La Corée du Nord aux urnes, un candidat unique par circonscription

  • Photo non datée fournie le 7 mars 2014 par l'agence officielle nord-coréenne montrant le dirigeant Kim Jong-Un inspectant une base de l'armée de l'air
    Photo non datée fournie le 7 mars 2014 par l'agence officielle nord-coréenne montrant le dirigeant Kim Jong-Un inspectant une base de l'armée de l'air KCNA via KNS/AFP
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AFP

Les Nord-Coréens sont appelés aux urnes dimanche pour une élection parlementaire avec dans chaque circonscription un seul candidat désigné, un exercice loin des pratiques démocratiques qui permet aux autorités de recenser les défections à l'étranger.

Un seul candidat, désigné par le parti unique, est autorisé à solliciter les suffrages dans chacune des 687 circonscriptions. Les électeurs n'ont qu'à choisir entre "oui" et "non" sur le bulletin de vote.

Et les électeurs obtempèrent: le taux de participation en 2009 était de 99,98%, avec un taux d'approbation des candidats de 100%... Le vote se déroulait dimanche sans difficulté, selon l'agence de presse d'Etat KCNA, avec une participation de 91% en début d'après-midi.

Les médias officiels, qui rappelaient le devoir "de tout individu" de se rendre dans les bureaux de vote pour y déposer son bulletin, ont abondamment promu le scrutin et la participation électorale en publiant des poèmes intitulés par exemple "Flots de l'Emotion et du Bonheur".

Il s'agit de la première élection de l'Assemblée suprême du peuple depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un après la mort de son père Kim Jong-Il en décembre 2011.

Comme son père avant lui, Kim se présente dans la circonscrition numéro 111, celle du Mont Paektu.

Le Mont Paektu est situé dans les confins septentrionaux de la Corée du Nord, près de la frontière chinoise. Il est considéré comme sacré par les Nord-Coréens car le fondateur du pays, Kim Il-Sung, père de Kim Jong-Il, y établit un camp de guérilla antijaponaise du temps de la colonisation de la Corée par le Japon.

L'historiographie officielle du régime assure que Kim Jong-Il est né sur cette montagne en 1942.

Les élections parlementaires se tiennent normalement tous les cinq ans et l'assemblée ne se réunit qu'une ou deux fois par an, souvent lors d'une session unique d'une journée pour voter le budget et entériner les décisions prises par le parti des Travailleurs.

- Un recensement pour repérer les exilés -

La dernière session remonte à avril 2013. Y avait été adopté un décret spécial officialisant le statut de puissance nucléaire de la Corée du Nord.

Le réel intérêt du scrutin pour les observateurs étrangers est de découvrir la liste finale des candidats, susceptible de fournir des indications sur les grâces et disgrâces au sein du régime après la purge ordonnée l'an dernier par Kim Jong-Un.

Le dirigeant nord-coréen a écarté un certain nombre de personnalités du coeur du pouvoir et fait exécuter plusieurs cadres dont son propre oncle et mentor, Jang Song-Thaek, mis à mort en décembre sous l'accusation de trahison et corruption.

Le scrutin sert aussi au régime de recensement populaire, puisque des fonctionnaires chargés de l'organisation de l'élection se rendent dans chaque foyer pour s'assurer de la présence ou de l'absence des électeurs inscrits.

"A n'importe quel autre moment dans l'année, les proches de personnes manquantes peuvent s'en sortir en mentant ou en soudoyant les agents de surveillance, en disant que la personne qu'ils recherchent travaille dans un autre district", explique New Focus International, un site animé par des réfugiés nord-coréens au Sud.

"Une élection permet de révéler la fuite d'un Nord-Coréen en Chine ou en Corée du Sud", ajoute-t-il.

Kim Jong-Un a renforcé la sécurité aux frontières pour tenter de limiter les chances des candidats à l'exil. Plus de 1.500 départs vers la Corée du Sud, via la Chine, ont été néanmoins enregistrés l'an dernier.

Pour Ahn Chan-Il, transfuge installé au Sud et spécialiste du régime nord-coréen, le recensement électoral ne devrait pas permettre à Pyongyang de se faire une idée précise des défections car nombre de responsables locaux préfèreront les taire plutôt que de s'exposer à des sanctions.

Source : AFP

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