Aveyron : un nouveau binôme à la tête de la coopérative pour bonifier le marcillac

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  • Samuel Mestreet Jean-Baptiste Coudercaux commandes de la cavedes vignerons de Valady.
    Samuel Mestreet Jean-Baptiste Coudercaux commandes de la cavedes vignerons de Valady. OC
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Olivier Courtil

Samuel Mestre et Jean-Baptiste Couderc, respectivement nouveau directeur et président de la cave des vignerons de Valady, veulent remettre l’humain au cœur de la coopérative pour développer l’appellation.

C’est un retour aux sources pour Samuel Mestre qui gambadait au milieu des vignes de Bougaunes où réside la maison familiale, commune de Marcillac. De son père Gilbert, amateur de livres et de vin, il a puisé la curiosité dans cet atavisme. Faisant l’apprentissage de la connaissance par l’autre. La richesse de l’échange. Et près d’un quart de siècle après avoir œuvré au château Roquefort dans le Bordelais et ses cent hectares, Samuel Mestre se retrouve à la direction de la cave des vignerons de Valady, succédant à Jean-Marc Gombert, disparu l’été dernier. "J’avais toujours eu dans la tête de revenir en Aveyron, ce sont mes racines. Il n’y a rien à perdre, tout à gagner." Comme un écho à la sentence de Nelson Mandela : "Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends." Et d’ajouter : "Le salut viendra de l’extérieur. Il faut faire prendre conscience aux Aveyronnais qu’ils ont une pépite. Il faut rendre la fierté aux Aveyronnais. Être fier d’ouvrir une bouteille de marcillac, dire qu’il y a une part de soi au vigneron et de partager."

La solidarité du coopératif

Lui qui vient de l’extérieur justement, a fait ce pas de côté qui permet d’apporter un regard neuf. Avec l’expérience acquise au fil des années qu’il l’a même conduit à devenir maire de Daubèze en Gironde. "La fibre coopérative est celle de la solidarité que l’on retrouve dans l’engagement communal. C’est avancer ensemble, tirer vers le haut dans un esprit collectif. C’est ce que je veux apporter, véhiculer le coopératif."

D’autant que la consommation de vin baisse, la bière est passée devant la boisson de Bacchus pour la première fois l’an dernier. L’inflation et le changement climatique s’ajoutent à la problématique. Le chantier est vaste mais c’est justement "ce challenge" qui sied à Samuel Mestre, âgé de 48 ans. Age où une nouvelle vie commence. Celle qui sait que l’on en a qu’une et la rend d’autant plus précieuse. Cela commence par la proximité avec les vignerons, les adhérents de la cave. "Il faut remettre l’humain au cœur de la coopérative. Notre plus petit adhérent fait 120 bouteilles, seul il ne pourrait pas le faire." Rappeler l’histoire et l’esprit, en somme. "La cave a été un tremplin pour les vignerons. Il faut donner les clefs de la valorisation pour donner envie de devenir viticulteur et de perdurer. "

Faire perdurer ce métier antique, première victime des aléas climatiques, Jean-Baptiste Couderc, nouveau président de la cave suite au départ de Kasper Ibfelt, se retrouve complètement dans cette nécessité de transmission. Âgé de 32 ans, il est depuis quatre ans en Gaec à Clairvaux, la troisième génération de vignerons. Neuf hectares de vignes et une soixantaine d’aubracs, pour ce qui fait la spécificité de la cave avec 75 % d’adhérents vignerons en polyactivités. "J’ai pris conscience lors de mes études agricoles à Purpan à Toulouse que mon envie est d’être le premier maillon de la chaîne. Puis, Jean-Marc Gombert m’avait sollicité et j’ai accepté de reprendre le flambeau. Nous avons avec Samuel, la même vision de la cave."

Vigneron ambassadeur

La spécificité des vignerons de la cave qui compte un infirmier réanimateur, un ancien tailleur de pierre, des éleveurs, etc. s’avère une richesse. C’est l’opportunité de "faire des cuvées pour identifier nos adhérents, mettre en avant cette diversité", avance Samuel Mestre. Cela passe aussi par s’adapter. Au climat comme à la demande. "Le changement est plus acceptable en temps de crise. Samuel arrive avec un œil neuf et son expérience", poursuit Jean-Baptiste Couderc. "Il y a un ressenti d’accompagnement de la part des adhérents." De nombreux événements, en Aveyron et au-delà, égrèneront le marcillac au fil des saisons. Avec pour appui la coopérative Unicor qui, de sa fusion avec Capel dans le Lot, proposera notamment un laboratoire d’analyses œnologique. La base étant la qualité, reste à faire savoir. À commencer, dès ce vendredi soir par convier les adhérents à la brute de cuve 2023. "Créer les échanges pour tisser le lien avec les adhérents, qu’ils se sentent impliqués, être les ambassadeurs." Et pour les accompagner, le binôme projette deux nouveaux films, l’un de promotion, l’autre pour l’auditorium. Histoire de montrer le travail de vigneron, l’amour à sa terre, au fer servadou, au verre de marcillac.

32 adhérents à la cave de Valady fondée en 1962.

1967, la cave entre dans le giron de la Cadauma aujourd’hui Unicor et un nouveau nom sera dévoilé le 29 mars suite à sa fusion avec Capel dans le Lot.

1990, obtention de l’Appelation d’origine contrôlée (AOC).

110 hectares de marcillac liés à la cave avec les adhérents et 100 hectares proviennent des vignerons indépendants.

400 hectares de vignobles en Aveyron dont 210 de marcillac.

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