Ukraine: à Kiev le débat retourne au Parlement

  • Un manifestant antigouvernemental près d'une barricade dans le centre de Kiev, le 3 février 2014
    Un manifestant antigouvernemental près d'une barricade dans le centre de Kiev, le 3 février 2014 AFP - Aris Messinis
  • Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch à Vilnius, le 28 novembre 2013
    Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch à Vilnius, le 28 novembre 2013 AFP/Archives - Janek Skarzynski
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AFP

L'Occident affinait lundi son offre d'aide financière à l'Ukraine, tandis que l'opposition ukrainienne se préparait à demander au Parlement une amnistie inconditionnelle et une réforme constitutionnelle pour sortir de la longue crise qui paralyse le pays.

Depuis le refus du président Viktor Ianoukovitch de signer un accord d'association avec l'Union européenne en novembre, l'Ukraine, au bord de la cessation de paiements, est secouée par une vague de contestation et des milliers d'opposants occupent le centre de Kiev et des bâtiments publics dans plusieurs villes de province.

L'Union européenne réfléchit avec ses partenaires, dont les Etats-Unis et le FMI, à la façon d'aider financièrement l'Ukraine à condition que Kiev s'engage sur la voie des réformes et que les violences cessent, ont annoncé lundi les services du chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, sans entrer dans les détails.

Mme Ashton elle-même n'a pas été plus explicite en évoquant cette initiative en préparation dans une interview publiée par le Wall Street Journal.

Ce "Plan ukrainien" doit porter sur différents secteurs de l'économie "pour améliorer les choses", a dit Mme Ashton, ajoutant que "les chiffres ne seront pas modestes" et citant la possibilité d'offrir des "garanties" financières, des aides à l'investissement ou encore le soutien à la monnaie ukrainienne pour assurer sa stabilité.

Si la perspective d'une éventuelle aide occidentale semble avoir incité Moscou à rappeler la dette gazière ukrainienne, les autorités de Kiev ont choisi de ne pas réagir.

"Je ne peux pas commenter ces déclarations, parce que je ne peux pas les confirmer. Personne ne m'en a parlé", a dit le ministre des Affaires étrangères Léonid Kojara, interrogé au cours d'une conférence de presse.

Il a ajouté que Mme Ashton était attendue prochainement en Ukraine et pourrait apporter des précisions à cet égard. "Tout au long des négociations (sur un accord d'association) l'UE n'a jamais pu indiquer quelle sorte d'aide elle peut fournir à l'Ukraine", a encore affirmé le ministre.

Difficile d'égaler l'offre russe

Dans son interview au WSJ, la chef de la diplomatie européenne n'a donné aucune indication sur le montant des fonds éventuellement disponibles.

Un diplomate européen interrogé par l'AFP, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, a indiqué qu'"il s'agit de recenser tout ce que les Européens peuvent mettre sur la table, avec les Américains, en raclant les fonds de tiroirs sur les fonds européens".

Mais "il sera difficile, je le crains, d'arriver à hauteur de l'offre russe", a-t-il ajouté. Après l'abandon, juste avant sa signature, de l'accord d'association UE-Ukraine fin novembre, Moscou a apporté à Kiev 15 milliards de dollars de crédits et une réduction du prix de son gaz de 30%.

Lors des négociations sur l'accord d'association, l'UE avait proposé 610 millions d'aides financières à l'Ukraine. Mais cette aide, conditionnée au drastique programme de réformes du FMI, avait été jugée dérisoire par le président Viktor Ianoukovitch.

Puis son Premier ministre, Mykola Azarov, qui a démissionné et quitté le pays depuis, avait chiffré à 20 milliards d'euros l'aide financière dont son pays avait besoin de la part de l'UE.

Lundi, les premières informations sur une éventuelle aide occidentale ont été suivies de près par l'annonce d'un montant élevé de la dette gazière de l'Ukraine, totalisant, fin janvier, 3,35 milliards d'euros. Une manière de rappeler, peut-être, à quel point Kiev est financièrement dépendant de Moscou.

Le président Ianoukovitch a repris le travail lundi, après un congé pour maladie de quatre jours. Son agenda pour les prochains jours n'a pas été précisé, mais il doit travailler à la mise en place d'un nouveau gouvernement. Une question essentielle, car tant Moscou que Bruxelles font dépendre leur aide de la composition et des pouvoirs de ce gouvernement. L'opposition souhaite obtenir un contrôle réel des postes clés.

Dans ce contexte, M. Ianoukovitch a l'intention de rencontrer prochainement les dirigeants de l'opposition, a indiqué le président du Parlement, Volodymyr Rybak.

Le Parlement reprend mardi ses travaux. L'opposition devrait en profiter pour proposer une nouvelle loi d'amnistie pour les manifestants arrêtés, destinée à remplacer celle votée par les députés du parti au pouvoir et faisant dépendre son application de l'évacuation par les opposants des bâtiments publics occupés.

L'opposition compte aussi promouvoir la réforme constitutionnelle pour revenir à la loi fondamentale de 2004, issue de la Révolution orange pro-occidentale et qui donne moins de pouvoirs au chef de l'Etat.

Source : AFP

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