ont surpris les observateurs, qui tablaient plutôt sur une incarcération préventive de tous les parlementaires, dans l'attente de leur procès.

Inculpés mais toujours détenteurs de leur mandat de députés, dont ils ne peuvent être privés qu'après une condamnation définitive, les parlementaires remis en liberté ont nié mercredi les accusations et dénoncé une "conspiration politique" à l'encontre du parti.

Au total six des 18 députés du parti avaient été arrêtés le week-end dernier dans un vaste coup de filet de la police antiterroriste, dont Nikos Michaloliakos, et son adjoint Christos Pappas, lequel déposera jeudi.

Une instruction complexe attend les juges d'instruction qui vont devoir rassembler des charges précises. Un rapport de la Cour suprême a lié Aube dorée à trois tentatives d'homicide et de nombreuses agressions, surtout contre des migrants.

Après des années de tolérance vis-à-vis des néonazis, le gouvernement s'est engagé à déposer au parlement un projet de loi antiraciste qui incrimine directement les actes xénophobes et nazis.

Elaboré initialement par les socialistes et la gauche, ce projet de loi avait été torpillé par les conservateurs.

Aube dorée, qui surfe sur le discrédit de la classe politique et une grave crise économique et financière en Grèce, avec un chômage à près de 28 pc, est entrée pour la première fois au Parlement lors des élections de juin 2012.

Le coup de filet des autorités grecques contre Aube dorée survient alors qu'Athènes s'apprête à prendre, le 1er janvier, la présidence tournante de l'Union européenne et que les discussions se poursuivent avec les créditeurs internationaux (UE,FMI,BCE) pour le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide d'un milliard d'euros à la Grèce.

Source : AFP

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