Ukraine: Ashton à Kiev pour rencontrer le président Ianoukovitch

  • Vitali Klitschko, l'un des leaders de l'opposition à la tribune du Parlement le 4 février 2014 à Kiev
    Vitali Klitschko, l'un des leaders de l'opposition à la tribune du Parlement le 4 février 2014 à Kiev AFP - Sergei Supinsky
  • Des opposants au régime manifestent le visage masqué le 4 février 2014 à Kiev
    Des opposants au régime manifestent le visage masqué le 4 février 2014 à Kiev AFP - Genya Savilov
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AFP

La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ahston, devait s'entretenir mercredi avec le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, sommé par l'opposition de mettre un terme à la "dictature" en acceptant une réforme constitutionnelle "urgente".

Le pouvoir ukrainien a de son côté fait miroiter la perspective d'élections anticipées, réclamées depuis longtemps par l'opposition, mais une réforme constitutionnelle présente l'avantage d'une voie beaucoup plus réaliste.

A l'issue d'une journée riche en déclarations politiques, les chefs de l'opposition, Vitali Klitschko, Arseni Iatseniouk et Oleg Tiagnybok, ont rencontré mardi lors d'un dîner Mme Ashton, arrivée en début de soirée à Kiev.

L'entretien a duré environ deux heures. A son issue, M. Tiagnybok, chef du parti nationaliste Svoboda, s'est borné à indiquer que les trois hommes pourraient revoir Mme Ashton mercredi, après sa rencontre prévue dans la matinée avec le président Ianoukovitch. "Il faut poursuivre le dialogue pour arriver à un résultat", a ajouté M. Tiagnybok.

Nouvel appel américain au compromis

"C'est également l'avis du vice-président américain Joe Biden, qui a une nouvelle fois appelé mardi le président ukrainien au "dialogue" et au "compromis pour former un nouveau gouvernement, lors d'une conversation téléphonique rapportée par la Maison Blanche. Le vice-président américain qui appelle régulièrement le président ukrainien depuis la radicalisation du mouvement de contestation, l'a une nouvelle fois invité "à saisir toutes les occasions (...) pour trouver une solution politique à la crise".

Le Parlement dominé par les alliés du président Ianoukovitch n'a de son côté pas avancé sur la réforme constitutionnelle réclamée par l'opposition comme un élément clé pour sortir de la crise politique, alors que le pays est frappé par une vague de contestation sans précédent depuis plus de deux mois.

M. Klitschko, chef du parti Oudar, s'est rendu mardi auprès du chef de l'Etat pour lui demander une solution "immédiate". Mais celui-ci lui a expliqué que la réforme accordant davantage de pouvoirs au gouvernement et au Parlement pourrait prendre "jusqu'à six mois". "Cela fera seulement monter la fièvre dans la société", a lancé l'ex-boxeur devant les députés - qui doivent reprendre leurs travaux mercredi à 08h00 GMT - à l'issue de son entretien avec M. Ianoukovitch.

Le mouvement né fin novembre de la volte-face pro-russe du pouvoir au détriment d'un rapprochement avec l'Union européenne s'est radicalisé et transformé en contestation radicale du régime de Viktor Ianoukovitch dont les manifestants réclament le départ.

Avant les débats, le représentant du président au Parlement, Iouri Mirochnitchenko, a créé la surprise en évoquant la possibilité d'élections anticipées. Selon lui, M. Ianoukovitch a évoqué ce scénario au cours d'une rencontre avec les députés de son parti la semaine dernière, comme une solution alternative si un autre scénario, à savoir l'amnistie des manifestants arrêtés en échange de l'évacuation des bâtiments publics occupés, échouait.

L'opposition a jugé "inacceptable" cette proposition d'amnistie qui donne aux opposants 15 jours pour libérer les bâtiments occupés. Elle demande la libération inconditionnelle des militants arrêtés. "Nous devons mettre fin à la dictature", a déclaré mardi M. Klitschko, avant de proposer le retour à la Constitution de 2004. Issu de la Révolution orange pro-occidentale, ce texte qui donnait beaucoup moins de pouvoirs au chef de l'Etat a été annulé après l'élection de M. Ianoukovitch en 2010.

"Depoutiniser" la vie politique

Intervenant ensuite, Oleg Tiagnybok a accusé le pouvoir de suivre les ordres de Moscou et a appelé à "dépoutiniser" la vie politique ukrainienne. Le chef du groupe parlementaire du Parti des régions de M. Ianoukovitch, Olexandre Efremov, a dénoncé de son côté "l'extrémisme" des manifestants et le chaos dans les rues.

Le débat animé au Parlement s'est déroulé à quelques heures de l'arrivée à Kiev de Mme Ashton, qui devait discuter avec le pouvoir et l'opposition de l'aide financière que l'UE et les Etats-Unis pourraient apporter à l'Ukraine, au bord de la cessation de paiements.

L'aide occidentale, encore à l'étude, dépendra de l'évolution politique en Ukraine et de la composition du futur gouvernement devant remplacer celui de Mykola Azarov, qui a démissionné la semaine dernière. Les opposants voudraient y occuper des postes clés, une fois les changements constitutionnels obtenus.

Cet hypothétique appui américain et européen pour Kiev se ferait "quand le pays reprendra la voie de la reprise économique, via le FMI", le Fonds monétaire international, a précisé la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. Dans le passé, Kiev a refusé de se plier aux conditions très rigoureuses du FMI.

De l'avis de diplomates occidentaux, l'aide occidentale ne pourra pas égaler la proposition russe - promesse de 15 milliards de dollars de crédits, dont trois milliards ont déjà été versés, et baisse de 30% du prix du gaz. Moscou a de son côté laissé entendre que la suite de la mise en oeuvre de son assistance dépendrait de la couleur du gouvernement ukrainien à venir.

Source : AFP

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