Assurance chômage: les intermittents mettent la pression sur le Medef

  • Des intermittents et intérimaires manifestent contre la suppression de leurs régimes et la réduction des droits des chômeurs, le 27 février 2014 à Paris
    Des intermittents et intérimaires manifestent contre la suppression de leurs régimes et la réduction des droits des chômeurs, le 27 février 2014 à Paris AFP - Martin Bureau
  • Un artiste manifeste devant les locaux du Medef, le 27 février 2014 à Marseille Un artiste manifeste devant les locaux du Medef, le 27 février 2014 à Marseille
    Un artiste manifeste devant les locaux du Medef, le 27 février 2014 à Marseille AFP - Bertrand Langlois
  • Des artistes manifestent devant les locaux du Medef, le 27 février 2014 à Marseille
    Des artistes manifestent devant les locaux du Medef, le 27 février 2014 à Marseille AFP - Bertrand Langlois
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AFP

Plusieurs milliers d'intermittents et d'intérimaires ont manifesté jeudi contre la suppression de leurs régimes et la réduction des droits des chômeurs, devant un Medef en état de siège où se tenait l'avant-dernière séance de négociation sur l'assurance chômage.

Selon la CGT, 15 à 20.000 personnes ont défilé dans 20 villes de France, dont 7.000 à Paris, à l'appel des intermittents du spectacle, très mobilisés sur le dossier depuis la réforme de leur régime en 2003. Quelques spectacles ont aussi dû être annulés en raison de préavis de grève.

Pour la CGT, qui appelait aussi l'ensemble des salariés et des demandeurs d'emploi à la mobilisation, le projet patronal conduirait à réduire les allocations des 2,2 millions de chômeurs indemnisés. Le Medef préconise notamment la suppression des régimes plus favorables des intermittents (112.000 indemnisés) et des intérimaires (366.000) et la modulation des allocations en fonction de la conjoncture.

"Les enjeux sont lourds, on nous propose la remise en cause de tous les droits des demandeurs d'emploi qui pourraient bénéficier d'un petit plus : les intérimaires, les chômeurs en activité réduite, ceux qui ont négocié un prime de licenciement supra-légale, les intermittents", a lancé Eric Aubin, le négociateur de la CGT, qui avait quitté la séance de négociation pour aller à la tribune devant les manifestants.

Alors que les discussions sur le pacte de responsabilité débutent vendredi, "le gouvernement peut peser en disant au patronat +attention si vous touchez à l'assurance chômage et l'intermittence+", a estimé Fabien André, du Syndéac. Ce syndicat d'employeurs du spectacle, qui est ouvert comme la CGT à une réforme du régime, déplore que le dossier soit utilisé comme un chiffon rouge dans la négociation Unédic.

Confrontés à un chômage record (3,31 millions de demandeurs d'emploi sans activité fin janvier), les partenaires sociaux (Medef, CGPME, UPA, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO) se sont donné jusqu'au 13 mars pour se mettre d'accord sur une nouvelle convention d'assurance chômage fixant notamment le montant et la durée des allocations.

Une tâche compliquée par la situation financière du régime : son déficit devrait atteindre 4 milliards d'euros en 2013. Sa dette, de près de 18 milliards, grimperait à 22 milliards à la fin de cette année, un record.

- Les droits rechargeables -

C'est cette dette d'une "ampleur historique" que le patronat invoque pour justifier ses propositions. "Il faut s'assurer de la pérennité du régime à moyen terme, ce qui est loin d'être le cas", a répété jeudi le chef de file de la délégation patronale, Jean-François Pilliard.

Le document patronal - Medef, CGPME, UPA - remis mercredi aux syndicats propose notamment qu'une "concertation" soit engagée avec l'Etat pour que celui-ci finance le surcoût lié au régime des intermittents, qui serait de 300 à 350 millions d'euros, selon un récent rapport parlementaire.

Le gouvernement, qui entérine - ou non - in fine la convention définie par les partenaires sociaux, seuls gérants de l'Unédic, est fermement opposé à une abolition des spécificités du régime des artistes et des techniciens du spectacle. Il est d'ailleurs plus globalement réfractaire à toute réduction des droits des chômeurs.

Sur le dossier des intermittents, le patronat "sait que c'est peine perdue car il n'y aura aucun signataire, mais il continue à faire le buzz", "je ne comprends pas sa stratégie", a déploré la négociatrice CFDT, Véronique Descacq. Selon elle, "si on parle trois minutes des intermittents dans la négo, ce sera le max".

De fait, les partenaires sociaux devaient se concentrer jeudi sur les "droits rechargeables". Objectif : permettre aux chômeurs qui retrouvent un emploi sans avoir épuisé leurs droits de les conserver, au moins en partie, et de les cumuler avec leurs nouveaux droits s'ils retombent au chômage.

Les partenaires sociaux devront trouver un terrain d'entente sur leur mise en oeuvre, sans plomber les finances de l'Unédic, une tâche qui s'annonce ardue.

Source : AFP

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