Hong Kong sous tension après des violences contre les manifestants

  • Des manifestants prodémocratie le 4 octobre 2014 à Hong Kong
    Des manifestants prodémocratie le 4 octobre 2014 à Hong Kong AFP - Philippe Lopez
  • Des contre-manifestants  déferlent le 3 octobre 2014 dans le quartier Kowloon à Hong Kong
    Des contre-manifestants déferlent le 3 octobre 2014 dans le quartier Kowloon à Hong Kong AFP - Anthony Wallace
  • Des manifestants face à des policiers le 4 octobre 2014 à Hong Kong
    Des manifestants face à des policiers le 4 octobre 2014 à Hong Kong AFP - Xaume Olleros
  • Biographies des principaux leaders du mouvement pro-démocratie à Hong Kong
    Biographies des principaux leaders du mouvement pro-démocratie à Hong Kong AFP - -, A.Leung/J.Saeki/G.Roma
  • Le chef de l'exécutif Leung Chun-Ying (d), lors d'une conférence de presse, le 2 octobre 2014 à Hong Kong
    Le chef de l'exécutif Leung Chun-Ying (d), lors d'une conférence de presse, le 2 octobre 2014 à Hong Kong AFP - Anthony Wallace
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Centre Presse Aveyron

Hong Kong restait sous tension samedi dans la crainte d'une escalade violente après les heurts de la veille entre manifestants prodémocratie et des habitants excédés auxquels se sont mêlés militants pro-Pékin et hommes de main de la mafia chinoise.

La police a annoncé samedi l'arrestation de 19 personnes après ces affrontements qui ont fait une dizaine de blessés et conduit les leaders étudiants des manifestations à rompre le dialogue avec le gouvernement.

Huit individus suspectés de liens avec les triades, la mafia chinoise, figurent parmi les personnes interpellées.

Amnesty International a condamné la passivité des forces de police les accusant "d'avoir regardé faire" alors que les manifestants, souvent jeunes et désarmés, subissaient les assauts d'une foule hostile et des expéditions foudroyantes menées par des hommes masqués soupçonnés d'être rémunérés pour casser le mouvement.

La police a nié au cours d'une conférence de presse avoir agi de concert avec les triades, des groupes mafieux qui sévissent traditionnellement dans le trafic de stupéfiants, la prostitution, les tripots et l'extorsion mais qui, à Hong Kong, investissent de plus en plus dans l'immobilier ou la finance.

A Mong Kok, quartier commerçant et très densément peuplé de Kowloon, face à l'île de Hong Kong, les contre-manifestants ont déferlé pour arracher tentes et barricades sans que les forces de police dépassées ne puissent intervenir.

- Batailles rangées -

Pendant une bonne partie de la nuit, les deux camps ont échangé coups et insultes dans de spectaculaires batailles rangées diffusées en continu par les chaînes de télévision locales. Plusieurs personnes, le visage ensanglanté, ont été prises en charge par les secours. Au total, ces violences ont fait au moins 12 blessés, dont six policiers, selon les autorités.

Par ailleurs, des témoignages concordants ont fait état d'agressions sexuelles en plusieurs endroits de la ville, d'ordinaire considérée comme l'une des plus sûres du monde. Trois jeunes filles ont été évacuées par la police après un tel incident. Des journalistes ont également rapporté avoir subi des attouchements dans la cohue.

Dans une allocution télévisée, le chef de l'exécutif hongkongais Leung Chun-ying, que les manifestants accusent d'être une marionnette de Pékin et dont ils réclament vainement la démission, a lancé un appel au calme à "tous les citoyens".

Hong Kong, ancienne colonie britannique, traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

Le mouvement prodémocratie réclame l'instauration d'un suffrage universel plein et entier ainsi que la démission du chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, qu'il considère comme la marionnette de Pékin.

La Chine a accepté le principe du vote libre lors de la prochaine élection de l'exécutif en 2017 tout en conservant le contrôle des candidatures, une proposition inacceptable pour les manifestants.

Les étudiants, fer de lance du mouvement, avaient donné à Leung Chun-ying jusqu'à jeudi minuit pour démissionner. Peu avant l'expiration de l'ultimatum, celui-ci a refusé sans surprise, proposant néanmoins l'ouverture d'un dialogue.

La Fédération des étudiants de Hong Kong (HKFS) avait accepté cette main tendue mais elle a annoncé vendredi soir y renoncer en raison des violences.

- Spectre d'une intervention militaire -

"Il n'y a pas d'autre option que d'annuler les pourparlers (...). Le gouvernement et la police ont fermé les yeux aujourd'hui (vendredi) lorsque les triades ont violemment attaqué les manifestants pacifiques", a justifié la fédération.

Les manifestants occupent depuis une semaine plusieurs sites stratégiques dans les quartiers administratifs, financiers et commerçants de Hong Kong. Ils bloquent également des routes et de grandes artères vitales pour la circulation dans cette ville effervescente de 7 millions d'habitants. L'activité économique et le transport sont fortement affectés, de nombreuses écoles sont fermées, les boutiques sont par endroit désertées.

Beaucoup pensent que les manifestants n'obtiendront aucune concession de Pékin et qu'ils doivent mettre un terme à leur mouvement. Pour le ministre des Finances, John Tsang, les perturbations menacent de "nuire de manière permanente à la confiance du marché" dans Hong Kong, l'une des toutes premières places financières du monde.

Pékin a d'ailleurs réaffirmé samedi soutenir la fermeté de la police de Hong Kong et son usage controversé de gaz lacrymogènes contre les manifestants prodémocratie, et a averti que toute idée d'importer "une révolution colorée" en Chine continentale tenait du "fantasme".

Un groupe de contre-manifestants s'est rassemblé samedi matin aux abords du quartier général de la police pour soutenir les agents, sur le terrain parfois depuis 24 heures. "Si ça continue, (la police) de Hong Kong ne pourra plus gérer la situation", a déclaré l'un d'eux à l'AFP en évoquant l'hypothèse d'une intervention de l'armée chinoise. "Nous ne le souhaitons pas", a-t-il cependant ajouté.

Source : AFP

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