Entre larmes rouges et colère: le "jeudi noir" du collectif des sages-femmes

  • Des sages-femmes manifestent devant une agence de Pôle emploi à Paris le 20 mars 2014
    Des sages-femmes manifestent devant une agence de Pôle emploi à Paris le 20 mars 2014 AFP - Jacques Demarthon
  • Des sages-femmes manifestent devant une agence de Pôle emploi à Paris le 20 mars 2014
    Des sages-femmes manifestent devant une agence de Pôle emploi à Paris le 20 mars 2014 AFP - Jacques Demarthon
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AFP

Opération escargot, rassemblements, inscriptions symboliques à Pôle emploi: des sages-femmes hospitalières et libérales, en conflit avec le gouvernement depuis près de six mois sur leur statut, ont exprimé jeudi leur inquiétude pour l'avenir de la profession, à trois jours des municipales.

Selon le collectif des sages-femmes, à l'origine d'une grève entamée en octobre, 75% des hospitalières étaient en grève et plus de 600 cabinets de libérales fermés. Les grévistes renvoyaient vers les urgences ou les maternités. Sur les 20.000 sages-femmes, environ 3.000 exercent en libéral.

Le collectif rejette l'arbitrage de la ministre de la Santé Marisol Touraine, intervenu le 4 mars. La ministre a promis un statut médical pour les sages-femmes à l'hôpital qui resteront au sein de la fonction publique hospitalière, mesure saluée par l'intersyndicale de sages-femmes hospitalières (CGT, CFDT, FO, SUD, Unsa et UNSSF).

"La question du statut est bouclée, cela nous convient, il faut savoir lever le pied et passer aux négociations salariales" attendues pour avril, a dit à l'AFP Angele Ratzmann, secrétaire fédérale de la CFDT santé-sociaux. Selon elle, "80% des sages-femmes hospitalières veulent rester dans la fonction publique, elles sont majoritaires".

Mais le collectif n'en démord pas et veut obtenir un statut sur le modèle de celui des médecins (praticiens hospitaliers), synonyme de sortie de la Fonction publique. Il ouvrirait, selon lui, la possibilité d'un meilleur accès à la formation professionnelle, plus d'autonomie dans l'exercice du métier et une revalorisation salariale.

Il ne s'agit pas de marcher sur les plates-bandes des gynécologues, juste d'"exercer de manière autonome sans le diktat des médecins", assure Adrien Gantois, porte-parole du collectif. Aux sages-femmes les grossesses et accouchements physiologiques, aux médecins les cas pathologiques, résume-t-il.

- Larmes rouges, vêtements noirs -

"Le ministère de la Santé, c'est pas le bon endroit! Matignon, c'est pas le bon endroit! Pôle Emploi c'est pas le bon endroit! Personne ne nous entend!". Le ton était à la colère à l'entrée d'une agence Pôle Emploi à Paris. Venues s'inscrire symboliquement pour une reconversion, une quarantaine de sages-femmes, de noir vêtues, masques blancs peints de larmes rouges, elles réclamaient une "vraie reconnaissance" de leur savoir-faire.

"Le caractère médical de notre profession n'a pas été reconnu et nous pensons que nous allons disparaître. Notre profession est au chômage, il n'y a plus de postes dans les maternités. Les sages-femmes, faute d'avoir des postes, s'installent comme libérales. Or, ce n'est pas viable", a expliqué Tereza Dutriaux, libérale dans le Val-de-Marne.

Mêmes larmes rouges et vêtements noirs à Rennes où elles étaient une soixantaine, allongées sur la voie publique pour marquer "la mort des sages-femmes" et bloquer les bus. Les annonces de Marisol Touraine en mars "sont un écran de fumée, un effet d'annonce pour calmer la grève", a témoigné Julie, étudiante.

A Nantes, une quarantaine de sages-femmes ont bloqué pendant une heure deux TGV et à Marseille, dans une même proportion, elles ont organisé une opération escargot, distribuant des tracts au feu rouge, selon Hamina Zerrouki, une porte-parole de l’association sage-femmes PACA.

Au-delà du statut, le collectif porte d'autres revendications: être reconnus de "façon visible et lisible" comme praticien de premier recours dans le parcours de santé des femmes (suivi gynécologique, de grossesse, contraception, etc.). L'autre revendication porte sur une formation universitaire "autonome", qui ne soit plus sous la tutelle des facultés de médecine.

Ces sujets font justement l'objet de discussions. Trois groupes planchent sur le premier recours, la formation des sages-femmes et les décrets de périnatalité (organisation dans les maternités).

Mme Touraine a aussi promis une campagne de communication à destination du public et des professionnels de santé. "Une campagne de pub ce n'est pas suffisant, sans mesure pour inciter les femmes à se faire suivre", estime dit Caroline Raquin du collectif.

"Mme Touraine a voulu scindé la problématique, mais c'est un ensemble, pour les hospitalières et les libérales. C'est un tout qui va de la formation jusqu'à l'exercice de notre métier", dit Laurence Vayer, membre du collectif, pour qui, ce qui est en jeu, "c'est une question de santé publique".

Source : AFP

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