Pierre Poujol amène son flot passionnel et son lot de fascination pour sa vallée

«Ce n’est pas le sang qui coule dans mes veines mais l’eau du Lot». Reprenant cette phrase de Christian Bernad, autre passionné du Lot et instigateur de son renouveau dans les années 70, Pierre Poujol vit pour sa rivière. D’ailleurs, le choix de sa maison à Livinhac s’est fait en conséquence: avec vue sur le Lot. Auteur d’une dizaine d’ouvrages sur le sujet, il se lance donc dans le projet d’une revue (deux numéros par an plus un numéro spécial pour commencer) dont la présentation officielle aura lieu au printemps prochain à l’office de tourisme de Decazeville. L’histoire du jazz autour de Panassié, les templiers de la vallée du Lot, un portrait du peintre d’Entraygues Léon Weisberg, le dernier combat de César dans le Quercy sont quelques-uns des sujets qui seront abordés pour ce premier numéro. «Le but est de magnifier la belle vallée, sa culture et ses individus. J’aime me retrouver dans cette fierté commune et sereine», dit-il. Pierre Poujol se jette à l’eau dans cette nouvelle aventure passionnelle pour les beaux yeux de sa rivière.

Redonner goût à la rivière Lot

Un regard lucide qu’il veut changer dans celui ressenti par les gens du pays comme une désaffection. Sortir de la banalité, montrer que la beauté est là, parfois méconnue, souvent oubliée emportée par le flot du quotidien. Lui, Pierre Poujol, espère susciter à nouveau la curiosité pour la vallée. Pour cela, il se souvient. Quand son père mineur l’amenait sur le Lot sur sa barque qu’il avait lui-même fabriqué. C’était le lieu de retrouvailles et d’oxygène des mineurs avec couverture et casse-croûte pour se balader sur la rivière. Ce temps est révolu mais Pierre Poujol ne désespère d’un renouveau. À l’image du bateau l’Olt qui navigue sur cette rivière qui en a accueilli plus de 700 dans le temps avec leurs tonnes de marchandises. «L’attrait pour cette rivière revient. Les gens ont besoin d’un retour à l’authentique et qu’est-ce qu’il y a de plus authentique qu’une rivière qui coule depuis des siècles et des siècles?» Avec des sujets plus ramassés et dynamiques proposés dans une revue plutôt que dans un ouvrage fastidieux, il compte bien redonner goût au Lot. Toucher un public plus large. Lui qui est tombé dedans, ne peut pas vivre sans le voir. Alors, faisant œuvre de transmission à 71 ans, il le fait lire pour donner à d’autres l’envie de s’immerger à leur tour. De se réapproprier leur passé comme de s’imaginer une espérance en son avenir. Avec plein de bateaux naviguant à nouveau et des gens à l’intérieur heureux comme des poissons dans l’eau.