Manuel Valls aux Antilles face à l'explosion de la délinquance

  • Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls visite la ZSP de Chambery-le-Haut le 11 octobre 2013
    Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls visite la ZSP de Chambery-le-Haut le 11 octobre 2013 AFP/Archives - Philippe Desmazes
  • Le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota, le 21 janvier 2010 à Pointe-à-Pitre.
    Le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota, le 21 janvier 2010 à Pointe-à-Pitre. AFP/Archives - Dominique Chomereau-Lamotte
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AFP

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls est arrivé mercredi en Martinique et va notamment se rendre dans une zone de sécurité prioritaire (ZSP), première étape d'une tournée de quatre jours aux Antilles confrontées à une explosion de la délinquance.

Cette visite intervient alors qu'il est l'objet d'un tollé de la part de la gauche après l'expulsion d'une collégienne rom kosovare de 15 ans, Leonarda Dibrani, interpellée lors d'une sortie scolaire. Matignon a annoncé qu'une "enquête administrative" était lancée et que ses résultats seraient connus dans 48 heures, en plein séjour de Manuel Valls aux Antilles.

En Martinique, puis en Guadeloupe, le ministre a prévu de se rendre dans des ZSP, son "bébé" créé il y a un an pour lutter contre la délinquance dans les zones sensibles.

Fort-de-France est l'une d'elles. Le ministre devait rencontrer dès son arrivée les riverains et commerçants du quartier des Terres-Sainville et "échanger" avec les polices nationale et municipale qui y composent une "brigade de sécurité de proximité".

Jeudi, il s'attellera, toujours en Martinique, aux problèmes de drogue endémiques aux Antilles en raison de leur situation géograghique stratégique pour les trafiquants. Avec démonstration d'une interception en mer d'un "go-fast", convoyage de drogue à grande vitesse.

Le parquet de Fort-de-France a annoncé mercredi, peu avant l'arrivée du ministre de l'Intérieur, que près de 300 kg de cocaïne avaient été trouvés dans un voilier arraisonné le 10 octobre au large de la Martinique et trois hommes interpellés.

Manuel Valls visitera ensuite l'autre ZSP des Antilles, en Guadeloupe, à Pointe-à-Pitre/Les Abymes. Depuis début 2013, 38 meurtres ont été répertoriés en Guadeloupe, un "record" en France selon les forces de l'ordre.

Vendredi soir Manuel Valls se rendra à Saint-Martin avant de repartir samedi pour la France.

Selon son entourage, il s'agit de "se rendre compte d'une situation complexe" et "apporter des réponses" aux violences.

"C'est du cinéma!", s'est exclamé mercredi le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota. "Que va dire Manuel Valls? Que c'est un pays violent, appeler à un sursaut républicain, donner quelques gendarmes, quelques policiers de plus? Ça ne va rien changer", a ajouté le porte-parole du LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, collectif anti-exploitation).

"Une destination sûre"

Pour Elie Domota, dont le collectif fut le fer de lance de la crise sociale de 2009 en Guadeloupe, "le noeud du problème, c'est le développement économique".

Le taux de chômage aux Antilles est deux fois plus important que la moyenne nationale: 22,9% en Guadeloupe et 21% en Martinique. Le chômage des moins de 25 ans est encore plus alarmant, avec plus d'un jeune actif sur deux sans emploi.

Manuel Valls est conscient des "attentes" de la population et des élus ultramarins, assure-t-on place Beauvau. Il devrait, toujours selon cette source, "tracer les lignes d'un programme" sans "céder aux effets d'annonce".

Il doit rencontrer plusieurs fois pompiers, policiers et gendarmes, la solution passant, dit encore son entourage, par une "plus grande symbiose entre forces de l'ordre".

Un récent bilan statistique de la délinquance, publié la semaine dernière par l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), fait apparaître une dégradation de la situation dans de nombreux domaines aux Antilles. Cambriolages et violences aux personnes y sont notamment en forte hausse outre la série noire des homicides.

La situation "ne peut être comparée" avec celle de Marseille "par exemple", estime toutefois l'entourage du ministre, "nous n'avons pas affaire à des règlements de comptes issus des trafics de drogue, il y a des violences familiales, des homicides liés à l'alcool et à la paupérisation". "C'est inquiétant, on ne peut le nier, mais il faut avancer de manière raisonnée", ajoute-t-on.

A l'occasion de cette visite, le Comité du tourisme des Iles de Guadeloupe a appelé les médias à ne pas parler uniquement de l'insécurité.

La "criminalité se restreint à certains quartiers bien identifiés" et "hors des circuits" du tourisme, "première économie privée du département", insiste-t-il dans un communiqué. La Guadeloupe est une "destination sûre", plaident les professionnels du tourisme.

Source : AFP

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