Syrie: l'opposition prête à discuter à Genève, sous conditions

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AFP

L'opposition syrienne a donné lundi à la quasi-unanimité son feu vert à une participation sous strictes conditions à d'éventuels pourparlers de paix à Genève avec le régime de Damas, une décision immédiatement saluée par les Etats-Unis, parrains, avec la Russie et l'ONU, de ce projet de conférence.

A l'issue d'une deuxième journée de discussions à Istanbul, les différentes factions de la Coalition ont annoncé, à l'issue d'un vote organisé dans la nuit de dimanche à lundi, leur accord de principe aux pourparlers de paix.

Dans un communiqué publié en arabe, la Coalition a indiqué qu'elle "désire participer à la conférence sur la base d'un transfert intégral du pouvoir et à condition que Bachar al-Assad et ceux qui ont du sang syrien sur les mains ne jouent aucun rôle dans la phase transitoire et dans l'avenir de la Syrie".

Le régime de Damas a d'ores et déjà rejeté catégoriquement ce scénario.

Avant la réunion de son assemblée générale à Istanbul, le président de la principale vitrine politique des adversaires du régime syrien, Ahmad Jarba, avait à plusieurs reprises posé la même condition pour s'asseoir à la table des négociations.

Comme l'avait également déclaré M. Jarba précédemment, le communiqué de la Coalition a exigé "qu'avant la conférence, l'accès aux zones assiégées (par l'armée NDLR) soit garanti" aux organisations humanitaires et exigé "la libération des détenus, principalement des femmes et des enfants".

En visite à Abou Dhabi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est réjoui du "grand et important pas en avant" accompli par l'opposition syrienne.

"Une solution négociée est la meilleure façon de renforcer la stabilité dans toute la région", "de mettre rapidement fin à l'effusion de sang et de donner au peuple syrien l'avenir qu'il mérite", selon lui.

Les autres pays occidentaux et arabes qui soutiennent à bout de bras les adversaires du président Assad sont, eux, restés discrets.

Depuis plusieurs semaines, ces pays du groupe dit des "amis" de la Syrie s'efforcent de convaincre l'opposition de s'asseoir à la même table que le régime.

Si certains membres de la Coalition se sont déclarés prêts à se rendre en Suisse, notamment les Kurdes syriens, d'autres refusaient catégoriquement.

Difficultés persistantes

A commencer par le Conseil national syrien (CNS), sa principale branche, qui a même menacé de claquer la porte de la Coalition si certains de ses membres consentaient à faire le voyage en Suisse. Une vingtaine de groupes rebelles combattant sur le terrain avaient menacé de les juger pour "trahison" et de les exécuter.

Selon le chef de cabinet du président Jarba, nombre d'entre eux se sont rangés à l'idée d'une participation. "La résolution a été votée à la quasi-unanimité. Le CNS a, à l'évidence, changé d'avis puisqu'il a voté pour", a affirmé à l'AFP Monzer Akbik.

M. Akbik a également indiqué que certains groupes de l'Armée syrienne libre (ASL), avec lesquels la Coalition a engagé des discussions, s'étaient déjà ralliés à l'idée d'éventuelles discussions de paix.

"Quand vous expliquez à certains groupes que la transition politique signifie un changement de régime, ils comprennent et sont d'accord", a-t-il dit, sans citer ces groupes.

Mais des dissensions demeurent. "Se rendre à Genève 2 ou pas sera la décision du peuple syrien (...) la Coalition n'est qu'un organe pour appliquer sa volonté", déclarait encore dimanche l'un des membres du CNS et porte-parole de la Coalition, Louay Safi.

L'opposition syrienne poursuivait lundi soir ses discussions à Istanbul, notamment pour désigner le gouvernement de son "Premier ministre" intérimaire Ahmad Tomeh, chargé d'administrer les territoires syriens aux mains des rebelles.

En Syrie-même, neuf enfants ont été tués lundi par des obus de mortiers dans deux quartiers majoritairement chrétiens du centre de Damas, selon les médias officiels qui ont mis en cause les "terroristes", le terme utilisé par le régime pour désigner les rebelles.

Depuis mars 2011, le conflit syrien a fait plus de 120.000 morts, selon l'OSDH, et des millions de réfugiés, selon l'ONU.

Source : AFP

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