Thaïlande: un policier tué et une vingtaine des blessés lors de manifestations

  • La police anti-émeutes protège un bâtiment du gouvernement à Bangkok le 14 février 2014
    La police anti-émeutes protège un bâtiment du gouvernement à Bangkok le 14 février 2014 AFP/Archives - KC Ortiz
  • Des manifestants anti-gouvernement empêchés d'avancer par la police près du siège du gouvernement à Bangkok le 14 février 2014
    Des manifestants anti-gouvernement empêchés d'avancer par la police près du siège du gouvernement à Bangkok le 14 février 2014 AFP/Archives - Pairoj
Publié le
AFP

Un policier thaïlandais a été tué par balle et plusieurs autres blessés au cours d'une opération des forces de l'ordre pour reprendre des sites occupés par les manifestants qui réclament la chute du gouvernement, a annoncé un haut responsable de la police.

"Un policier a été tué par balle et quatre autres blessés", dont un grièvement par une explosion, a précisé le lieutenant-général Prawut Thavornsiri à l'AFP, après que l'intervention de la police eut dégénéré en heurts avec des manifestants.

Vingt-cinq personnes ont été blessées et des dizaines arrêtées lors des heurts.

La police antiémeute est intervenue dans plusieurs lieux, notamment autour du siège du gouvernement bloqué depuis des semaines par les protestataires qui veulent la tête de la Première ministre Yingluck Shinawatra.

Des affrontements ont éclaté un peu plus loin dans le même quartier, près du Monument de la Démocratie, site historique du mouvement qui a débuté il y a trois mois et demi.

Au total, "il y a 25 blessés pour l'instant, dont un grave", a précisé le centre de secours Erawan, précisant qu'ils avaient été notamment touchés par des balles en caoutchouc et des éclats d'explosions non déterminées.

Un journaliste de l'AFP a vu un policier touché à la tête être emmené inconscient par les secours.

Une centaine de manifestants ont d'autre part été interpellés dans un complexe du ministère de l'Énergie pour violation de l'état d'urgence en vigueur à Bangkok depuis le 22 janvier, a précisé le chef du Conseil de sécurité nationale Paradorn Pattanatabut, notant qu'il n'y avait pas eu de "résistance" à cet endroit.

C'est la première fois depuis le début du mouvement à l'automne que les autorités arrêtent autant de manifestants, qui ont occupé ou assiégé de nombreuses administrations et ministères.

Le gouvernement a en effet largement privilégié l'évitement entre police et manifestants pour limiter les violences qui ont déjà fait onze morts.

Mais il a changé de stratégie vendredi lorsque des centaines de policiers antiémeute avaient dégagé le campement autour du siège du gouvernement que Yingluck et ses ministres n'ont pu utiliser depuis près de deux mois.

Immédiatement après cette opération, qui n'avait conduit ni à de réels affrontements ni à des arrestations, les militants étaient revenus reconstruire leurs barricades de pneus et de sacs de sable.

Et lundi, des milliers d'entre eux ont à nouveau assiégé Government House, commençant à construire un mur de ciment devant les grilles.

Mardi matin, ils ont rejeté l'ultimatum d'une heure lancé par les autorités pour abandonner leur position.

"Le gouvernement ne peut plus travailler ici", a déclaré le porte-parole du mouvement Akanat Promphan. "Le gouvernement est piégé, il n'a aucune solution, il doit démissionner".

- Carrefours occupés -

L'opération des forces de l'ordre ne semble pas concerner pour l'instant les campements installés à certains carrefours clé de la capitale depuis le lancement mi-janvier de l'opération de "paralysie" de Bangkok.

Les manifestants, dont le nombre s'est nettement réduit ces dernières semaines, réclament, outre la tête de Yingluck, la fin de l'influence de son frère Thaksin, ancien Premier ministre renversé par un coup d'État en 2006 et accusé de tirer les ficelles depuis son exil.

Depuis ce putsch, la Thaïlande est engluée dans des crises politiques à répétition faisant descendre dans la rue tour à tour les ennemis et les partisans de Thaksin, qui reste le personnage à la fois le plus adoré et le plus haï du royaume.

La dernière, en 2010, avait vu jusqu'à 100.000 "chemises rouges" fidèles au milliardaire occuper le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du précédent gouvernement, avant un assaut de l'armée autorisée à tirer à balles réelles.

Yingluck semble vouloir à tout prix empêcher une répétition de cet épisode qui avait fait plus de 90 morts et 1.900 blessés.

Pour tenter de sortir de la crise actuelle, elle avait convoqué des législatives anticipées du 2 février, mais les élections n'ont pas eu l'effet escompté.

Les manifestants, qui veulent remplacer le gouvernement par un "conseil du peuple" non élu, ont en effet fortement perturbé le scrutin et aucun résultat n'a été annoncé en attendant deux nouvelles journées de vote fin avril.

Sans réunion d'un nouveau parlement, le gouvernement est condamné à expédier les affaires courantes. Et avec des pouvoirs limités, il est, selon les analystes, plus vulnérable à un nouveau "coup d'État judiciaire", dans un pays où la justice a déjà chassé deux gouvernements pro-Thaksin, en 2008.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?