Norbert Fabre : "Rodez doit arrêter d'être complexé ! "

Alors que Rodez en a fini avec sa saison samedi soir à Nevers, le club se tourne désormais vers l’avenir qu’il souhaite dans «la continuité». Tout comme dans l’ambition. À condition, bien entendu, que les finances suivent. L’objectif est donc d’augmenter le nombre de sponsors tout en développant le statut de pluri-actifs à long terme pour, pourquoi pas, accéder à la ProD2. "On n’en est pas si loin que cela", confie le président Norbert Fabre qui sera candidat à sa propre succession pour la prochaine campagne.  

La saison 2013-2014 s’est conclue samedi soir à Nevers. Quel sentiment vous laisse ce 8es de finale de Fédérale1 ?

C’est un mélange de satisfaction et de déception. Car samedi, lors du match retour (défaite 28-24), on s’est aperçu qu’on était capable de bousculer toutes les équipes prétendantes à la Pro D2. Mais comparé à ces dernières, on n’est pas encore assez régulier et nous ne disposons pas d’un effectif pléthorique. Mais il faut vraiment qu’on arrête d’être complexé ! J’espère qu’on ne le sera plus après cette saison.

Cette saison restera tout de même comme une grande réussite...

Oui car il ne faut pas oublier d’où l’on vient. Et qui aurait parié sur Rodez en phases finales cette saison? Maintenant, on sait ce qu’il nous reste à faire.

Cela insinue-t-il des objectifs davantage ambitieux pour la prochaine saison ?

Oui, il faudra jouer les premiers rôles et s’offrir un tour de phases finales face à un adversaire moins fort que Nevers. Aujourd’hui, on ne se pose plus la question de savoir si Rodez peut résister en Fédérale 1. On sait qu’on en est capable. Désormais, il faut que l’aspect économique accompagne cette nouvelle ambition

LES FINANCES

Justement, le budget pour la prochaine saison augmentera-t-il de facto ?

Pas de facto mais on va se battre pour cela. L’objectif sera d’avoir 20 à 30% de sponsors en plus que cette saison. Quant à faire 20 à30% de budget en plus, je ne sais pas.

Aujourd’hui, toutes les formations avec une grande ambition ont des budgets bien plus élevés que le vôtre. Pouvez-vous rivaliser sans une augmentation significative du budget ?

Il ne faut pas faire le parallèle entre le budget et l’ambition sportive d’une montée par exemple. Notre modèle est totalement différent de Nevers. On souhaite développer le statut pluri-actifs comme à Aurillac ou Auch. On n’a pas un joueur à plus de 3 000€ par mois alors qu’à Nevers, ils sont tous au dessus!

Le statut pluri-actifs ne freine-t-il pas la performance ?

Quand je dis pluri-actifs, je n’entends pas le gars qui bosse huit heures sur les chantiers et s’entraîne le soir. Non, ce sont des temps aménagés qui permettent au joueur d’être performant et à nous de ne pas payer un salaire mirobolant. Je le répète mais ce n’est pas budget qui fait la performance.

Monter en Pro D2 avec un budget d’1 M€ paraît tout de même utopique...

Il faudra en effet doubler, au minimum, le budget pour vivre en ProD2. Mais déjà, les droits TV de la division nous le permettrons quasiment et, en ayant une performance telle que la montée, le nombre de sponsors pourrait être doublé. Un budget d’un club sportif est lié à la performance. Aujourd’hui, si on ne s’était pas maintenu la saison passée, on ne serait jamais arrivé à remonter la pente.

Les comptes sont donc au vert ? 

Oui et c’est une obligation sinon on serait rétrogradé ! Au 31 mars, on a présenté des comptes équilibrés et ils le seront toujours au 30 juin.

Rodez est-il totalement sorti d’affaires financièrement ?

Non car il reste toujours l’épée de Damoclès avec l’attente du jugement en appel du redressement Urssaf (à hauteur de 300 000€, NDLR). On est juste passé de -900 000€ à zéro. Aujourd’hui, Rodez ne doit plus être complexé. Que ce soit sur le terrain comme en dehors.

Avez-vous provisionné de l’argent en attendant le jugement en appel de l’Urssaf ? 

Non, on n’en a pas encore la capacité.

LE RECRUTEMENT

Rodez conservera-t-il dans les grandes lignes son effectif actuel pour la prochaine saison ?

On n’a pas encore vu tout le monde. On sait que la plupart des joueurs ont envie de rester. Mais tant que rien n’est signé, on n’est pas à l’abri de surprises. À ce jour en tout cas, je n’ai enregistré aucun départ. Il faut croire que l’air de Rodez est plutôt bon (rires).

Au niveau des arrivées, si ce n’est celle de Jean-Baptiste Marty (demi de mêlée, espoir Castres), d’autres sont-elles actées ?

Pour le moment, non. Le premier recrutement était de conserver le staff en place. C’est fait. Ensuite, c’est de conserver le maximum de joueurs présents. C’est en passe d’être fait. On recrutera ensuite en fonction de cela.

Quels seront les critères recherchés pour le recrutement ?

Les priorités sont de jeunes joueurs avec un caractère dur au mal. Aujourd’hui, on sait qu’il nous faut un talonneur, un seconde ligne, un 3/4 centre et un arrière-ailier... De toutes les manières, on ne fera pas venir 40 gars. On va juste construire un groupe de 35 joueurs capables de jouer en équipe fanion.

Votre politique est donc celle de la continuité ?

Tout à fait ! Je reste persuadé que si nous avions pu conserver deux-trois joueurs de la saison dernière, on serait certainement qualifié pour les quarts de finale voire les demies. Pour réussir, il suffit juste de faire des ajustements. Tout changer, c’est perdre du temps.

LA PRÉSIDENCE

Serez-vous candidat à votre propre succession pour la saison prochaine ?

Oui et après, je lèverai le pied! Je ne suis pas éternel et une présidence doit tourner comme les coaches, les joueurs... Je m’arrangerai en tout cas pour que le passage de témoin ne soit pas un drame comme tout le temps à Rodez. Mais que personne ne s’inquiète, je ne claquerai jamais la porte.