Arbitrage Adidas: Tapie à nouveau attendu par les juges

  • Maurice Lantourne et Bernard Tapie le 10 septembre 2008 à Paris
    Maurice Lantourne et Bernard Tapie le 10 septembre 2008 à Paris AFP/Archives - Jacques Demarthon
  • Bernard Tapie, le 10 juillet 2013 à Paris
    Bernard Tapie, le 10 juillet 2013 à Paris AFP/Archives - Fred Dufour
  • Infographie sur Bernard Tapie et les principaux protagonistes et rouages de l'affaire de l'arbitrage
    Infographie sur Bernard Tapie et les principaux protagonistes et rouages de l'affaire de l'arbitrage AFP
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AFP

L'homme d'affaires Bernard Tapie est attendu jeudi par les juges du pôle financier de Paris pour être entendu dans l'enquête sur l'arbitrage qui lui a accordé 403 millions d'euros en 2008 pour solder son contentieux avec le Crédit Lyonnais.

Comme quatre autres protagonistes, Bernard Tapie a déjà été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans cette affaire.

"J'imagine que les juges ont plein de questions à me poser. Mais j'aimerais aussi savoir pourquoi il y a tant d'écart entre ce qui est sorti dans la presse et ce qu'il y a dans le dossier", a affirmé à l'AFP l'homme d'affaires, aujourd'hui propriétaire du quotidien La Provence.

"Je dois démontrer aux juges que tout, dans cet arbitrage, s'est passé d'une manière loyale et je pense qu'on a tous les éléments pour le faire", a-t-il ajouté.

Les trois juges d'instruction chargés du dossier ont eux le soupçon d'un "simulacre" d'arbitrage, organisé notamment par l'homme d'affaires, son avocat Maurice Lantourne et l'un des trois juges arbitres, Pierre Estoup.

Stéphane Richard, qui dirigeait le cabinet de la ministre Christine Lagarde à Bercy, et Jean-François Rocchi, l'ex-patron du CDR, la structure chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais, placée sous la tutelle de l'Etat, sont aussi poursuivis. Les cinq protagonistes sont tous mis en examen pour "escroquerie en bande organisée".

L'enquête a notamment révélé les multiples rendez-vous de Bernard Tapie à l'Elysée en 2007, avant que le CDR, puis sa tutelle, l'EPFR, ne décident de tourner le dos à la justice ordinaire et de recourir à un arbitrage. Lors de leur audition, MM. Richard et Rocchi ont confirmé que l'homme d'affaires avait bien participé à une partie d'une réunion sur le litige, au secrétariat général de l’Élysée, fin juillet 2007.

Jusque-là, la cour d'appel de Paris avait condamné en 2005 le Crédit Lyonnais à dédommager Bernard Tapie à hauteur de 135 millions d'euros pour la vente d'Adidas en 1993, mais la Cour de cassation avait cassé cette décision en 2006. La sentence arbitrale, rendue en juillet 2008, a accordé 403 millions d'euros à l'ancien propriétaire d'Adidas, dont 45 au titre du préjudice moral.

Fraude fiscale

Les magistrats instructeurs se sont aussi penchés sur des liens anciens entre Pierre Estoup et l'avocat de M. Tapie, Maurice Lantourne, alors que le juge arbitre était censé être indépendant des parties. Pierre Estoup, un ancien magistrat âgé de 87 ans, a d'ailleurs écopé d'une nouvelle mise en examen mardi, pour faux, en raison d'une déclaration d'indépendance préalable à l'arbitrage présumée mensongère.

Autre élément troublant, cet exemplaire d'un livre de Bernard Tapie, dédicacé par l'homme d'affaires à Pierre Estoup le 10 juin 1998, avec cette mention: "Votre soutien a changé le cours de mon destin". L'homme d'affaires et M. Estoup se sont efforcés de relativiser cet épisode, Bernard Tapie ne manquant pas une occasion de souligner qu'il avait estropié le nom du magistrat, en écrivant "Estoupe" et non "Estoup".

L'ancien ministre de François Mitterrand, qui se dit aujourd'hui victime de l'"État socialiste", a vu les fronts judiciaires se multiplier ces dernières semaines.

Depuis le 13 septembre, il est aussi visé par une information judiciaire pour fraude fiscale, après deux plaintes de Bercy. L'enquête, confiée au juge financier Serge Tournaire, porte sur la régularité de ses déclarations fiscales postérieures à l'arbitrage rendu en juillet 2008.

En outre, les magistrats, qui ont déjà opéré des saisies sur ses biens, ont également bloqué un transfert d'1,8 million d'euros vers Hong-Kong, un mouvement signalé par Tracfin, la cellule antiblanchiment de Bercy. Bernard Tapie a assuré à l'AFP que ce virement était destiné à "payer l'ensemble des charges de structure" d'une filiale de son groupe en Asie.

Déjà visé par l'enquête pénale, l'arbitrage litigieux fait aussi désormais l'objet de plusieurs recours en révision intentés par les pouvoirs publics au civil.

Source : AFP

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