En Seine-Saint-Denis, la droite prête à faire "sauter les digues" #mun93000

  • Un quartier de Bobigny, en Seine-Saint-Denis
    Un quartier de Bobigny, en Seine-Saint-Denis AFP/Archives - Jacques Demarthon
  • Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, à Paris, le 10 décembre 2013 Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, à Paris, le 10 décembre 2013
    Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, à Paris, le 10 décembre 2013 AFP/Archives - Bertrand Guay
  • Montage photo montrant Gerard Ségura (G), maire PS sortant d'Aulnay-sous-Bois (le 11 septembre 2012), et le candidat UMP Bruno Beschizza (le 25 août 2011)
    Montage photo montrant Gerard Ségura (G), maire PS sortant d'Aulnay-sous-Bois (le 11 septembre 2012), et le candidat UMP Bruno Beschizza (le 25 août 2011) AFP/Archives - -
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AFP

Des bastions communistes centenaires menacés et un symbole de la crise, Aulnay-sous-Bois, où l'UMP pourrait l'emporter: la droite se prend à rêver en Seine-Saint-Denis, après avoir créé la surprise face à une gauche qui pensait jouer à domicile.

"Une digue a sauté depuis dimanche. Les gens nous disent clairement qu'ils en ont marre des communistes, ils se sont libérés" affirme l'UDI Stéphane De Paoli, arrivé en tête (43,95%) dans le chef lieu du "9-3" avec sa liste "Rendez-nous Bobigny".

Coup de tonnerre dans l'une des dernières villes gérées par le PCF depuis sa création, qui a toujours son boulevard Lénine et sa rue de l'Internationale, et humiliation pour la sortante Catherine Peyge, arrivée 2e, avec 300 voix de retard. Sur le papier, le centriste l'emporte largement en cumulant les 10% d'un candidat divers droite qui s'est retiré.

Pour engranger des voix dans cette ville pauvre, émaillée de cités HLM sur dalles, le nouveau venu promet la cantine gratuite à l'école mais aussi d'en faire "un lieu de vie sécurisé", en installant des caméras. Il veut fermer les camps de roms, dans l'une des rares municipalités qui ne demandait pas leur expulsion.

"Peu de gens ici ont une vraie conscience politique. Un ascenseur en panne pendant trois mois, c'est pas un problème politique. Ils veulent quelqu'un pour régler le quotidien", affirme le candidat.

Signe que l'étiquette centriste reste difficile à porter sur des terres de gauche, il se fait discret sur son adoubement par son mentor, l'UDI Jean-Christophe Lagarde, qui a ravi Drancy en 2001 et rêve de voir sa voisine Bobigny basculer dimanche.

- Guerre des SMS -

Discours plus décomplexé pour l'autre espoir de la droite, l'UMP Bruno Beschizza, qui a administré un camouflet au PS et à son homme fort dans le département, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, en surclassant ses adversaires du premier tour à Aulnay-sous-Bois.

"Il n'y a pas de déterminisme à ce que la Seine-Saint-Denis soit à gauche", soutient ce représentant de l'aile droite de l'UMP, en ballottage très favorable face au maire PS Gérard Ségura (41,3% contre 26,7% soit 3.200 voix d'avance).

"Je ne vais pas m'excuser d'être un ancien policier" ajoute ce protégé de Nicolas Sarkozy, convaincu qu'un discours "d'autorité et de générosité" peut porter aussi dans les cités de cette ville symbole de la crise depuis la fermeture de l'usine PSA.

Pour s'adresser à "l'électorat musulman, que la gauche considérait comme acquis", il a notamment utilisé un livre, "Mehdi met du rouge à lèvres", surfant sur la polémique sur la théorie du genre pour toucher des électeurs qu'il juge "attachés à transmettre les fondamentaux à leurs enfants".

A Bobigny, un petit parti, l'Union des musulmans démocrates de France, n'a pas pu constituer de liste et a rejoint celle, hétéroclite, de M. De Paoli. "L'UDI fait beaucoup de choses pour les musulmans", justifie son fondateur Azergui Najib, qui a mobilisé dans les quartiers.

Dans ce contexte, une guerre de textos et de messages injurieux sur les réseaux sociaux a prospéré dans les cités du 93.

A Aulnay, Bruno Beschizza s'est plaint d'avoir reçu un SMS mensonger l'accusant d'avoir "viré plusieurs arabes de sa liste". Une vidéo, censée mettre en scène un militant communiste de Bobigny tenant des propos anti-musulmans, a circulé, tandis qu'au Blanc-Mesnil, autre bastion communiste menacé par l'UMP, la gauche a dénoncé une lettre anonyme assénant que "les musulmans ne se reconnaissent plus dans la politique des communistes".

Prise au dépourvu et accaparée par les rivalités entre communistes et socialistes, la gauche tente de riposter.

La maire de Bobigny, qui compte sur la mobilisation des abstentionnistes (6 sur 10 au premier tour) dénonce "une droite qui avance cachée et flirte avec les idées du FN" tout en "instrumentalisant les musulmans".

A Saint-Ouen, la guerre des gauches est tout à coup oubliée. Le candidat PS Karim Bouamrane, un "bébé-Bartolone" qui partait à l'assaut de ce bastion communiste, s'est retiré pour tenter de barrer la route au divers droite William Delannoy.

Source : AFP

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