Rodez : la fabuleuse donation d’Henri Thomas

"Je crois que de toutes les donations que nous avons reçues, c’est celle-là la plus extraordinaire". Pierre Lançon, documentaliste à la Société des lettres, n’en revient pas de ce cadeau tombé du ciel. Car ni Pierre Lançon, ni Daniel Marty, président de l’association, ne connaissent de visu Henri Thomas qui vient de léguer une fabuleuse collection de cartes géographique et d’estampes.

"Nous savons, en revanche qu’il est très attaché à l’Aveyron où il a vécu. C’est un grand collectionneur qui a pensé à son département", se réjouit Pierre Lançon. Les cartes, dont certaines sont très anciennes, montrent le périmètre des communes, l’importance de la population à l’époque et mettent en évidence également la rareté des routes. La donation comprend également 120 estampes, une technique apparue après la Révolution et surtout la Monarchie de Juillet. "Cette technique est contemporaine de la fondation de la Société des lettres, en 1836, et peut être considérée comme étant l’ancêtre de la photographie", ajoute Pierre Lançon. La Société des lettres a aussi reçu une cinquantaine de gravures.

Des objets artistiques très rares car Rodez n’a jamais été d’un intérêt particulier pour ce genre artistique. Et Pierre Lançon de s’extasier devant une ces gravures représentant le couvent des Annonciades en 1798 ou une vue de Rhodez (avec un «h» comme on l’écrivait souvent jusqu’au début du XIXe siècle). Autre trésor de la donation: une estampe datant de 1857 et décrivant l’arrivée des eaux de Vors (depuis Baraqueville) jusqu’à la place de la Cité, à Rodez. "On se souvient qu’à l’époque, beaucoup de Ruthénois possédaient des puits. Il en existe encore beaucoup dans les anciennes maisons", souligne Pierre Lançon. Cette gravure montre les gardes de l’Empire empêchant les «élégantes» en crinoline de s’approcher de la fontaine.

L’installation, inaugurée en grande pompe, n’est restée que quelques années en service. En revanche, la gravure est restée et a même été colorisée. Cette seconde épreuve fait également partie du fonds de la Société des lettres, un fonds qui mériterait d’être mieux connu du grand public. À ce propos, la Société des lettres compte bien éditer un livre consacré à son fonds photographique .