Rugby : le SRA veut être champion... du marketing

  • D'ici peu, les maillots ruthénois porteront les noms de supporters.
    D'ici peu, les maillots ruthénois porteront les noms de supporters. JLB
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Maxime Raynaud

Économie. Le SRA a choisi d’ouvrir son maillot à ses supporters. Une opération d’image mais aussi un élément de plus d’une nouvelle stratégie mise en œuvre par le club de Norbert Fabre et dirigée vers une ambition: la professionnalisation.

Il le reconnaît lui-même, le Stade Rodez Aveyron n’a rien inventé. "On n’est que des copieurs", glisse Norbert Fabre dans un sourire. Mais en ouvrant les mailles de leur maillot aux noms de leurs supporters, le club ruthénois et son président-directement inspirés par Châlon-sur-Saône-ont malgré tout basculé dans une autre dimension. Celle d’un rugby «amateur» décomplexé, qui n’a plus peur de mots autrefois tabous au pays de l’ovale. Marketing, merchandising, longtemps seuls les footballeurs en ont eu le monopole, au moins moral. Mais les temps changent. Et avec, les moyens nécessaires aux ambitions des clubs de rugby. Rodez et son patron, rappelons-le ancien responsable de réseaux commerciaux dans les assurances, l’ont bien compris. "Aujourd’hui, le seul match ne suffit plus", expose-t-il.

Le "trait d’union", Paul-Lignon

"On ne peut pas monter les places de stade à 30 ou 50€. Le club doit avoir un outil autour de lui, hors les rencontres, pour pouvoir assumer ses ambitions. Et si tu veux te professionnaliser, il faut faire du club une entreprise de spectacle." Animations, repas d’après ou d’avant match, quines et donc maillots arborant les patronymes de ses fans: le SRA version 2014 fourmille d’idées. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter puisque la toute nouvelle fondation «trait d’union Paul-Lignon», créée en novembre, devrait sous peu permettre à des chefs d’entreprise ou non d’assister à des séminaires. Le tout animé par les entraîneurs Guy Novès ou Bernard Laporte voire des intellectuels tels que le philosophe Michel Serres et le peintre Pierre Soulages.

"Faire rêver les investisseurs"

Évidemment, derrière ces actions, se niche l’incontournable donnée économique. "Les actions comme le maillot, c’est sans risque et pas cher, avoue Norbert Fabre dont le club affiche un budget de 1,2 M€. Comme les quines ou les soirées entreprises. Mais ça fait parler du club." Et le retour sur investissement est, lui, facilement multiplié. Bref, un remède anticrise si l’on peut dire. Encore faut-il avoir les idées et "tenter"comme l’explique le président ruthénois. "Aujourd’hui, avec un panneau au stade, tu ne fais pas rêver les investisseurs. Alors, il faut être novateur". Et avec, assumer le changement de cap dans un département pas encore tout à fait habitué à la logique du produit dérivé sportif même si le Raf, les handballeurs du Roc ou le Sporting club decazevillois notamment s’y sont aussi mis.

"Le point faible du club, développe Fabre, c’est qu’il a essayé d’avoir une ambition professionnelle sur le terrain. Moi, en arrivant, les premières personnes que j’ai recrutées, ce sont une comptable et un commercial pour construire autour. C’est ce qu’on est en train de faire avec le centre de formation, une régie commerciale, etc." "Mais sans toutes ces choses, poursuit-il,"il ne faut pas se leurrer. A Rodez, il n’y a pas de possibilité d’avoir l’ambition d’une équipe de haut niveau."

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