Philippines: les corps transportés vers des fosses communes, l'aide aux survivants trop lente

  • Les corps des victimes du typhon Haiyan dans des sacs mortuaires, le 14 novembre 2013 à Tacloban, aux Philippines
    Les corps des victimes du typhon Haiyan dans des sacs mortuaires, le 14 novembre 2013 à Tacloban, aux Philippines AFP - Philippe Lopez
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AFP

De nombreux corps, beaucoup non identifiés, doivent être transportés jeudi vers des fosses communes, une tache macabre mais essentielle pour assainir une ville des Philippines quasi rasée par le typhon, où les survivants implorent qu'on les aide.

La chef des opérations humanitaires de l'ONU a reconnu jeudi que l'aide aux innombrables survivants du typhon Haiyan qui a ravagé les Philippines était trop lente, déplorant qu'ils aient été "abandonnés" dans une situation désespérée.

"Je pense que nous sommes tous extrêmement bouleversés d'être au sixième jour et de n'avoir pas pu atteindre tout le monde", a déclaré Valerie Amos à Manille, reconnaissant que l'aide n'avait pas atteint des zones où "les gens ont un besoin désespéré d'aide".

Six jours après Haiyan dont le bilan devrait se chiffrer en milliers de morts, près de 200 sacs mortuaires étaient alignés jeudi matin à l'extérieur de la mairie de Tacloban, capitale de l'île de Leyte particulièrement meurtrie par le typhon.

"Il y a encore tellement de cadavres dans tellement d'endroits. Ca fait peur", a commenté le maire Alfred Romualdez, alors que flotte dans l'air l'odeur persistante de décomposition des corps qui jonchent encore les rues de sa ville, faisant peser des risques sanitaires.

"Quand il y a une demande d'une communauté pour qu'on collecte cinq ou dix corps, quand nous arrivons, il y en a quarante".

La municipalité estime avoir déjà collecté 2.000 corps, alors qu'estimer le bilan du typhon reste difficile.

L'ONU a évoqué la mort possible de 10.000 personnes dans la seule ville de Tacloban, mais le président philippin Benigno Aquino a estimé ce chiffre "trop élevé", parlant de "2.000 à 2.500" morts. Le dernier bilan officiel provisoire fait quant à lui état de 2.357 morts et 77 disparus.

A Tacloban, les opérations de récupération des corps s'organisent petit à petit mais les autorités locales ont besoin d'aide, a plaidé Romualdez, réclamant "plus d'hommes et plus d'équipement", notamment de transport.

"Je ne peux pas utiliser un camion pour collecter les cadavres le matin et l'utiliser pour distribuer de l'aide l'après-midi", a-t-il insisté.

Des empreintes pour identifier les corps

Le secrétaire du gouvernement Rene Almendras a reconnu que les autorités avaient été dépassées par le nombre de morts. "La raison pour laquelle la collecte des corps s'est arrêtée, c'est que nous nous sommes retrouvés à court de sacs mortuaires", avait-il déclaré mercredi. "Mais nous avons 4.000 sacs maintenant. Nous faisons en sorte d'en avoir plus que nécessaire".

Des dizaines de victimes devraient être enterrées jeudi dans deux fosses communes à l'extérieur de Tacloban, l'une pour les corps identifiés, l'autre pour les inconnus, dont les empreintes ont été prises pour tenter de les identifier a posteriori.

Mais mercredi, une tentative d'enterrement collectif avait été reportée, le convoi ayant dû faire demi-tour en raison de coups de feu dans une région qui a vu se multiplier pillages et autres actes de violences. Huit personnes sont notamment mortes mardi écrasées lors de l'effondrement du mur d'un entrepôt de riz en train d'être pillé par des survivants dans une ville proche de Tacloban, où armée et police ont été déployées pour rétablir l'ordre.

Près d'une semaine après le passage d'un des typhons les plus puissants à avoir touché terre, accompagné de vents à plus de 300 km/heure et de vagues de 5 mètres, l'ONU a souligné jeudi que l'aide devait être accélérée. "La situation est lugubre", a déclaré à Manille Valerie Amos, chef des opérations humanitaires des Nations unies, de retour de Tacloban.

"Les gens ont désespérément besoin d'aide. Nous devons leur apporter de l'aide maintenant. Ils disent déjà qu'elle prend trop longtemps à arriver. Assurer une distribution plus rapide est notre (...) priorité immédiate", a-t-elle ajouté.

Désespérés par la lenteur de l'aide, des centaines de sinistrés se pressent chaque jour à l'aéroport en ruines de Tacloban, espérant pouvoir obtenir une place sur un des rares vols en partance.

Le chaos

"Des gens ont marché pendant des jours sans manger, pour arriver ici et attendre des heures ou des jours", même sous la pluie, a raconté Efren Nagrama, un responsable de l'aviation civile. "Les gens sont poussés vers leur point de rupture. Ils voient des avions d'aide arriver mais ils ne peuvent pas obtenir de nourriture ou partir. C'est le chaos".

Les nombreux pays, ONG et agences internationales ont annoncé d'importantes aides financières et matérielles.

Le porte-avions américain George Washington et plusieurs autres navires de la Marine américaine ont quitté Hong Kong mardi, avec 7.000 marins à bord, pour se rendre au plus vite vers l'archipel. Les Etats-Unis, qui ont déjà sur place des avions de transport, ont également annoncé l'envoi supplémentaire de deux navires disposant notamment de capacité de désalinisation d'eau de mer et une douzaine d'autres avions et hélicoptères.

Alors que l'ONU a réclamé 301 millions de dollars pour faire face à l'urgence, le président américain Barack Obama a de son côté mercredi lancé un appel à la générosité de ses concitoyens.

"Avec tant de familles et de collectivités nécessitant une aide d'urgence de nourriture, d'eau, d'abris et de médicaments, même les plus petites contributions peuvent faire la différence et aider à sauver des vies", a-t-il plaidé.

Source : AFP

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