Gel sur le vignoble de marcillac : "50 % de l’appellation est anéantie… et ce n’est pas fini"

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  • Une épaisse fumée pour absorber les premiers rayons du soleil. Une épaisse fumée pour absorber les premiers rayons du soleil.
    Une épaisse fumée pour absorber les premiers rayons du soleil. Domaine Laurens - Domaine Laurens
  • Des feux pour tenter de sauver ce qui peut l’être
    Des feux pour tenter de sauver ce qui peut l’être Centre Presse - Ph. R.
  • Des feuilles flétries, une vigne stoppée
    Des feuilles flétries, une vigne stoppée Centre Presse - Ph. R.
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Le patron de l’AOC marcillac et des AOC du département a constaté les premiers dégâts causés par le gel.

Une odeur de bois brûlé embaume encore le village de Clairvaux en ce lundi 22 avril au matin. Elle descend des vignes. Avant les premiers rayons du soleil, quelques vignerons comme la famille Laurens ont allumé des bûchers, "avec l’espoir de sauver quelques bourgeons". Mais les dégâts sont déjà importants au sein de l’appellation AOC marcillac. "En allumant un feu épais, on tente de bloquer les premiers rayons du soleil qui vont provoquer ce gel. Mais c’est très aléatoire", relate Vincent Laurens, du domaine éponyme.

Philippe Teulier, du domaine du Cros, estime à au moins cinquante pour cent les dégâts déjà causés par le gel. "Et ce n’est pas terminé", souffle-t-il. Les météorologues annoncent en effet une nuit, voire les deux nuits prochaines avec un thermomètre qui amorcera une descente en dessous de ce zéro qui peut être fatale pour les vignes. Il n’a d’ailleurs pas attendu ce nouveau gel pour alerter la MSA. "Je suis également élu au sein de la Mutuelle et cela fait partie de mon rôle de les alerter sur les situations inquiétantes". Et de plaider notamment sur un soutien au niveau des cotisations par exemple, voire un soutien psychologique, pour les "jeunes" notamment.

"Beaucoup de gens ne se rendent pas compte"

Le vigneron pense en effet à ceux qui se sont récemment installés. "Les vieux domaines comme les nôtres ; nous avons de la résilience. Ce n’est pas forcément les cas pour les plus récents". Cet épisode de gel fait en effet suite à une année 2023 marquée par le mildiou, du stress hydrique en 2022 et une année 2021 également touchée par le gel, tout comme celle de 2017. "Et je pourrai comprendre qu’à force, un jeune installé ait envie de tout envoyer balader" lance Philippe Teulier. " Pour garder le même rendement chaque année, il faut augmenter les surfaces" analyse Vincent Laurens. "À force d’avoir une succession de rendements à la baisse, cela devient compliqué pour beaucoup de monde". "En soi, on est préparé à un problème climatique. Mais on n’est pas préparé à ce qu’il se répète", glisse Philipe Teulier.

Il suffit de descendre de quelques mètres en contrebas de sa cave, sur les hauteurs de Clairvaux, pour constater les dégâts. Des rangées entières de vignes ont les feuilles flétries, les fleurs figées. "Là, c’est mort. Il n’y a plus rien à faire". Et de jeter son regard sur les ceps où les feuilles naissantes, d’un vert brillant, sont porteuses d’espoir. Beaucoup de monde ne se rend pas compte des dégâts qui ont été causés avec le gel que l’on a connu dans la nuit de vendredi…"

"Aider la vigne"

Devant un sureau en fleurs, il glisse : "La météo de ces derniers jours, avec notamment des pics de chaleur, a accéléré le développement de la végétation, et on savait qu’un épisode de gel pouvait nous toucher". Des températures basses à cette période de l’année n’étant en effet pas exceptionnelle.

"On touche du doigt les effets du changement climatique", avise Vincent Laurens, qui évalue entre 30 et 50 % de pertes. Pour lui, au regard de ce qu’il se passe dans de nombreux vignobles en Fance, la filière ne pourra faire l’économie d’une réflexion globale. "Il faudra bien arriver à se protéger des aléas tout en assurant des rendements durables, même dans nos vignobles qui sont un peu atypiques".

Pour Philippe Teulier, il sera temps de dresser un bilan plus précis des dégâts dans les jours à venir. Dans le Nord-Aveyron, la situation semble tout aussi catastrophique. Au domaine Mousset, du côté d’Entraygues et Le Fel, on préfère attendre la fin de semaine pour s’exprimer sur l’importance des dégâts. "Mais il y a déjà beaucoup de mal qui a été fait… On va continuer à allumer des feux. Une manière pour nous d’aider la vigne. Je crois en tout cas qu’elle en a besoin".

Les deux prochaines nuits s’annoncent une nouvelle fois rudes. "C’est le travail de toute une année que l’on veut sauver."

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Les commentaires (1)
Gilou12740 Il y a 9 jours Le 24/04/2024 à 09:40

Il y aura moins de crampe d'estomacs