L'Italie veut renvoyer la dépouille du nazi Priebke en Allemagne

  • Le corbillard transportant la dépouille du criminel nazi Erich Priebke arrive à Albano Laziale, près de Rome, le 15 octobre 2013
    Le corbillard transportant la dépouille du criminel nazi Erich Priebke arrive à Albano Laziale, près de Rome, le 15 octobre 2013 AFP - -
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AFP

L'Italie tentait mercredi de renvoyer en Allemagne la dépouille du criminel nazi Erick Priebke, après l'annulation d'une cérémonie ponctuée d'incidents, 70 ans après la déportation des juifs de Rome.

Dans la matinée, la dépouille de l'ex-SS, décédé vendredi à l'âge de 100 ans, se trouvait à l'aéroport militaire de la capitale, à Pratica di Mare.

Ses funérailles religieuses, prévues mardi après-midi et qui devaient être célébrées par des intégristes catholiques près de Rome, avaient été annulées mardi soir en raison de la présence de néo-nazis.

"Nous avons été obligés de suspendre mardi les funérailles car il y avait le risque qu'elles se transforment en meeting néo-nazi", a déclaré mercredi matin à la presse le préfet de Rome, Giuseppe Pecoraro.

"Nous pensons résoudre la question dans la journée. Ces dernières heures des contacts ont été établis avec l'Allemagne", a ajouté M. Pecoraro.

"Il ne m'appartient pas de décider ni de l'incinération ni du lieu de l'enterrement, mais nous travaillons maintenant pour résoudre la situation de la manière la plus opportune", a ajouté le préfet de Rome.

Mardi, environ 500 manifestants antifascistes avaient protesté tout l'après-midi devant le séminaire de l'Institut Pie X, siège en Italie de la communauté intégriste fondée dans les années 80 par Mgr Marcel Lefebvre. L'arrivée du corbillard, dans la petite ville d'Albano Laziale, aux portes de Rome, avait été huée aux cris d'"assassin".

La foule, qui chantait "Bella Ciao" et scandait "nous sommes antifascistes", s'était agitée à l'apparition d'un groupe d'une dizaine de néofascistes. La police était intervenue pour éviter des dérapages.

Au moins deux personnes, armées de bouteilles et de chaînes, ont été interpellées.

De son côté, la Fraternité Saint Pie X a tenu à préciser mercredi qu'elle avait voulu célébrer cette cérémonie, "qui devait se tenir sous une forme privée", par "piété chrétienne et miséricorde" et non "comme un geste idéologique", insistant "sur son refus de toute forme d'antisémitisme et de haine raciale".

Priebke est l'un des responsables du massacre des Fosses Ardéatines à Rome, où 335 civils, dont 75 Juifs, avaient été tués en 1944 en représailles à une attaque au cours de laquelle 33 soldats allemands avaient été tués. Il vivait depuis près de 15 ans dans la capitale italienne, assigné à résidence au domicile de l'un de ses avocats, après avoir été condamné à la réclusion à perpétuité.

Le lieu de sa probable crémation puis de sa sépulture reste indéterminé.

Décision inédite, le Vatican avait interdit des funérailles religieuses dans une église de Rome. Ni l'Allemagne, son pays natal, ni l'Argentine où il a vécu caché pendant plus de 40 ans, ni Rome ne veulent de la dépouille de l'ex-capitaine SS.

"Nous refuserions un enterrement de Priebke", a déclaré une porte-parole de la mairie d’Hennigsdorf, petite ville de la banlieue de Berlin dont Priebke est originaire.

Cette controverse survient le jour-même où l'Italie commémore l'une des pages les plus sombres de son histoire. Le 16 octobre 1943, 1.024 juifs avaient été déportés dans des camps d'extermination. Seuls deux sont revenus vivants.

Dans la matinée, une cérémonie a été organisée, sous importante protection policière, à la grande synagogue de Rome, en présence du président Giorgio Napolitano.

"Aujourd'hui est le jour de la mémoire de ce qui est arrivé il y a 70 ans, ce moment tragique dans l'histoire de notre ville", a déclaré le maire de Rome, Ignazio Marino, ajoutant que sa ville ne pouvait pas "accepter d'enterrer un homme qui a pris part activement au massacre de 335 personnes, en leur tirant une balle dans la nuque".

"Les graines de souffrance et de violence existent toujours et nous, grâce à la mémoire, nous devons les extirper", a dit le maire qui va se rendre en fin de semaine à Auschwitz avec un groupe d'écoliers romains.

Source : AFP

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