20 ans requis contre une femme pour l'assassinat de son compagnon, coupé en deux

  • Le tribunal de Moulins le 7 février 2014
    Le tribunal de Moulins le 7 février 2014 AFP/Archives - Thierry Zoccolan
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AFP

Une peine de 20 années de réclusion criminelle a été requise vendredi à l'encontre d'une femme de 46 ans jugée devant les assises de l'Allier pour l'empoisonnement de son compagnon dont le corps avait été retrouvé coupé en deux en 2009.

L'accusée, Odile Varion, a toujours nié cet assassinat. Elle est restée prostrée, le regard au sol, tout au long de son procès qui a duré une semaine.

"Je n'ai pas commis ce crime odieux, je n'ai pas découpé Didier, je l'ai pas laissé dans sa voiture", a soutenu Odile Varion, allure masculine mais fragile, visage fin sous des cheveux courts grisonnants, dans une dernière déclaration.

"Ne vous fiez pas aux apparences!" a prévenu l'avocate générale Marie-Christine Jamain, avant de requérir "au regard de l'atrocité" de ce crime, "20 ans de réclusion criminelle". Elle s'est dite "convaincue qu'Odile Varion a provoqué le décès de son conjoint en lui faisant ingérer de l'atropine", collyre destiné à soigner des problèmes aux yeux dont souffrait la victime Didier Lacote, 51 ans.

L'atropine, mortelle à haute dose, avait vraisemblablement été ingurgitée lors d'un repas. Son corps habillé avait été tranché à la scie circulaire et retrouvé dans le coffre de sa voiture. L'outil n'a jamais été retrouvé.

L'empoisonnement "est un crime précédé le plus souvent d'essais infructueux, et c'est souvent un crime venant d'un proche"", a estimé l'avocate générale, rappelant que la victime avait été hospitalisée à plusieurs reprises (2003, 2007 et 2008), pour des signes d'agitation, hallucinations et de malaises, formellement liés à une surdose d'atropine.

- 'Amateurisme de l'enquête' pour la défense -

Le discours est diamétralement opposé côté défense, celle-ci taxant l'enquête, certains enquêteurs et des experts d'"amateurisme".

Par exemple, lorsque le corps de Didier Lacote avait été découvert dans le coffre de sa voiture, le médecin légiste avait effectué plusieurs prélèvements "jamais analysés", a accusé Me Jean-François Canis, avocat d'Odile Varion.

"De l'ADN a été trouvé sur ses vêtements, des cheveux et des poils, dont un long cheveux blanc trouvé sur l'oreille" de la victime, alors qu'Odile Varion a toujours eu les cheveux très courts.

De même, la défense a reproché aux enquêteurs de ne pas avoir assez exploré le lien entre l'empoisonnement à l'atropine et le corps ensuite coupé en deux.

"On ne peut pas dire qu'Odile Varion l'a empoisonné, et puis après on ne sait pas ce qui s'est passé!", a ajouté Me Canis, rappelant que le doute devait profiter à l'accusée.

- Des parties civiles pro-accusée -

Lors de l'instruction, le comportement d'Odile Varion avait été jugé "étonnant", l'accusation relevant qu'elle avait tardé à signaler la disparition de son conjoint. Didier Lacote avait été vu pour la dernière fois le 12 février 2009, son corps putréfié et découpé découvert le 10 mars dans le coffre de sa Peugeot 306, soit presque un mois après.

Odile Varion le croyait en vacances, a-t-elle juré et répété à l'audience. Le couple ne s'entendait plus et faisait chambre à part. Il avait l'habitude de s'absenter.

Défendant la fille d'Odile Varion et de Didier Lacote, Me Valérie Pirello a aussi estimé que de nombreuses pistes n'avaient "pas été exploitées", regrettant l'absence d'analyses de mégots ou des cheveux dans et autour de la voiture ayant contenu le corps. "Son père est mort, rendez-lui sa mère", a plaidé l'avocate.

Le fils, Aurélien, mis en examen dans un premier temps pour assassinat comme sa mère, avait bénéficié d'un non-lieu, mais devra comparaître ultérieurement pour destruction de preuve devant la justice des mineurs.

Son avocate, Me Anne Barnoud, a dénoncé une audition filmée durant laquelle le jeune Aurélien, 15 ans à l'époque, avait fait un malaise, sans émouvoir les juges qui l'entendaient, ces derniers ayant appelé les secours au bout de 25 minutes seulement.

"C'était une erreur fondamentale", a admis l'avocate générale.

La victime a été décrite comme violente par son ex-femme et par Odile Varion. Il était aussi obsédé sexuel notoire, s'exhibant facilement et cherchant des rencontres sur internet, selon de nombreuses femmes appelées à la barre.

Verdict dans la nuit.

Source : AFP

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