Et si le Rodez Aveyron football s'inspirait de Luzenac ?

Officiellement promu en Ligue 2, Luzenac étonne le foot français. Le club ariégeois, croisé il y a peu en CFA ou en National, peut-il constituer une source d’inspiration pour le Raf ? Les points communs sont déjà nombreux. La preuve.

Stabilité et état d’esprit, credo N.1

Lorsque l’on décortique la réussite du Luzenac Ariège Pyrénées (Lap), impossible de passer à côté. La stabilité constituerait en effet le terreau de l’exploit de cette équipe d’un village de 650 habitants. "Très content pour ce club", le président du Raf, Pierre-Olivier Murat, ne dit d’ailleurs pas autre chose: "Ils ont su garder un groupe de joueurs sur plusieurs saisons et c’est ce que l’on veut faire,  juge-t-il. Ils ont ensuite réussi à le renforcer avec quelques arrivées."

Preuve de cette continuité, pas moins de quatre joueurs (Mignotte, aujourd’hui dans le staff, Makalou, Hergault et Akaza) de l’effectif actuel étaient déjà de la partie lors du dernier affrontement avec Rodez, le 2 avril 2011 au stade Paul-Lignon (2-0, 33e journée de National). Au cœur de cette ligne de conduite, l’état d’esprit, véritable marque de fabrique du Lap, serait une des pierres angulaires. Au Raf, c’est d’ailleurs ce qu’essaient de véhiculer les dirigeants. "Sur l’état d’esprit, les valeurs locales, on est comparable", veut ainsi croire Murat.

Pélissier-Plenecassagne, entraîneurs enracinés

Symbole suprême à la fois de l’enracinement dans un territoire et de la stabilité, Christophe Pélissier illustre à lui seul le destin luzenacois. Arrivé en 2007, le Revélois a tout vécu dans l’Ariège, de la galère du maintien à l’euphorie de l’accession. Une longévité et une connaissance du club que Pierre-Olivier Murat rapproche là encore du Raf: "Franck (Plenecassagne) a un profil semblable à Pélissier qui est l’illustration même de la stabilité". Pour cause, «Plenec», au-delà d’être né au pied de la cathédrale ruthénoise, vit cette saison sa 10e année en «sang et or», dont huit auprès des demoiselles.

Barthez-Zizou, champions du monde 1998 au chevet

Président d’honneur puis directeur général du club de Luzenac, Fabien Barthez a été l’un des grands artisans de la réussite ariégeoise. Par son expérience et sûrement ses réseaux, le «Divin chauve» a inévitablement apporté sa touche au Lap. Une touche connotée «France 98» comme celle arborée par le Raf. Car avec l’actionnariat de Zinedine Zidane, le club ruthénois dispose lui aussi d’un étendard champion du monde. Sauf qu’à la différence de l’investissement quotidien de l’ex-gardien de but de Manchester United, natif de Lavelanet-à une cinquantaine de kilomètres de Luzenac- et très présent dans la région, celui de «Zizou» est plus lointain.

Pas le plus gros budget de leur championnat mais...

"Entre Luzenac et Rodez, les choses sont différentes. Eux (Luzenac) jouent dans un stade délocalisé (Foix) et ont une réserve en DHR. Alors que nous, nous avons axé le club sur la formation." Pour Pierre-Olivier Murat, sur le point de la philosophie, la comparaison ne serait donc pas possible. En revanche, le président ruthénois voit un autre point commun: le budget ou plutôt son importance vis-à-vis de la concurrence. Le patron de l’actuel 5e club amateur français en terme de formation relativise ainsi la présence dans le club ariégeois d’un mécène. Et ce, même si le magnat de l’immobilier et président du Lap Jérôme Ducros, également connu pour être l’un des sponsors du TFC, avait sauvé le club en 2011. "Certes, pour Luzenac, cette rentrée d’un gros sponsor a été très importante. Mais ça ne fait pas tout. On le voit nous aussi." En effet, avec 2,5 M€, les Ariégeois disposaient cette saison du 10e budget de National tandis que, parmi le groupe C de CFA, le Raf et son million paraissent bien loin de Grenoble ou Cannes.

Une proximité avec Toulouse qui pèse lourd

Si une différence paraît néanmoins évidente, c’est celle liée aux passerelles entre les deux clubs et Toulouse. Et sur cet aspect, malgré une distance presque équivalente (120 km contre 150 pour Rodez) jusqu’à la Ville rose, Luzenac a clairement pris plusieurs longueurs d’avance. Entraînements à Castelmaurou, où le Lap dispose même d’un local à l’année, joueurs logés à Toulouse ou dans la banlieue, Nicolas Dieuze, glorieux ancien du TFC, dans ses rangs et même sponsor maillot que les occupants du Stadium : Luzenac joue à fond la carte toulousaine. Quitte à parfois traîner une image de club plus vraiment ariégeois. La preuve également de son succès.