Estaing : le "nectar des dieux", une religion pour Manon Dalac

  • La famille Dalac est présente aussi sur le marché des pays de l'Aveyron de Bercy à Paris.
    La famille Dalac est présente aussi sur le marché des pays de l'Aveyron de Bercy à Paris. Rui Dos Santos/Centre Presse
Publié le , mis à jour
Anthony Causse et Rui Dos Santos

PORTRAIT. Tombée amoureuse des abeilles alors qu’elle était enfant, cette Estagnole originaire du Vallon de Marcillac produit et commercialise le miel en gros mais aussi sous d’autres formes. Et ça “butine” plutôt bien…

Il y en a qui, petits, tombent carrément dans la marmite; d’autres qui sont surpris le doigt dans le pot de confiture. Elle, elle a préféré plonger dans un bain de miel. Elle semble d’ailleurs y avoir pris goût puisqu'elle fidèle depuis au "nectar des dieux".

"Je devais avoir 7 ou 8 ans lorsque j’ai découvert l’univers des abeilles. J’étais dans une forêt quand j’ai aperçu une ruche… J’en possède aujourd’hui plusieurs dizaines!", résume Manon Dalac.

100% aveyronnais

Originaire du Vallon de Marcillac, travaillant à Estaing et vivant sur la commune de Saint-Julien-de-Rodelle, cette femme est "un produit 100 % aveyronnais". "Pur jus et pure souche!", s’amuse-t- elle dans un grand éclat de rire.
Vouant une véritable passion à ce nectar sucré, elle a concrétisé son rêve un quart de siècle après sa balade forestière: en faire son métier. Un bain de jouvence!

Remise en question

"J’avais 32 ans quand je me suis remise en question sur mes envies professionnelles", reconnaît-elle volontiers. La décision est prise: "Les abeilles seront au cœur de ma carrière". Retour donc au lycée pour une petite piqûre de rappel et pour apprendre ce métier. Malgré la difficulté de repartir sur les bancs de l’école, elle se lance à corps perdu pour avoir son bac. Qu’elle obtiendra d’ailleurs avec brio. Mais, elle l’avoue: "Le métier, je l’ai réellement appris auprès des anciens, lors de mes différents stages".

250 ruches

Aujourd’hui à la tête d’une affaire "qui marche bien", avec près de 250 ruches et une moyenne de 4 tonnes produites par an -"sauf en 2013 qui restera une année noire"- Manon Dalac admet que "cela n’a pas toujours été le cas".

Après des débuts difficiles, tous les marchés aveyronnais figurent à son tableau de chasse mais le client reste rare. De Rodez à Espalion, en passant par Estaing ou bien Saint-Amans-des-Cots. "Les gens ne savaient pas qui j’étais mais, c’est comme pour tout, il faut du temps pour établir le contact", admet l’apicultrice qui, sourire aux lèvres, souligne que "aujourd’hui, les clients viennent car ils me connaissent et, surtout, ils ont goûté mes produits".

Crêperie à Estaing

Les années 2000 marquent un tournant. La productrice crée Au plaisir du goût, une crêperie dans le centre historique d’Estaing, au n° 3 de la rue du Château, où la dégustation de miel est possible: "Les visiteurs poussent la porte et, avant d’acheter, ils peuvent déguster le miel tout en demandant quelques explications. Toujours curieux de mieux comprendre comment est produite cette substance sucrée et parfumée".

Miel d'acacia, de châtaignier et de pissenlit

De châtaignier, d’acacia ou de pissenlit, la gamme de miel, produite aux quatre coins du département, est très vaste. "L’Aveyron dispose d’une grande diversité de territoires et cette variété permet d’obtenir des miels très différents, entre les zones de prairie et de montagne", détaille Manon Dalac. Et l’intéressée de poursuivre: "On a ce qu’il faut chez nous. On peut tout faire naître ici". C’est ainsi que la production de miel d’acacia est issue du bassin decazevillois, tandis que celui de châtaignier est produit sur la commune d’Estaing. Quant au miel de pissenlit, il provient des prairies de Saint-Julien-de-Rodelle qui, selon les propres termes de l’apicultrice, "en sont gorgées au printemps".

Confiture de miel et pain d'épice

Le miel de Manon, c’est le nom de ces nectars 100 % aveyronnais, ne se limite pas qu’à la production de miel, aussi variée soit-elle. Gourmands et gourmets peuvent aussi découvrir la confiture de miel, la propolis, le pain d’épice, les bonbons, ou encore le vinaigre de miel ou l’hydromel (boisson alcoolisée obtenue par la fermentation du miel dans de l’eau). "C’est ma valeur ajoutée, assure-t-elle. De toute façon, je ne m’en sortirais pas qu’avec le miel en gros".
Elle vit "à fond" pour son métier et sa passion semble apparemment contagieuse puisque sa fille, âgée de 28 ans, travaille aujourd'hui avec elle. Angélique est probablement tombée dans le bain quand elle était petite!
 

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