Centrafrique: la course à la présidence de transition lancée à Bangui

  • La présidente du CNT Léa Koyassoum Doumta, lors d'une session spéciale pour élire un président par intérim, le 14 janvier 2014 à Bangui
    La présidente du CNT Léa Koyassoum Doumta, lors d'une session spéciale pour élire un président par intérim, le 14 janvier 2014 à Bangui AFP - Eric Feferberg
  • Les membres du Conseil national de transition lors d'une session spéciale pour élire un nouveau président par intérim, le 14 janvier 2014 à Bangui
    Les membres du Conseil national de transition lors d'une session spéciale pour élire un nouveau président par intérim, le 14 janvier 2014 à Bangui AFP - Eric Feferberg
  • Le président centrafricain par intérim Alexandre-Ferdinand Nguendet, le 14 janvier 2014 lors d'une session du CNT à Bangui
    Le président centrafricain par intérim Alexandre-Ferdinand Nguendet, le 14 janvier 2014 lors d'une session du CNT à Bangui AFP - Eric Feferberg
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AFP

Entre ambitions personnelles, pressions internationales, et désirs sincères de sortir la Centrafrique de l'impasse, la course à la présidence par intérim est lancée à Bangui, où malgré des signes de stabilisation les centaines de milliers de déplacés craignaient toujours mercredi de rentrer chez eux.

En province, une grande partie du pays reste livré à lui-même, sans autorité, sans présence des forces française Sangaris et africaine Misca et sans moyen de communication avec l'extérieur.

Les membres du Conseil national de transition, le parlement provisoire, devaient normalement valider mercredi l'agenda établi par le bureau du CNT qui prévoit un dépôt des candidatures jeudi et une élection dès samedi.

Mais les manoeuvres ont déjà commencé en coulisses, avant même le départ du président Michel Djotodia, contraint à démissionner vendredi par la communauté internationale, exaspérée par son incapacité à juguler une crise qui a fait au moins un millier de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes.

Désormais, pour arrêter la descente aux enfers de la Centrafrique, "il faut un exécutif qui bosse, avec des gens sérieux sur les ministères régaliens. Le FMI est prêt à ouvrir les vannes, mais il n'y aura pas d'aide budgétaire dans un pays si on ne sait pas où va l'argent et si le pouvoir ne fonctionne pas", résume un diplomate occidental.

Venus de différentes obédiences politiques, parfois prompts aux retournements d'alliance, les 135 membres du CNT, mis en place pour donner un vernis institutionnel à la transition, vont donc devoir s'entendre sur le nom d'un homme ou une femme qui aura l'immense tâche de rétablir "la paix et la réconciliation nationale" dans un pays ravagé et en faillite.

Civil ? Militaire ? Adoubé par la communauté internationale? Acceptable pour le Tchad, parrain incontournable de la région ? Les noms et hypothèses circulent, se contredisent, dans un Bangui qui semble à peine recouvrer un semblant de normalité après des semaines de violences entre chrétiens et musulmans, et où les rancoeurs sont loin d'être apaisées.

Dans des quartiers, il reste toujours des hommes en armes malgré les opérations de désarmement menées par la force Sangaris et la Misca, ce qui dissuade pour le moment les déplacés de la capitale de rentrer à la maison. Les déplacés attendent aussi de savoir qui sera le prochain président. Et les réactions que son élection suscitera dans Bangui.

"Pas un aventurier. Un rassembleur et un homme à poigne"

"On ne veut pas d'un aventurier. On a trop souffert", assure Ferdinand Mandedjapou, "représentant de la jeunesse" au sein du CNT.

"Il nous faut quelqu'un de neutre, qui n'a d'affinités ni avec les Séléka (combattants de M. Djotodia), ni avec les anti-balaka (milices chrétiennes combattant les Séléka)", espère pour sa part Edgar Mbaïkoua, qui se présente comme "indépendant".

"Pas de militaire, surtout. Je suis allergique à la prise du pouvoir par les militaires", sourit-il.

Rose Yodoma, une autre déléguée du CNT, envisage l'attelage d'un "rassembleur civil" avec "un ministre de la Défense à poigne", qui pourrait faire respecter l'ordre dans un pays dévasté par l'insécurité.

Une dizaine de noms circule depuis quelques jours à Bangui, mais avant même l'enregistrement des candidatures, certains ont d'ores et déjà été biffés, notamment sous pression internationale. Comme celui de l'ancien président du CNT Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui assume actuellement la vacance du pouvoir et semblait tout disposé à prolonger son bail.

Mais son nom est trop associé à l'équipe Djotodia, qui a brillé par son incompétence pendant ses 10 mois de pouvoir.

La présidente du CNT, Léa Koyassoum Doumta, a envisagé également de se porter candidate mais les critères retenus par le bureau national du CNT excluent les plus hauts responsables de la transition (président, membres du gouvernement et membres du bureau du CNT).

Les partisans de l'ancien président François Bozizé, renversé en mars par M. Djotodia et actuellement en exil quelque part en Afrique, comptent aussi leurs troupes et vont certainement présenter un candidat, selon des sources politiques.

Tout comme des membres de la nébuleuse Séléka, qui n'entend pas se laisser mettre à l'écart.

Pendant ce temps, les principales figures politiques centrafricaines se tiennent prudemment en retrait et attendent leur heure. Car les accords internationaux prévoient que le chef de l'Etat de la transition ne pourra pas se présenter aux futures élections, prévues au plus tard au premier semestre 2015.

Source : AFP

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