Mort de Nahel : place verrouillée, policiers et témoins comme le jour des faits, voiture identique... Comment se déroule la reconstitution ?

Publié le , mis à jour
Nicolas Drusian avec AFP

Le point sur les zones d'ombre que la reconstitution de la mort de Nahel va tenter de résoudre, ce dimanche à Nanterre.

Une reconstitution de la scène de la mort de Nahel, adolescent de 17 ans tué par un tir de policier le 27 juin 2023 à Nanterre et dont le décès avait entraîné des émeutes d'une ampleur exceptionnelle, se déroule dimanche 5 mai 2024 en présence des principaux protagonistes du dossier.

Les forces de l'ordre ont complètement verrouillé la place Nelson Mandela, où ont été acheminés des véhicules utilisés pour la reconstitution des faits, avec notamment une voiture jaune ressemblant à celle que Nahel conduisait le jour de sa mort, a constaté un journaliste de l'AFP.

En présence de leurs avocats, le policier auteur du tir, son collègue présent ce jour-là et plusieurs témoins seront confrontés à leurs déclarations, notamment pour établir si le brigadier Florian M., mis en examen pour homicide volontaire, était en danger de mort. "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", avait souligné auprès de l'AFP Me Nabil Boudi, le conseil de la mère de Nahel.

L'embrasement après la mort de Nahel

Non loin de ce carrefour plutôt passant de Nanterre, ville des Hauts-de-Seine à l'ouest de Paris, certains bâtiments portent encore les marques des nuits d'émeutes qui avaient suivi la mort du jeune homme. Ecoles, tribunaux et autres bâtiments publics attaqués, magasins pillés... Des dégâts estimés à un milliard d'euros ont été enregistrés à travers le pays, selon un rapport du Sénat.

Selon des éléments de l'enquête, après une course-poursuite, le véhicule conduit par Nahel avait été arrêté par la circulation. Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par une vidéo de la scène difusée sur les réseaux sociaux.

On y voit les deux policiers sur le côté du véhicule, braquant le conducteur de leurs armes. L'un d'eux lui tire dessus alors que le véhicule redémarre. La voiture s'était ensuite encastrée dans un bloc de béton, quelques dizaines de mètres plus loin. Les policiers présents ont maintenu qu'ils étaient en danger de mort car coincés entre la voiture et un mur. Florian M., motard de la police âgé de 38 ans au moment des faits, a été placé en détention provisoire pendant cinq mois. Il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire en novembre après plusieurs demandes de son conseil.

Après la remise en liberté du policier, Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel plusieurs centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme. "Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.

Ce que cherche à déterminer la reconstitution

Cette reconstitution va tenter de lever le doute sur plusieurs zones d'ombre, notamment les coups de crosse que Nahel aurait reçu selon les deux passagers du véhicule. "Nahel avec son bras gauche se protégeait des coups" et un policier aurait rentré la tête dans la voiture pour essayer de le frapper, ont-ils raconté aux juges d'instruction lors d'une audition en novembre 2023.

Des témoins de la scène ont également déclaré avoir vu le policier donner des coups. L'autopsie n'a relevé aucune trace sur le visage ou le crâne du jeune Nahel, mais des ecchymoses au niveau du bras gauche ont été découverts. Selon la version des policiers, aucun coup n'aurait été donné sinon sur le pare-brise.

Des doutes planent aussi sur les mots prononcés avant le tir mortel. "Shoote !", "Coupe !", "une balle dans la tête"... Dans les enregistrements examinés par l'institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, il n'a pas été possible d'identifier les propos tenus par les policiers en raison de la mauvaise qualité sonore.

La principale interrogation portera sur la mise en danger présumée des policiers, qui justifient le tir car ils se sentaient menacés. Les policiers maintiennent avoir eu peur que la voiture les écrase contre le mur juste derrière ou qu'elle emporte l'un des deux en redémarrant. 

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Les commentaires (1)
JeanEmarre Il y a 12 jours Le 06/05/2024 à 18:08

Il n'y a pas eu d'embrasements après cette reconstitution....c'est déjà pas mal..