Petites retraites: la revalorisation promise n'aura pas lieu

  • Les pensions inférieures à 1.200 euros ne seront pas revalorisées au 1er octobre en raison de la "très faible inflation".
    Les pensions inférieures à 1.200 euros ne seront pas revalorisées au 1er octobre en raison de la "très faible inflation". AFP/Archives - Valery Hache
  • La ministre de la Santé Marisol Touraine à l'Assemblée nationale le 9 septembre 2014
    La ministre de la Santé Marisol Touraine à l'Assemblée nationale le 9 septembre 2014 AFP/Archives - Joel Saget
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Centre Presse Aveyron

Les retraités les plus modestes, qui devaient voir leurs pensions augmenter au 1er octobre, seront logés à la même enseigne que les autres: à cause de la faible inflation, elles ne seront finalement pas revalorisées.

Les petites pensions inférieures à 1.200 euros, que le gouvernement avait épargnées de la mesure de gel décidé au printemps dernier, ne seront pas revalorisées dans trois semaines, du fait de la "très faible inflation" finalement prévue pour 2014, a annoncé vendredi le ministère de la Santé à l'AFP.

Le gouvernement s'attendait initialement à une inflation de 1,1% cette année, ce qui aurait représenté une hausse moyenne d'environ 5 euros par mois pour les petites pensions.

Le ministre des Finances, Michel Sapin, vient de revoir la prévision d'inflation à 0,5% en 2014.

En raison de l'application mécanique des règles de calcul (qui tiennent compte notamment de la revalorisation et de l'inflation appliquées en 2013), ces retraités n'auront donc pas un euro de plus dans leur porte-monnaie.

Les pensions des retraités au minimum vieillesse (572.000 allocataires environ fin 2011) bénéficieront en revanche, "comme le gouvernement s’y était engagé, d’un coup de pouce en octobre", a précisé le ministère sans toutefois communiquer le montant de cette revalorisation.

"Concrètement, ces retraites augmenteront", a tenu à souligner la ministre, Marisol Touraine, citée dans un communiqué.

Dans le cadre du plan de 50 milliards d'économies d'ici à 2017, présenté en avril, le gouvernement avait décidé le gel des retraites jusqu'en octobre 2015, qui devait générer 1,3 milliard d'économies.

Sous la pression de députés de la majorité, le gouvernement s'était engagé à épargner les retraités modestes de la mesure de gel.

- "Cinq euros, ce n'était pas rien" -

Au final, ce sont bien les quelque 15 millions de retraités français qui ne verront pas leur pension augmenter.

Dans les faits, cela revient à un gel de 18 mois puisque la date de revalorisation annuelle des retraites avait déjà été décalée cette année d'avril à octobre à l'occasion de la réforme des retraites.

"Cinq euros de plus par mois, pour les plus défavorisés, ce n'était pas rien !" s'est insurgé Annie Petit, la secrétaire nationale de l'Union nationale des retraités et personnes âgées (UNRPA), soulignant que 2 millions de retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté (987 euros par mois en 2012).

"On ne peut pas relancer l'économie sans redonner du pouvoir d'achat aux gens", a-t-elle poursuivi. Or, "de nombreux Français ne peuvent déjà faire face à des majorations d'impôt conséquentes", a-t-elle pointé auprès de l'AFP.

La stabilisation des retraites les plus modestes facilite en quelque sorte la tâche du gouvernement. La revalorisation partielle des pensions modestes représentait en effet un véritable casse-tête pour l'administration.

Une revalorisation des seules retraites inférieures à 1.200 euros s'annonçait très complexe, avait d'ailleurs prévenu le président de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), Gérard Rivière.

C'était une "usine à gaz", a confirmé à l'AFP Philippe Pihet, secrétaire confédéral FO, en charge des retraites. "Cela paraissait quelque peu irréaliste", selon lui.

Néanmoins, "le gouvernement aurait pu revaloriser les pensions quand l'inflation était plus importante, il a eu un an et demi pour le faire", a-t-il estimé, soulignant que la prochaine hausse n'interviendrait pas avant octobre 2015.

"Dans l'absolu, cinq euros par mois est une somme très faible", a-t-il reconnu. "Malheureusement, pour bon nombre de retraités, ce n'est pas négligeable. Certains comptent dessus pour boucler leur fin de mois", a souligné Philippe Pihet.

La CFDT a aussi "désapprouvé" la non-revalorisation des petites retraites, et réclamé "un geste significatif en direction des retraités les plus modestes". La confédération et l'Union confédérale des retraités CFDT ont réclamé que l'augmentation du "minimum vieillesse", actuellement fixé à 792 euros pour une personne seule, "ne soit ni dérisoire, ni symbolique", tout en appelant le gouvernement à élargir le nombre des bénéficiaires.

Source : AFP

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