Allemagne: un ex-président jugé pour avoir accepté 700 euros

  • L'ancien président allemand Christian Wulff (c) et ses avocats au tribunal de Hanovre, le 14 novembre 2013
    L'ancien président allemand Christian Wulff (c) et ses avocats au tribunal de Hanovre, le 14 novembre 2013 Pool/AFP - Kai Pfaffenbach
  • L'ex-président allemand Christian Wulff arrive au tribunal de Hanovre pour son procès, le 14 novembre 2013
    L'ex-président allemand Christian Wulff arrive au tribunal de Hanovre pour son procès, le 14 novembre 2013 Pool/AFP
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AFP

Le premier procès contre un ancien chef d'Etat en Allemagne s'est ouvert jeudi à Hanovre (nord), où l'ex-président Christian Wulff doit répondre de trafic d'influence pour avoir indûment accepté le cadeau d'un ami... d'une valeur de 700 euros.

Une horde de journalistes attendaient l'ancien responsable politique devant le palais de justice pour ce procès, aboutissement d'une vaste polémique démarrée fin 2011, mais qui s'est largement dégonflée sur le plan judiciaire.

"Ce n'est pas un jour facile. J'espère balayer la toute dernière accusation qui reste (contre moi), car je me suis toujours comporté convenablement", a déclaré M. Wulff, 54 ans, qui portait ostensiblement la barrette de la croix allemande du mérite au revers de sa veste, à son arrivée.

L'ancien président encourt une peine de trois ans de prison.

L'"affaire Christian Wulff" avait démarré par des informations dans la presse concernant un prêt aux conditions particulièrement favorables accordé pour l'achat d'un bien immobilier alors qu'il était président de l'État-région (Land) de Basse-Saxe de 2003 à 2010.

Les révélations s'étaient ensuite multipliées sur des invitations, privilèges et autres cadeaux dont il aurait été le destinataire.

Après avoir longtemps résisté à la tempête médiatique, Christian Wulff avait fini par démissionner en février 2012, après que le parquet de Hanovre eut levé son immunité.

Mais au bout d'un an et demi d'enquête minutieuse, il ne reste plus que cette prévention de "trafic d'influence" pour une note d'hôtel et une visite à la Fête de la bière de Munich en 2008, réglée par son richissime ami, le producteur de cinéma David Gronewold, pour environ 700 euros.

La contrepartie de ce cadeau aurait été une intervention de Wulff, alors ministre-président de Basse-Saxe, en faveur de Groenewold lors d'un appel d'offre de Siemens.

La somme peut paraître dérisoire. Certains défenseur de l'ex-président dénoncent un acharnement contre celui qui fut considéré, avant son accession à la présidence de la République, comme une étoile montante du parti conservateur de la chancelière Angela Merkel, et même comme un de ses successeurs potentiels.

La justice allemande a prévu 22 journées d'audiences jusqu'en avril 2014, pour ce procès, et 46 témoins seront appelés à la barre.

C'est en fait, M. Wulff, lui-même qui a tenu à ce que le procès ait lieu, convaincu qu'il serait en mesure de prouver son innocence et de laver son honneur. Il a refusé un arrangement amiable proposé par la justice allemande, moyennant une reconnaissance de culpabilité et le paiement de 20.000 euros d'amende.

"La démission de Christian Wulff (...) était une bonne chose", affirmait jeudi le quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild, dans un éditorial, tout en critiquant la tenue d'un procès, qu'il jugeait superflu compte tenu du fait que "la plupart des accusations ont été balayées".

Sur douze rédacteurs en chef de médias allemands, interrogés par Bild, tous estimaient que la démission du président s'imposait. Dix d'entre eux jugaient le procès "nécessaire".

Les journalistes rappelaient la légèreté avec laquelle M. Wulff avait accueilli publiquement les accusations, tout en s'activant en coulisse pour empêcher la publication d'articles défavorables, notamment en laissant un message menaçant sur le répondeur du redacteur en chef de Bild en décembre 2012.

A peine entamé, jeudi, le procès a été suspendu après une requête d'un avocat de la défense estimant qu'il y avait eu trop de places réservées aux journalistes dans la salle d'audience.

Source : AFP

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