L'Irlande premier pays de la zone euro à s'affranchir d'un plan d'aide

  • Le Premier ministre irlandais Enda Kenny le 25 octobre 2013 à Bruxelles
    Le Premier ministre irlandais Enda Kenny le 25 octobre 2013 à Bruxelles AFP/Archives - Georges Gobet
  • Le ministre irlandais des Finances Michael Noonan, le 15 octobre 2013 à Dublin
    Le ministre irlandais des Finances Michael Noonan, le 15 octobre 2013 à Dublin AFP/Archives - Peter Muhly
  • Le logo du Fonds monétaire international (FMI) au siège de l'organisation, à Washington
    Le logo du Fonds monétaire international (FMI) au siège de l'organisation, à Washington AFP/Archives - Saul Loeb
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AFP

L'Irlande devient officiellement dimanche le premier pays de la zone euro sous assistance financière à s'affranchir de l'aide de ses partenaires, une étape dont se félicite Dublin tout en avertissant que l'austérité continue.

Le pays de 4,6 millions d'habitants retrouve ainsi son indépendance économique et financière après avoir dû recourir à un plan d'aide international de 85 milliards d'euros en 2010, quand l'explosion de la bulle immobilière a ravagé son secteur bancaire.

Le pays, qui a reçu ses dernières tranches d'aide de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) cette semaine, fait figure d'exemple pour les trois autres États européens sous assistance financière: Chypre, la Grèce et le Portugal.

"C'est un moment important pour l'Irlande et notre peuple", a déclaré le Premier ministre Enda Kenny dans une interview à l'Irish Times publiée vendredi. "Notre crédibilité est restaurée sur la scène internationale", a-t-il estimé, se réjouissant de voir le pays se défaire des "chaînes" imposées par la troïka -Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI-.

Le chef du gouvernement marque la fin officielle du programme d'aide par une intervention télévisée dimanche soir, pour s'adresser à la population irlandaise durement éprouvée par les hausses d'impôts et les réformes mises en oeuvre afin de réduire les dépenses publiques.

Il s'agira de la deuxième allocution de ce type pour le chef du gouvernement, arrivé au pouvoir en 2011 avec la lourde tâche de redresser l'ancien "tigre celtique" plongé dans la crise.

"Beaucoup pensaient que n'allions jamais voir ce jour. A dire vrai, à certains moments nous avons nous-mêmes eu des doutes", a de son côté reconnu le ministre chargé de la Réforme Brendan Howlin.

Le gouvernement, qui doit annoncer la semaine prochaine ses intentions pour l'après-plan d'aide, a toutefois prévenu que les mesures d'austérité allaient se poursuivre. "Nous devons continuer le même genre de politique car le déficit est trop élevé", a averti le ministre des Finances Michael Noonan.

Et le FMI, tout en saluant la mise en oeuvre "sans relâche" du programme de réformes par les autorités de Dublin en annonçant un treizième et dernier versement de 650 millions d'euros vendredi, a souligné que l'Irlande était "encore confrontée à d'importants défis".

Malgré l'assainissement des établissements bancaires irlandais, les tests de résistance de ce secteur menés à travers l'Europe l'an prochain risquent de mettre en lumière des faiblesses héritées des prêts hypothécaires risqués. Le pays, de retour sur les marchés, emprunte à des taux convenables, en tout cas inférieurs à ceux de l'Italie et de l'Espagne. Mais la croissance est en dents de scie et le taux de chômage reste élevé (12,8%).

L'Irlande dépend beaucoup de ses exportations, ce qui la place en situation de fragilité en cas de retournement de tendance chez ses principaux partenaires commerciaux. Son sort reste ainsi encore lié à celui d'une zone euro convalescente.

Et sa demande intérieure reste déprimée, en raison d'un fort taux d'endettement des ménages et d'un pouvoir d'achat affaibli.

Signe d'un malaise, les Irlandais émigrent en masse, avec près de 90.000 départs chaque année. Plus d'un quart de la population a été touché par le départ d'un proche et la moitié des 18-24 ans envisagent d'émigrer, selon l'organisation de jeunesse NYCI.

Malgré ces ombres au tableau, le gouvernement a choisi de sortir du plan d'aide sans filet, renonçant à demander à ses partenaires internationaux une ligne de crédit de précaution, qui aurait pu servir d'amortisseur en cas de coup dur.

La Commission européenne continuera toutefois de surveiller de près les progrès de l'Irlande jusqu'à ce que 75% des aides soient remboursées.

Source : AFP

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