Leonarda: mobilisation lycéenne, résultats de l'enquête attendus

  • Des manifestants réclament la démission de Manuel Valls le 17 octobre 2013 à Paris
    Des manifestants réclament la démission de Manuel Valls le 17 octobre 2013 à Paris AFP - Thomas Samson
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AFP

Des milliers de lycéens ont manifesté jeudi pour réclamer le retour en France des élèves étrangers expulsés, dont Leonarda Dibrani, une collégienne d'origine kosovar, tandis que l'Elysée a évoqué une possible sanctuarisation, non seulement de l'école mais aussi du "temps de vie scolaire".

Après avoir perturbé dans la matinée les accès à une vingtaine de lycées parisiens, les jeunes manifestants - 2.500 selon la police, 7.000 selon leur syndicat Fidl - ont défilé dans la capitale aux cris de "Valls dehors", "Khatchik en France, Valls en Arménie!" pour exiger le retour de Leonarda Dibrani mais aussi de Khatchik Kachatryan, élève d'un établissement de Paris expulsé samedi en Arménie.

D'autres manifestations ont eu lieu à Mende, Avignon ou La Rochelle.

Leonarda, une collégienne du Doubs, avait été remise à la police lors d'une sortie scolaire et expulsée le 9 octobre vers le Kosovo.

Pour éviter le renouvellement d'interpellations en de telles circonstances, l'Elysée a évoqué jeudi soir une possible évolution des instructions ministérielles. Celles-ci pourraient être "précisées" si le rapport d'enquête sur l'expulsion de Leonarda Dibrani le "recommandait", a indiqué la présidence l'AFP.

Jean-Marc Ayrault a répété jeudi que le gouvernement prendrait ses "responsabilités" au vu des résultats, attendus vendredi, de cette enquête administrative.

A l'Elysée, on juge par ailleurs "inacceptables certaines attaques" formulées contre le ministre de l'Intérieur Manuel Valls dans cette affaire et notamment les appels à sa démission. Le Parti de gauche, coprésidé par Jean-Luc Mélenchon, avait "exigé" mercredi sa démission, fustigeant un "acte ignoble" du ministre de l'Intérieur.

Au cours des manifestations, un jeune homme a été interpellé pour jets de projectiles, la police faisant usage de bombes lacrymogènes contre les jeunes les plus agités.

Les lycéens ont prévu de se mobiliser à nouveau vendredi, veille des vacances de la Toussaint, et d'interdire une nouvelle fois l'accès à leurs établissements à partir de 08H00.

Dans un entretien à paraître vendredi dans Direct Matin, le ministre de l'Education Vincent Peillon dit "comprendre que les jeunes se mobilisent pour défendre des valeurs". Il leur demande toutefois "de trouver d'autres moyens pour s'exprimer" et les appelle "à retourner en cours".

Plusieurs organisations syndicales (étudiants, lycéens et parents) ainsi que le Réseau éducation sans frontière RESF ont appelé à une nouvelle manifestation parisienne, qui doit partir vendredi à 13H00 de la place de la Bastille pour rejoindre la Nation. Jean-Luc Mélenchon a prévu d'y participer.

Manuel Valls était quant à lui loin de Paris, en déplacement aux Antilles pour parler lutte contre la délinquance. Une visite largement éclipsée par les protestations contre l'expulsion d'élèves étrangers.

La politique migratoire "doit être à la fois ferme et respectueuse du droit et des personnes", a répété le ministre sur Radio Caraïbes International.

"Arrêter ces rafles"

Quant au père de Leonarda, Reshat Dibrani, il a reconnu auprès de l'AFP avoir menti aux autorités françaises sur les origines kosovares de sa famille, -dont la majorité des membres sont nées en Italie-, afin d'augmenter ses chances d'obtenir l'asile en France.

Des sources proches du dossier ont rapporté que cet homme de 47 ans avait eu des démêlés avec la justice pour des violences et de petits larcins.

Selon une autre source, le jeune majeur arménien expulsé est également connu de la police pour des faits délictuels non précisés.

La polémique lancée la veille ne s'est guère apaisée. "Il faut arrêter ces rafles", a déclaré la sénatrice écologiste Esther Benbassa.

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, tout en appelant à attendre les résultats de l'enquête administrative, a estimé "éminemment choquantes" les circonstances de l'interpellation de la jeune Leonarda si elles étaient avérées.

"Moi j'ai honte", a déclaré Josiane Balasko. "Je n'ai pas honte pour mon pays, parce que je suis sûre que mon pays, il vaut mieux que ça. J'ai honte pour le gouvernement", a ajouté sur RTL l'actrice très engagée auprès des sans-papiers.

Refusant que leurs collègues ayant interpellé l'adolescente servent "de boucs émissaires", des syndicats de police ont affirmé au contraire qu'ils avaient agi "avec beaucoup d'humanité" et n'avaient "rien à se reprocher".

Le président PS du conseil général du Doubs, Claude Jeannerot, a de son côté dénoncé les "anathèmes et condamnations prononcés" à l'encontre du préfet du département sous le feu des critiques.

Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir, Khatchik Kachatryan est le cinquième jeune majeur scolarisé à être expulsé, selon RESF, qui a aussi comptabilisé l'expulsion de dix familles avec enfants scolarisés.

Source : AFP

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