Les médecins face à la généralisation du tiers payant

  • Pour certains syndicats, le risque serait de «transformer la carte Vitale en carte
de paiement, c’est déresponsabiliser le patient et banaliser l’acte médical».
Date du fichier: 01/02/2011
    Pour certains syndicats, le risque serait de «transformer la carte Vitale en carte de paiement, c’est déresponsabiliser le patient et banaliser l’acte médical». Date du fichier: 01/02/2011 CP
Publié le
Centre Presse Aveyron

Santé. La ministre de tutelle Marisol Touraine a confirmé la généralisation du tiers payant à l’horizon 2017. Une mesure qui, en Aveyron, semble plutôt bien accueillie, mais à condition que soit d’abord éclaircie la relation avec les complémentaires.

En ces temps où les moyens de paiement basés sur l’immatériel s’imposent en tant de domaines, et alors même que la carte vitale permet déjà d’éviter l’avance des frais auprès de nombre de professions médicales, difficile de comprendre qu’il soit encore nécessaire de sortir de son portefeuille 23 euros ou de faire un chèque quand il s’agit de régler la consultation chez son médecin généraliste.

Aussi la mesure consistant à généraliser le tiers payant sur l’ensemble du secteur médical, à commencer par sa consultation chez un généraliste, a été plutôt bien accueillie quand la ministre de la santé est venue la confirmer, en donnant la date butoir du 31 décembre 2015. Certes, certains syndicats implantés dans les professions de la médecine libérale ont dit leur opposition, sur le principe, en déclarant que "transformer la carte Vitale en carte de paiement, c’est déresponsabiliser le patient et banaliser l’acte médical".

Dans le flou des 400 complémentaires

Mais d’autres syndicats par contre, à l’instar de MG France, majoritaire chez les généralistes, a dit son approbation, en arguant du fait que le tiers payant est déjà pratiqué dans tout le secteur libéral par toute une série de professionnels de la santé sans que cela n’entraîne le moindre début de dérive ou abus. C’est bien d’ailleurs sur cette ligne que se situe clairement Jean Pechdo, le secrétaire départemental de ce même syndicat en Aveyron. Il accompagne néanmoins cet accord de principe d’une réserve de taille: "Ce ne doit pas être aux médecins de palier aux défaillances éventuelles de la part de remboursement dévolu aux mutuelles complémentaires", insiste-t-il. Or cet aspect technique semble effectivement poser problème, en Aveyron comme partout ailleurs en France.

Faille dans le système

On sait que pour ce qui est de la part remboursée par la caisse primaire, tout se passe sans encombre. Mais il n’en est pas de même avec les mutuelles, au nombre de 400 en France, et qui fonctionnent toutes avec des protocoles qui leur sont propres. De même que la faille existe dans le cas où le patient «omettrait» de signaler à son généraliste qu’il a changé de mutuelle, ou qu’il n’en a plus… C’est aussi cette difficulté que pointe le président départemental de l’Ordre des Médecins, Didier De La Brusse: "il y a autant de protocoles qu’il y a de mutuelles", relève-t-il.

La solution, à ses yeux, consisterait donc à charger la caisse primaire de recouvrer les sommes non remboursées à la suite d’une défaillance de la mutuelle complémentaire. Un avis que partage entièrement Jean Pechdo. Pendant que le président du Conseil de l’Ordre rappelle que le tiers payant s’applique déjà sans que cela ne pose la moindre difficulté aux généralistes dès qu’ils reçoivent des patients couverts à 100% par la sécurité sociale.

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?