Les taxis se mobilisent à travers l'Europe contre les VTC

  • Un taxi italien manifeste le 11 juin 2014 à Rome contre le nombre croissant de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) qui leur font concurrence
    Un taxi italien manifeste le 11 juin 2014 à Rome contre le nombre croissant de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) qui leur font concurrence AFP - Andreas Solaro
  • Un message contre les VTC sur la vitre d'une voiture lors de la manifestation des chauffeurs de taxi près de l'aéroport de Roissy, le 11 juin 2014
    Un message contre les VTC sur la vitre d'une voiture lors de la manifestation des chauffeurs de taxi près de l'aéroport de Roissy, le 11 juin 2014 AFP - Fred Dufour
  • Des chauffeurs de taxi bloquent une autoroute près de l'aéroport de Roissy, le 11 juin 2014
    Des chauffeurs de taxi bloquent une autoroute près de l'aéroport de Roissy, le 11 juin 2014 AFP - Fred Dufour
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AFP

De Londres à Rome en passant par Berlin et Paris, les taxis protestaient mercredi contre la concurrence des voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), en particulier celle faite par la société américaine Uber, qui cristallise toutes leurs craintes.

Le mouvement est parti de Grande-Bretagne où les célèbres taxis noirs, qui travaillent pourtant à côté des VTC depuis des dizaines d'années, s'inquiètent du poids croissant pris par la société californienne.

Leur inquiétude est partagée par leurs collègues d'Europe continentale. "Uber ne respecte pas de manière délibérée les réglementations en vigueur et il dispose en plus de moyens très importants" avec une valorisation de 17 milliards de dollars, résume Serge Metz, PDG de la centrale française de radio-taxi Taxi G7.

Les "black cabs" londoniens --10.000 sont attendus-- ont prévu de converger en début d'après-midi vers Trafalgar Square, dans le centre de Londres, même si la police les a sommé de se rassembler sur Whitehall et Parliament Street, des voies où se situent les principaux ministères.

A Madrid, la grève doit durer 24 heures et une manifestation est prévue en fin de matinée. "Près de 100.000 familles dépendent directement (de l'activité) du taxi dans toute l'Espagne", rappellent les organisations professionnelles (Fedetaxi, Unalt, CTE, Uniatramc) qui ont lancé cette initiative.

A Rome, les chauffeurs envisagent de faire une "grève à l'envers" en effectuant les courses au prix maximum de dix euros, afin de s'aligner sur les tarifs de la concurrence. En Allemagne, des cortèges sont prévus à Berlin et à Hambourg.

En France, les fédérations patronales sont à la pointe de la contestation. Suivant leur appel, 310 taxis se sont rassemblés à l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle avant de rejoindre Paris via l'A1 où ils menaient des opérations escargot.

A Orly, environ 200 véhicules stationnés en tête des stations de taxis bloquaient la prise en charge des clients à la mi-journée, selon une source aéroportuaire, pendant qu'un convoi a quitté l'aéroport pour aller au centre de la capitale. Deux personnes ont été interpellées pour "violences réciproques".

Une soixantaine de taxis ont voulu bloquer l’entrée de l’aéroport de Marseille-Marignane, entrainant d'importants ralentissements jusqu'à l'intervention de la police. Une vingtaine de véhicules ont manifesté devant les gares de Marseille Saint-Charles et Aix TGV, alors que les organisateurs en attendaient 200 sur chacun des trois points de rassemblement.

A Nantes, une centaine de taxis ont défilé, contre 90 à Rennes et une soixantaine à Rouen où ils ont bloqué les abords de la préfecture.

La majorité des syndicats de salariés en revanche "se désolidarise de ce mouvement et n'appelle pas à manifester", a déclaré à l'AFP Karim Asnoun de la CGT.

- Vives tensions -

L'intersyndicale avait pourtant été à l'origine d'une série d'actions menées en début d'année pour protester contre le développement des VTC.

"Nous n'appelons pas à cette grève, les centres radio (de réservation de taxis) veulent récupérer ce mouvement du 11 juin", fait valoir Nordine Dahmane, secrétaire général de FO-UNCP taxis, pour expliquer cette décision.

Un rapport commandé par le gouvernement et présenté fin avril devait permettre d'apaiser les relations entre taxis et VTC. Mais les tensions restent vives alors qu'une proposition de loi devrait être déposée la semaine prochaine.

Ce rapport "va dans la bonne direction, mais il s'est arrêté en chemin", juge Yann Ricordel, directeur général de la radio-taxi Les taxis bleus.

Pour lui, il faut veiller à "établir un niveau de charges équivalent entre les taxis et les VTC" et régler la question du stationnement des VTC sur la voie publique dans l'attente de clients.

Prendre des clients à la volée relève en effet du privilège des taxis, qui disposent pour cela d'une licence, quand les VTC ne peuvent travailler que sur réservation.

- L'incompréhension des VTC -

Yann Ricordel s'inquiète aussi de la volonté de permettre la géolocalisation en temps réel des taxis. Pour l'auteur du rapport, le député Thomas Thévenoud, il s'agit de permettre aux clients de trouver le taxi disponible le plus proche via son smartphone. Mais les centrales de taxis voient cette mesure comme une menace.

Les VTC de leur côté s'agacent d'une nouvelle grève des taxis. Le PDG de la société Allocab Yanis Kiansky parle d'une grève des "enfants gâtés du transport parisien urbain". Pour Dave Ashton, co-fondateur de Snapcar, elle est d'autant plus incompréhensible au niveau français que "le rapport Thévenoud est favorable aux taxis".

Uber de son côté en profite pour se faire de la publicité, en offrant des réductions sur les courses partagées à Paris et à Lyon. La société californienne est par ailleurs dans le collimateur de la répression des fraudes pour son service de covoiturage à but lucratif.

Source : AFP

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