La Bosnie commémore dans la division l'attentat de Sarajevo

Abonnés
  • Vue prise le 14 janvier 2014 d'un pont de Sarajevo, près duquel le destin de l'Europe a basculé, le 28 juin 1914, avec l'assassinat de l'archiduc d'Autriche François Ferdinand par le jeune nationaliste serbe bosniaque Gavrilo Princip
    Vue prise le 14 janvier 2014 d'un pont de Sarajevo, près duquel le destin de l'Europe a basculé, le 28 juin 1914, avec l'assassinat de l'archiduc d'Autriche François Ferdinand par le jeune nationaliste serbe bosniaque Gavrilo Princip AFP/Archives - Elvis Barukcic
  • Un homme passe le 28 juin 2014 à Visegrad à côté d'une mosaïque représentant Gavrilo Princip, l'assassin de l'archiduc héritier d'Autriche François-Ferdinand
    Un homme passe le 28 juin 2014 à Visegrad à côté d'une mosaïque représentant Gavrilo Princip, l'assassin de l'archiduc héritier d'Autriche François-Ferdinand AFP - Andrej Isakovic
  • Image d'archives montrant Franz Ferdinand d'Autriche (4eG) héritier du trône austro-hongrois et sa femme quittant la mairie de Sarajevo juste avant d'être abattu, le 28 juin 1914, assassinat qui a déclenché le conflit de la Première guerre mondiale
    Image d'archives montrant Franz Ferdinand d'Autriche (4eG) héritier du trône austro-hongrois et sa femme quittant la mairie de Sarajevo juste avant d'être abattu, le 28 juin 1914, assassinat qui a déclenché le conflit de la Première guerre mondiale AFP/Archives - -
  • Carte et chronologie des événements de 1914 depuis l'assassinat de l'archiduc François-Joseph à Sarajevo, constituant le début de la Grande guerre
    Carte et chronologie des événements de 1914 depuis l'assassinat de l'archiduc François-Joseph à Sarajevo, constituant le début de la Grande guerre AFP - P. Dere/D. Mayer
  • Des touristes posent le 27 juin 2014 à Sarajevo dans une réplique d'une voiture Graf et Stift garée à l'endroit où furent assassinés l'archiduc d'Autriche François Ferdinand et sa femme le 28 juin 1914
    Des touristes posent le 27 juin 2014 à Sarajevo dans une réplique d'une voiture Graf et Stift garée à l'endroit où furent assassinés l'archiduc d'Autriche François Ferdinand et sa femme le 28 juin 1914 AFP - Elvis Barukcic
Publié le
Centre Presse Aveyron

La Bosnie comméme samedi dans la division l'attentat de Sarajevo qui a fait basculer l'Europe il y a 100 ans dans la Première guerre mondiale, Serbes et musulmans ayant des perceptions différentes de l'auteur de l'assassinat de l'archiduc héritier d'Autriche François-Ferdinand, le Serbe de Bosnie Gavrilo Princip.

A Sarajevo, le centenaire du 28 juin 1914 sera marqué par un concert dans la soirée de l'orchestre philharmonique de Vienne, alors capitale de l'empire austro-hongrois, que le jeune nationaliste Gavrilo Princip avait frappé en assassinant François-Ferdinand et son épouse Sophie.

Ce sera le point d'orgue d'une série de manifestations culturelles et sportives financées par l'Union européenne, mais dont les dirigeants seront les grands absents.

Les dirigeants serbes de Bosnie et de Serbie se retrouvent à Visegrad, en Bosnie orientale, où ils rendent hommage à Gavrilo Princip qu'ils considèrent comme un "héros".

Dès l'annonce, il y a plus de deux ans, des commémorations européennes à Sarajevo, une ville majoritairement musulmane, les Serbes avaient refusé de s'associer à ces cérémonies, dénonçant une approche "révisionniste" de l'histoire qui qualifie Princip de "terroriste" et fait, selon eux, porter indûment sur les Serbes la responsabilité de la guerre.

- Des centaines de personnes dans la cité de Kusturica -

Samedi matin, des centaines de personnes convergeaient vers Andricgrad, la cité néo-médiévale que le cinéaste serbe Emir Kusturica, maître des cérémonies pour l'occasion, a fait édifier au cœur de Visegrad, au cours des trois dernières années et qui a été baptisée du nom du Nobel de littérature, le Yougoslave Ivo Andric.

"Nous sommes venus rendre hommage à une figure capitale de l'histoire du siècle dernier Gavrilo Princip. Les divisions sont regrettables, mais il est tout aussi regrettable de tenter de modifier les faits, surtout si cela est motivé par l'histoire récente", a dit Ljubisa Simonovic, 58 ans, venu de Serbie assister aux festivités parrainées par le président de l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik.

La "rue" principale d'Andricgrad baptisée Mlada Bosna (Jeune Bosnie) du nom de l'organisation qui a fomenté l'attentat contre François-Ferdinand est une cité regroupant des bâtiments en pierres de styles différents reflétant l'esprit des Balkans.

Elle est dominée par une grande mosaïque représentant en taille réelle les participants, Gavrilo Princip en tête, à l'attentat de Sarajevo et frappée de l'inscription : "Nos âmes vont errer dans vos châteaux et vous hanter".

- Falsification de l'Histoire -

"Ma motivation personnelle (pour organiser ces cérémonies) est de s'opposer à des tentatives venant d'Europe occidentale qui, en falsifiant l'histoire, veulent présenter le meurtre d'un tyran comme un acte terroriste", avait déclaré Kusturica récemment.

Joseph Zimet, directeur de la Mission du centenaire française chargée des commémorations, regrette l'absence des dirigeants serbes à Sarajevo.

"Le projet qui se déroule à Sarajevo n'est pas une mise en cause ni de la Serbie, ni de la Republika Srpska. Ce n'est pas non plus un référendum sur Gavrilo Princip", a-t-il assuré.

A Sarajevo, où le souvenir de Gavrilo Princip est associé aux forces serbes ayant assiégé la capitale bosnienne pendant la guerre intercommunautaire, qui a fait près de 100.000 morts entre 1992 et 1995, les gens sont surtout indifférents à l'égard des cérémonies.

"Un événement qui s'est produit il y a un siècle ne provoque en moi aucune émotion. Les disputes insensées pour dire qu'il s'agit d'un terroriste ou d'un héros me dégoutent. Pourvu que ça passe", déclare Nermina Pobric, 36 ans, femme au foyer.

Pour Mme Gospa Petrovic, 68 ans, de Sarajevo-Est, la partie serbe de Sarajevo, "Gavrilo Princip est un héros du peuple serbe". "Tant que nous existons, on se souviendra de celui qui a donné sa vie pour son peuple. Il n'y a pas de martyr plus grand que lui".

Il y a 100 ans, cinq semaines après l'attentat, entraînées par leurs rivalités, leurs peurs, leurs alliances et l'aveuglement de leurs dirigeants, les grandes puissances européennes sont entrées en guerre.

Ce conflit laissera l'Europe exsangue: 10 millions de morts et 20 millions de blessés parmi les combattants, et des millions de civils tués.

Source : AFP

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?